1Parler de web territorial a-t-il un sens, alors que les informations qui circulent sur les rĂ©seaux ignorent les frontiĂšres ? LâadĂ©quation supposĂ©e entre un territoire, un Ătat et une nation, une institution et une culture est peut-ĂȘtre abusive mais elle ne tient plus lorsquâon veut traiter du web et identifier la sphĂšre dâinfluence dâune de ces entitĂ©s. Nous procĂ©derons Ă trois dĂ©centrements successifs, institutionnel, mĂ©diologique et monadologique pour discuter cette adĂ©quation qui est en fait constamment travaillĂ©e, reprise et rĂ©inventĂ©e Anderson, 2002, Thiesse, 1999 selon les supports mĂ©diatiques mobilisĂ©s. Sommes-nous capables de suspendre un instant les certitudes ou les Ă©vidences sur ces entitĂ©s, institution ou culture, pour analyser ce qui les fait tenir, en observant ce qui les compose sur le web ? 2Entre 2006 et 2009, nous avons observĂ©, dĂ©crit et analysĂ© un web dit territorial » Ă une Ă©chelle rĂ©gionale, autrement dit une partie du web en lien avec un territoire, et oĂč ces adĂ©quations restent prĂ©cisĂ©ment Ă questionner. Nous avons traitĂ© manuellement 591 sites web qui ont dâune façon ou dâune autre un lien avec ce territoire, la Bretagne. La mĂ©thode que nous avons mise en place pour constituer ce corpus de web territorial » se compose de 6 Ă©tapes. Lâanalyse sĂ©miotique de 15 sites web est lâune de ces Ă©tapes et a permis de dĂ©montrer la prĂ©sence dâun lien entre ce territoire et le web Ă partir de 5 mĂ©diations dont la carte Le BĂ©chec, 2012. 3GrĂące Ă cette approche, nous pouvons prĂ©ciser la façon dont se compose une Ă©chelle territoriale rĂ©gionale sur le web, en Ă©tant attentif Ă toutes les mĂ©diations qui la font tenir. Par mĂ©diations, nous entendons tout autant des supports mĂ©diatiques, et nous serons alors proches dâune mĂ©diologie, que des entitĂ©s Ă©lĂ©mentaires nous restons dĂ©libĂ©rĂ©ment vague sur leur statut pour lâinstant qui peuplent cette Ă©chelle, et nous serons alors proches dâune monadologie. 4PrĂ©cĂ©demment, Rokkan et Lipset 2008 ont montrĂ© quâune nation ne peut se dĂ©finir par autorĂ©fĂ©rence mais doit assembler des attributs que ces auteurs ont dĂ©finis en autant de clivages » quâils jugent pertinents. Leur dĂ©marche sera reprise ici pour rendre compte des Ă©lĂ©ments les plus fins qui, par leur circulation, entendue ici comme leur rĂ©pĂ©tition sur un corpus de sites web, peuvent constituer une Ă©chelle moins Ă©vidente que celle quâils ont Ă©tudiĂ©e. Le web constitue une mise Ă lâĂ©preuve radicale des Ă©chelles existantes et introduit une incertitude importante tant pour les sciences sociales que pour les dĂ©cideurs. Selon notre analyse, le web, ce rĂ©seau de communication mondial, ne produit pas une Ă©chelle globale » et il ne reproduit pas non plus le territoire politiquement dĂ©fini autour dâun Ătat. Nous souhaitons montrer que le web territorial est supportĂ© par des liens créés par des attributs bien prĂ©cis qui ont des capacitĂ©s de circulation particuliĂšres et qui font tenir des collectifs Ă gĂ©omĂ©trie variable. LâĂ©mergence du web, et plus particuliĂšrement du web dit » permet aux internautes de contribuer, dâĂ©crire et de publier User-Generated Content sans impĂ©ratifs professionnels ou politiques sur le read and write web. Ces pratiques bouleversent les mĂ©diations comme supports et comme Ă©lĂ©ments culturels partagĂ©s. Nous prendrons appui sur des recherches concernant le rĂŽle de la presse dans la naissance, la dĂ©finition et la maintenance dâune Ă©chelle territoriale, dĂ©jĂ ancienne, la nation Anderson, 2002 ; Tarde, 1897 ; Lippman, 2008. Dans le cas du web, nous Ă©tudions plus prĂ©cisĂ©ment le rĂŽle des signes visuels prĂ©sents sur les sites web, soit 227 signes, analysĂ©s de façon systĂ©matique, quantitativement et sĂ©miotiquement, selon une Ă©chelle en 5 degrĂ©s de lâattachement territorial de ces signes Le BĂ©chec, 2010. Trois dĂ©centrements nĂ©cessaires institutionnel, mĂ©diologique et monadologique Un dĂ©centrement institutionnel 5Rokkan et Lipset ont dĂ©fini des attributs religion, langue, ethnicitĂ© qui constituent des clivages producteurs de diffĂ©rences entre les nations. Ces attributs sâimposent aux nations qui ne peuvent se maintenir quâĂ la condition de les rĂ©duire et de bloquer leurs capacitĂ©s Ă©volutives pour crĂ©er une stase nationale, permettant aux institutions de perdurer. Seuls les clivages peuvent expliquer et structurer des particularitĂ©s propres Ă une nation. Selon nous, ils doivent plutĂŽt initier une dĂ©marche plus Ă©tendue pour dĂ©composer la supposĂ©e Ă©vidence de la nation, de lâĂtat-nation et souligner toutes les mĂ©diations qui les composent au-delĂ des clivages dits explicatifs ». Ces Ă©chelles rĂ©gion, nation, Europe ne sont, comme les autres, que des assemblages idiosyncrasiques dâattributs, dont les clivages dĂ©finis par Rokkan et Lipset constituent les plus visibles. Câest pourquoi leur mĂ©thode, une fois prolongĂ©e, permet de repeupler toutes les Ă©chelles territoriales dâattributs oubliĂ©s, non clivants a priori mais qui jouent pourtant, selon nous, un rĂŽle de mĂ©diation essentiel pour faire tenir les institutions. Nous retenons la vertu pluraliste de la mĂ©thode des clivages tout en passant dâun pluralisme des causalitĂ©s Ă un pluralisme des attributs. Câest en cela que nous effectuons un dĂ©centrement institutionnel, en ne restant pas fixĂ© sur ces institutions ni sur les clivages qui les ont constituĂ©es. Outre les mĂ©diations institutionnelles classiques que sont lâadhĂ©sion Ă un parti dans un systĂšme de partis et le vote, nous devons ĂȘtre capable de prendre en compte des attributs qui composent ces partis et ces votes, afin dâĂ©viter tout agrĂ©gat trop rapide, toute Ă©vidence supposĂ©e de ces entitĂ©s elles-mĂȘmes. Des travaux de sociologie politique historique ont dâailleurs dĂ©crit ces mĂ©diations et sâapparentent Ă la mĂ©diologie qui nous inspire ici. Une mĂ©diologie de la nation 6Anderson a ainsi montrĂ© que la nation et la construction des Ătats-nations supposent ce quâil nomme une communautĂ© imaginĂ©e ». Elle est imaginĂ©e parce que mĂȘme les membres de la plus petite des nations ne connaĂźtront jamais la plupart de leurs concitoyens [...] bien que dans lâesprit de chacun vive lâimage de leur communion » Anderson, 2002, 19. 7Anderson produit une mĂ©diologie des Ă©chelles lorsquâil prend pour exemple le rĂŽle de lâimprimĂ© comme systĂšme de communication translocal. Selon lâauteur, le capitalisme a produit un autre mode de reprĂ©sentation du territoire la carte imprimĂ©e. [...] Elle permit de reprĂ©senter les nouvelles terres-nourrices sur la minuscule surface plane des timbres, des cartes postales, des manuels scolaires ou des affiches politiques » Anderson, 2002, 10. 8Cet exemple montre la vertu heuristique de lâadoption dâun grain dâanalyse plus fin sur le plan empirique. Outre la constitution historique et souvent guerriĂšre du territoire, il faut que lâexistence des nouvelles frontiĂšres de la Nation soit mise en scĂšne, reproduite, diffusĂ©e sous des formats cognitifs aisĂ©ment Ă©changeables. Une Nation portative » pour paraphraser Debray 1991 lorsquâil dĂ©crit la qualitĂ© essentielle de la Bible comme Dieu portatif ». Un dĂ©centrement monadologique 9Chaque support, dont les cartes sur les murs des Ă©coles par exemple, contribue ainsi Ă faire tenir un peu plus une Ă©chelle territoriale comme Ă©vidente dans lâesprit de la communautĂ©. Il est alors possible de suivre la circulation de ces supports, voire mĂȘme de la mesurer, et dâen estimer le pouvoir de captation des esprits Ă travers lâextension de leur adoption dans le temps et dans lâespace. DĂšs lors, pour reprendre les clivages, tels que les partis, il serait nĂ©cessaire de les dĂ©composer en entitĂ©s Ă©lĂ©mentaires pour vĂ©rifier comment se sont effectuĂ©es leur agrĂ©gation et leur propagation, pour rendre compte de leur traduction incessante favorisant leur circulation et la façon dont les institutions ont su ou non bloquer leur transformation et leur prolifĂ©ration Ă leur profit pour se constituer. Nos travaux dâanalyse dâun web territorial mobilisent les mĂȘmes principes et initient une nouvelle approche car le numĂ©rique en rĂ©seau permet de suivre Ă la trace chaque entitĂ© circulante. 10Les travaux de Thiesse centrĂ©s sur les entitĂ©s constitutives dâune nation nous ont ainsi inspirĂ©s. Chez elle, la nation est entendue beaucoup plus comme communautĂ© ou systĂšme de rĂ©fĂ©rences partagĂ©es, que comme institution, ce qui opĂšre un troisiĂšme dĂ©centrement pour analyser les Ă©chelles. Au XVIIIe siĂšcle, les modes dâĂ©laboration des identitĂ©s nationales furent trĂšs divers. Lâauteur dĂ©taille les Ă©lĂ©ments constitutifs des identitĂ©s collectives toujours actifs en 2012 une histoire [...], une sĂ©rie de hĂ©ros [...], une langue, des monuments culturels, un folklore, des hauts lieux et un paysage typique, une mentalitĂ© particuliĂšre, des reprĂ©sentations officielles â hymne et drapeau â et des identifications pittoresques [...] » Thiesse, 1999, 14. 11Le dĂ©centrement depuis les institutions qui dĂ©finissent les Ă©chelles territoriales vers les communautĂ©s politiques mobilise immĂ©diatement des entitĂ©s qui attirent des publics, qui font circuler des dĂ©sirs, des imaginations, qui sont tout aussi puissants et dĂ©cisifs pour faire tenir une Ă©chelle territoriale. Cette description nous permet dâeffectuer notre troisiĂšme dĂ©centrement, plus monadologique Tarde, 1893, consistant Ă traquer tout Ă©lĂ©ment, mĂȘme petit, pour sa puissance de circulation. Notre pari mĂ©thodologique est donc le suivant pas de fixation sur les institutions a priori, ni sur les mĂ©dias a priori, mais une attention portĂ©e sur chacune des mĂ©diations Ă©lĂ©mentaires, sur les attributs qui les constituent, qui peuvent circuler et qui en sâagrĂ©geant permettent de dire comment une Ă©chelle territoriale tient sur le web. Les supports de la nation de la presse au web 12Lâhistoire de la constitution des nations, Ă la fois comme Ătats et comme communautĂ©s, nous permet de vĂ©rifier les Ă©lĂ©ments qui les font tenir et notamment le rĂŽle des mĂ©dias. Reprenons quelques Ă©lĂ©ments de cette histoire pour voir ensuite comment le web et les mĂ©diations qui y circulent peuvent dĂ©passer ces Ă©chelles territoriales. 13La presse est considĂ©rĂ©e par Anderson comme une des deux formes dâimaginaires », liĂ©es Ă la naissance de la nation au XVIIIe siĂšcle qui fournirent les moyens techniques de re-prĂ©senterâ le genre de communautĂ© imaginĂ©e quâest la nation » Anderson, 2002, 37. 14La presse fait exister la nation en produisant un compte-rendu quotidien par la sĂ©lection des traits saillants qui sont supposĂ©s intĂ©resser un lectorat agrĂ©gĂ© ou tout au moins assez indiffĂ©renciĂ©. Le journal, rĂ©sultat dâune sĂ©lection dâissues et dâun framing, se trouve en adĂ©quation avec un territoire et avec son public rĂ©cepteur puisquâau final, il le constitue. Le territoire du lectorat dâun quotidien devient aussi pertinent que le territoire administratif Ă lâĂ©chelle duquel le lectorat Ă©lit ses reprĂ©sentants. Des Ă©vĂ©nements, des problĂšmes publics et leur mĂ©diatisation auront un rĂŽle dĂ©cisif dans la constitution de la nation comme communautĂ© politique. Cependant, ce mĂ©diateur quâest la presse sâest aussi transformĂ© en institution et nâa guĂšre continuĂ© Ă favoriser la circulation dâentitĂ©s Ă©lĂ©mentaires parfois contradictoires qui sont aussi le signe dâune communautĂ© politique vivante. Le public en gĂ©nĂ©ral demeure Ă lâĂ©tat de fantĂŽme » Lippman, 2008. Le journal se contente de focaliser lâattention sur quelques issues » sĂ©lectionnĂ©es par les mĂ©diateurs officiels. Par son format, il est contraint Ă lâagrĂ©gation, Ă la sĂ©lection. Or le public imaginĂ© par la presse, et qui semblait converger si bien avec lâĂtat-nation, a dĂ©sormais troquĂ© son statut de simple lecteur pour celui, sur le web, de contributeur, qui commente, recommande, agrĂšge. Les conditions de production dâun espace public, qui constituerait la nation, sont donc singuliĂšrement diffĂ©rentes. De quoi se constituerait un espace public sur le web ? 15Lorsquâil sâagit de dĂ©crire le web comme prolongement dâun espace public physique, il est aisĂ© de sâappuyer sur ces Ă©vidences que sont les institutions et les communautĂ©s sans procĂ©der aux dĂ©centrements que nous venons dâopĂ©rer, de retrouver des Ă©chelles connues, comme le font des travaux qui cherchent Ă saisir une Ă©chelle territoriale sur le web a. Le premier principe repose sur lâobservation de sites web institutionnels, de lieux le site web de la ville dâAngers, dâHennebont, une radiographie du cyberespace » Rouquette, 2008. Cette mĂ©thode produit un agrĂ©gat ancrĂ© dans un territoire et revient Ă observer ce que les acteurs institutionnels qui Ă©noncent leur ville, leur Conseil gĂ©nĂ©ral ou rĂ©gional comme institution ou leur territoire, dupliquent du territoire au web. Il sâagit alors dâune mĂ©thode de projection » sur le web, terme essentiel dans la balistique, la gestion des forces armĂ©es et les modĂšles de perception modernes construits Ă la Renaissance. Toute la communication institutionnelle prĂ©suppose un centre, localisable, qui produit le territoire comme surface de projection en lâorganisant et en le dominant. La circulation est absente, seulement un marquage du web, analogue au marquage du territoire par lâinstitution. Lâobservateur Ă©limine alors la majeure partie du web qui possĂšde un lien avec ce territoire physique dans dâautres domaines dâ Le second principe repose sur lâobservation des acteurs en reprenant le modĂšle des mouvements sociaux de Neveu, 2005 quelles sont leurs revendications ? Comment ces mouvements prolifĂšrent-ils, comment se coordonnent-ils Fouetillou, 2008 ? Le web devient une ressource stratĂ©gique supplĂ©mentaire Ă disposition dâacteurs, qui ne sont plus dĂ©finis comme porteurs des institutions ni comme centres tout en ayant la prĂ©tention Ă exploiter le web selon les mĂȘmes principes avec des intentions, des stratĂ©gies, sous-entendant un certain contrĂŽle. Il est possible dâaccroĂźtre la diversitĂ© des Ă©metteurs par rapport Ă lâapproche institutionnelle du web vue prĂ©cĂ©demment, mais le point de dĂ©part reste les mouvements sociaux constitutifs de la communautĂ© politique et reconnus comme tels par les spĂ©cialistes. Leur ancrage territorial est moins Ă©vident Ă dĂ©montrer, mais ils ne font que projeter sur le web leurs propres stratĂ©gies. 16Ces approches rĂ©duisent les potentialitĂ©s offertes aux acteurs avec le web, soit par rĂ©duction Ă une projection du territoire institutionnel existant soit par rĂ©duction Ă une projection des stratĂ©gies de communautĂ©s politiques identifiĂ©es. Si nous mobilisons ces cadres mĂ©thodologiques projectifs, de nombreux acteurs de notre corpus ici un web rĂ©gional breton » ne rentrent dans aucune des cases. Que pouvions-nous faire dâun barde ou dâun couple de sonneurs biniou-bombarde et de leur page web Myspace, par exemple ? Ni institution ni mouvement social et pourtant en lien Ă©vident avec la communautĂ© culturelle mettant en circulation leurs publications, autoproduites sur le web. 17Ces approches restent en surface des mĂ©diations avec un territoire en prenant pour rĂ©fĂ©rence de dĂ©part les institutions, les communautĂ©s ce qui doit au contraire ĂȘtre dĂ©montrĂ©, quitte Ă sortir des limites du champ dâobservation supposĂ© Ă©vident. 18Lâespace public que nous cherchons Ă penser ici est proche du concept de Tassin 2007, prolongeant les travaux dâArendt il est un agir ensemble dans un espace politique, cet espace visible. Nous envisageons lâespace public comme lâensemble des dispositifs qui permettent de relier institutions et communautĂ©s ce quâa cet espace public Tarde, 1893, ce quâil fait et ce qui le fait. Cette version de lâespace public est alors non normative et plus pragmatiste que celle dâHabermas 1962. 19Cette approche a lâavantage de prendre au sĂ©rieux la nĂ©cessitĂ© de la circulation des signes pour faire tenir une communautĂ© politique et pas seulement une institution qui soutient la prĂ©sence de lâĂ©chelle territoriale sur le web. Les rĂ©pertoires de signes marquant une communautĂ© et les indices des affiliations circulent sur le web sans dĂ©calquer ceux du territoire de rĂ©fĂ©rence, mais en les traduisant. En descendant au niveau des Ă©lĂ©ments qui constituent un territoire tels quâils apparaissent visuellement dans le corpus Ă©tudiĂ©, nous pouvons totaliser 227 signes visuels diffĂ©rents. Nous nous sommes ainsi intĂ©ressĂ©s aux Ă©lĂ©ments matĂ©riels et symboliques » de Thiesse qui circulent et qui persistent sur le web. A partir de ces Ă©lĂ©ments, nous avons cherchĂ© Ă vĂ©rifier sâils Ă©taient prĂ©sents ou absents afin de comprendre la prĂ©sence dâune Ă©chelle territoriale incertaine, la rĂ©gion, sur le web, son degrĂ© dâextension ou dâexistence. Nous prendrons ici seulement quelques exemples remarquables par leur rĂ©pĂ©tition sur lâensemble du corpus Ă©tudiĂ©. 1 Breizh Flag Trip Tour ou, difficilement traduisible Tour du monde du drapeau de la Bretagne ». 20Le drapeau breton ou Gwenn-ha-du apparaĂźt sur 66 sites web soit sous forme dâimage, soit dâicĂŽne langue » utilisĂ© pour le choix de la langue dâaffichage, soit de logotype. Ce signe nâest pas uniquement prĂ©sent Ă lâĂ©cran, il circule sur le web sans que cette circulation soit orchestrĂ©e par une institution. Par exemple, sur la plate-forme de rĂ©seau social Facebook, un groupe le Breizh Flag Trip Tour1 BFTT Les Bretons sont partout !â » se donne pour objectif de traverser lâensemble des pays du monde avec ce drapeau. En aoĂ»t 2008, lâinitiateur du projet a eu lâidĂ©e de donner un drapeau Ă ses amis voyageurs afin quâils se photographient devant des monuments. Sur une carte du monde prĂ©sente des photographies gĂ©olocalisĂ©es. LancĂ© le 13 septembre 2008, ce groupe compte le 26 avril 2010, 6 647 membres, pour 111 pays prĂ©sentĂ©s, puis 157 pays prĂ©sentĂ©s en 2013. En 2009, le nom est dĂ©posĂ© et une association loi 1901 est créée. 2 Cette proposition Ă©vacue cependant le rĂŽle spĂ©cifique jouĂ© par un mĂ©diateur quasi technique que met ... 21Cette circulation sur le web est particuliĂšre puisquâelle reprend et rend publique une circulation physique dâun signe dans le monde entier. Le web modifie la place dâun signe somme toute conventionnel pour un Ătat-nation ou une culture. En effet, ce sont les internautes, et non un mĂ©diateur professionnel ou politique, qui font le travail de circulation2. Le drapeau nâest pas photographiĂ© sur des bĂątiments publics par exemple. Le web permet ici de faire apparaĂźtre une communautĂ© reliĂ©e Ă la Bretagne Ă travers son drapeau par sa puissance de publication et de propagation au-delĂ de toutes les Ă©chelles territoriales jusquâici prises en compte. 22Pouvons-nous Ă nouveau rĂ©duire ce phĂ©nomĂšne aux intentions des acteurs sociaux, Ă des mouvements sociaux intentionnels ? DerriĂšre cette initiative, est-ce le dĂ©fi ou le drapeau qui fait circuler ? En effet, lâobjectif de publicitĂ© faite Ă la Bretagne en allant dans tous les coins du monde » et dans tous les Ă©vĂ©nements avec un drapeau, ne paraĂźt pas relever uniquement dâune attitude de fan de » ou de fiertĂ© vis-Ă -vis de cette rĂ©gion. Cependant, les initiateurs ne revendiquent aucune visĂ©e politique qui pourtant se transporte avec le drapeau. Leur projet est dĂ©fini comme non politique. Dans le mĂȘme temps, le drapeau ne peut pas non plus ĂȘtre rĂ©duit Ă cette supposĂ©e politique, il vit sa vie, pourrions-nous dire. Nous nous intĂ©ressons moins, ce qui serait admis dans lâanalyse dâun espace public sur le web, au web qui rend visible une action des internautes ou Ă lâaction collective de ces internautes quâau travail de ce signe, Ă ce quâil fait en propre et Ă ce quâil fait faire. Admettons alors, quoiquâil en coĂ»te Ă notre tradition moderne de rĂ©duction des objets au statut dâesclaves Latour, 1994, que le drapeau fait ce travail de connexion et de constitution de communautĂ©, sans doute Ă©phĂ©mĂšre mais pourtant rendue visible et rĂ©putĂ©e comme jamais auparavant, et hors de sa base territoriale. Nous concevons alors le drapeau breton comme un signe transposable Le BĂ©chec, 2010. Non pas au sens rĂ©ducteur de signe le drapeau Ă©tant rĂ©duit Ă nâĂȘtre que le tenant-lieu de quelque chose dâautre, plus grand ou plus fort que lui mais au sens sĂ©miotique strict de reprĂ©sentation organisĂ©e. Câest tout lâenjeu de la qualitĂ© graphique dâun tel signe certains demeurent non-transposables ou intransposables, non pas en raison de la faiblesse des attachements politiques quâils susciteraient mais parce quâils sont mal composĂ©s, mal organisĂ©s en tant que matĂ©rialitĂ©. Il y a fort Ă parier Ă lâinverse que certains porteurs du drapeau sont sensibles avant tout Ă son esthĂ©tique plus quâĂ son supposĂ© message politique. La transposabilitĂ© est une qualitĂ© qui se vĂ©rifie aprĂšs coup dans la circulation gĂ©nĂ©rĂ©e et non dans lâintention des acteurs. Elle est essentielle pour faire tenir ensemble des acteurs, des lieux, des discours trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšnes. Ce serait toute la force des liens faibles Granovetter, 1973, non du point de vue de la stratĂ©gie des acteurs humains mais des qualitĂ©s intrinsĂšques de ce signe transposable, capable de circuler et dâagrĂ©ger sur le web. 3 LittĂ©ralement vieux pays de mes pĂšres » est issu de la version de François Jaffrennou, en 1897 re ... 23Il serait alors tentant de dire que prĂ©cisĂ©ment cette qualitĂ© de transposabilitĂ© du signe enlĂšve Ă ce drapeau toute vertu politique de fondation dâune quelconque communautĂ©. Or, nous souhaitons tenir le raisonnement inverse la capacitĂ© dâagrĂ©gation de ce signe transposable, toujours reliĂ© malgrĂ© tout Ă un hĂ©ritage bien particulier, attachĂ© Ă un territoire, dĂ©montre le caractĂšre de composition mĂ©diatique de toutes les communautĂ©s politiques. Sans ces artefacts et leur puissance propre, aucun travail politique communautaire ou institutionnel ne serait possible et nul ne peut dire oĂč rĂ©siderait ce sens politique sâil nâĂ©tait pas portĂ© par des signes transposables, qui jouent un rĂŽle dans ce travail dâassemblage. Lâattachement territorial Le BĂ©chec, 2010 de ces signes doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un faire-agir » Latour, 2002, car les signes trop ancrĂ©s territorialement ne circulent pas. Parmi les 227 signes identifiĂ©s, tous ne sont donc pas transposables. La circulation et la transposition observĂ©es au niveau du drapeau, de lâanimal emblĂ©matique lâhermine ou de la langue le breton ne se vĂ©rifient pas dans le cas de lâhymne. Cet hymne » nâest pas prĂ©sent parmi les 60 fichiers-son que nous avons relevĂ©s dans le corpus. Essayons de comprendre cette situation, pourquoi le drapeau et pas lâ hymne » ? Lâun des faits de cette incapacitĂ© Ă circuler se trouve dans le territoire physique mais il explique cette absence de fichier-son sur le web. Lors de la Coupe de France de Football en mai 2009, le Conseil rĂ©gional de Bretagne tente de mettre Ă lâhonneur le Bro gozh ma zadoĂč »3, cet hymne prĂ©cisĂ©ment. AprĂšs quelques nĂ©gociations avec la FĂ©dĂ©ration française de Football », puisquâil nâexiste quâun hymne national en France, il est acquis que ce chant sera jouĂ© sur la pelouse par deux bagadoĂč ensemble musical breton. Avec ce chant, les Bretons expriment une appartenance collective Ă la Bretagne, Ă la France et Ă lâEurope », Le Drian, prĂ©sident du Conseil rĂ©gional de Bretagne, 04/05/2009. Mais les musiciens sonneurs refusent de le jouer, comme lâexplique Antoine Lamballais, responsable du bagad de Cesson-SĂ©vignĂ©, Ă France Bleu Armorique, le 07/05/2009 [L]âhymne breton est un hymne qui est trĂšs connu de nos anciens moins des nouvelles gĂ©nĂ©rations [...]. Il faut ĂȘtre honnĂȘte lâhymne breton est un hymne qui se chante plus quâil se sonne ». 24Ce signe non-transposable montre que le territoire autant que lâespace public sur le web ont des attributs et demandent des acteurs qui les font circuler. La volontĂ© politique de faire de ce chant un signe Ă©choue. Ce chant ne fait pas partie des rĂ©pertoires de cet agent de circulation ici un bagad. Ce sont donc les pratiques des acteurs qui doivent ĂȘtre prises en compte pour qualifier ou non un signe de signe transposable. Cette histoire et ces traductions indiquent quâil existe des conditions de fĂ©licitĂ© pour la transposition des signes. Lâattachement territorial est ainsi signifiĂ© et produit par lâexposition rĂ©pĂ©tĂ©e dâun signe sur le web, et prĂ©cisĂ©ment dâun signe transposable Le BĂ©chec, 2010. Un signe transposable est un signe ayant la puissance Ă la fois de rester attachĂ© Ă un territoire et de circuler sur le web en devenant ainsi capable de traduire et de reformuler le territoire sur le web. Cette circulation et cette transposition produisent une nouvelle version de ce quâest une Ă©chelle rĂ©gionale en la rendant visible et portative. 25Le pouvoir politique supposĂ© reprĂ©senter le territoire de la rĂ©gion le Conseil rĂ©gional nâest plus lâunique opĂ©rateur de sa prĂ©sence sur le web. Les attributs quâil pouvait considĂ©rer comme stratĂ©giquement mobilisables Ă son service vivent leur vie. La monade drapeau » a ses propres capacitĂ©s de circulation et elle emporte lâinstitution avec elle, qui perd alors la maĂźtrise dâun rĂ©pertoire de signes associĂ© Ă un territoire. Le tout reste plus petit que ses parties Latour et al., 2013. Lâattention aux mĂ©diations qui constituent toute Ă©chelle suppose de prendre le point de vue de ce qui avait Ă©tĂ© rĂ©duit Ă des attributs, pour observer leurs ressources dâaction en tant que monades. Accompagner la circulation de signes transposables 26Au fil de ces trois dĂ©centrements, nous avons tentĂ© de montrer que ce qui constitue une Ă©chelle territoriale sur le web nâest ni une projection du territoire, ni une prolifĂ©ration de certaines formes sans lien avec le territoire mais une mise en rĂ©seau de liens autour de signes transposables, activables selon les situations. Ces signes crĂ©ent des liens, qui peuvent ĂȘtre faibles mais qui, en associant des Ă©lĂ©ments dâune nation prĂ©sents sur des sites web, encapsulent une reprĂ©sentation cohĂ©rente et durable dâune Ă©chelle territoriale sur le web. La nation, communautĂ© imaginĂ©e », en la suivant sur le web, apparaĂźt constituĂ©e dâĂ©lĂ©ments dispersĂ©s mis en rĂ©seau. Elle circule et ne peut pas ĂȘtre contenue dans un seul objet. Les signes transposables sont des formes sĂ©miotiques Ă©lĂ©mentaires du territoire qui circulent aisĂ©ment sur le web. Le discours laisse place Ă quelques Ă©lĂ©ments aisĂ©ment identifiables et reconnaissables. Loin des lieux de dĂ©bats Ă©clairĂ©s, dâacteurs lĂ©gitimes qui prennent la parole dans une presse adaptĂ©e Ă lâĂ©chelle du territoire concernĂ©, lâespace public sur le web dĂ©centre le discours en attributs ayant la double capacitĂ© de rester attachĂ©s Ă un territoire de rĂ©fĂ©rence et de circuler sur le web. 27Parler des Ă©chelles en termes mĂ©diologiques Ă partir dâun support de circulation entre les Ă©chelles quâest le web, permet de discuter la pertinence et lâadĂ©quation des Ă©chelles institutionnelles. Dâun point de vue stratĂ©gique, pour les acteurs politiques, il vaut donc mieux sâappuyer sur ce qui sâattache et ce qui circule Le BĂ©chec, 2012 que de redĂ©couper sous son contrĂŽle un territoire bien identifiable, et dĂ©passer cette idĂ©e simpliste de territoire numĂ©rique » Boullier, 2009. Du point de vue du chercheur aussi, plutĂŽt que de cristalliser son attention sur une entitĂ© en faisant rĂ©fĂ©rence au politique, Ă une nouvelle Ă©chelle, ne vaut-il pas mieux suivre les dĂ©tournements possibles de signe transposable et crĂ©er des indicateurs de circulation, dâagrĂ©gation ? Ătudier la circulation des signes transposables qui demeurent attachĂ©s Ă lâEurope tout en circulant sur le web serait ainsi un prolongement naturel de ce travail. Dans ces redĂ©finitions dâun espace public, la capacitĂ© de circulation de quelques Ă©lĂ©ments peut crĂ©er un territoire Ă gĂ©omĂ©trie variable », sans centre, sans frontiĂšres, agrĂ©geant en permanence des Ă©chelles territoriales hĂ©tĂ©rogĂšnes, leur empruntant et les recyclant Ă travers ce gigantesque maelström quâest le web.
Commenous proposons aussi la traduction bretonne de certains chants du Renouveau, nous invitons donc dĂ©sormais tous les animateurs qui intĂšgrent le Psaume de la CrĂ©ation Ă leur programme de le proposer en breton (MP3 Ă venir). Nous rappelons au passage que ce chant de louange a plus sa place lors de rassemblements paroissiaux, de veillĂ©es de Traduction et dĂ©finition de ISBN , dictionnaire en ligne français - breton. Nous avons trouvĂ© au moins 3 phrases traduites avec ISBN . DĂ©cliner Coop Breizh, 2015 ISBN 978-2843467233 Bro Gozh ma ZadoĂč, l'hymne national breton collection "Trilogie des symboles de Bretagne", Ăd. Coop Breizh, 2015 ISBN 978-2843467233 Bro Gozh ma ZadoĂč, l'hymne national breton rummad "Trilogie des symboles de Bretagne", Emb. WikiMatrix La Louve et l'Enfant, Ă©ditions Bragelonne ISBN 2-914370-03-2 La Guerre des loups, Ă©ditions Bragelonne ISBN 2-914370-09-1 La Nuit de la louve, Ă©ditions Bragelonne ISBN 2-914370-23-7 Article dĂ©taillĂ© Gallica. La Louve et l'Enfant, embannet gant Bragelonne ISBN 2-914370-03-2, La Guerre des loups, embannet gant Bragelonne ISBN 2-914370-09-1, La Nuit de la louve, embannet gant Bragelonne ISBN 2-914370-23-7. WikiMatrix ISBN 0-907610-71-4 Alan Moore's Twisted Times, Titan Books, 1987, réédition de strips de Time Twisters originellement publiĂ©s dans 2000 AD entre 1980 et 1983, collectif. ISBN 0-907610-71-4 Alan Moore's Twisted Times, Titan Books, 1987, adembann stripoĂč eus Time Twisters embannet a-orin e 2000 AD etre 1980 ha 1983, a-stroll. WikiMatrix Liste de requĂȘtes les plus populaires 1K, ~2K, ~3K, ~4K, ~5K, ~5-10K, ~10-20K, ~20-50K, ~50-100K, ~100k-200K, ~200-500K, ~1MSolution finaleTaldir-Jaffrenou Le "Bro Goz" "hymne national breton", le druide et le ReichLe Bro goz ma zadou » vieux pays de mes pĂšres est prĂ©sentĂ© de nos jours comme lâhymne national breton. Son crĂ©ateur, François Jaffrenou, de son nom de druide Taldir Front dâAcier, a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă la LibĂ©ration, puis a bĂ©nĂ©ficiĂ© dâune sorte dâindulgence gĂ©nĂ©rale, malgrĂ© la parution de divers Ă©crits rappelant ses responsabilitĂ©s ainsi, notamment, lâessai de Michel Nicolas Histoire du mouvement breton, Syros, 1982 puis, la biographie de Luzel et Le monde comme si » de Françoise Morvan Actes sud, 2002. Le Grand Druide actuel, Gwencâhlan Le ScouĂ«zec, ayant pris fait et cause pour son prĂ©dĂ©cesseur, Taldir, selon lui, injustement accusĂ© de collaboration avec les nazis, en un volume paru aux Ă©ditions Beltan sous le titre Le grand druide Ă©tait innocent », la polĂ©mique a soudain connu un regain dâactualitĂ©...Il nous a semblĂ© nĂ©cessaire de procĂ©der Ă un rappel des faits, documents Ă lâ BRO GOZLâhymne national breton, bien quâon ne sâen doute guĂšre Ă prĂ©sent, est lâinvention dâun lycĂ©en qui, calquant lâhymne gallois en breton approximatif, pour satisfaire son professeur, lui-mĂȘme converti au druidisme, a produit un texte sur lequel il serait intĂ©ressant de fournir une analyse critique prĂ©cise mais, pour lâinstant, nous ne disposons que dâune brĂšve note du Monde comme si Le Bro goz ma zadou est lâhymne national breton inventĂ© en 1897 par Taldir Jaffrenou, alors Ă©lĂšve de François VallĂ©e au collĂšge de Saint-Brieuc, sur le modĂšle de lâhymne gallois composĂ© en 1846 par Ewan James et son fils James James. Le refrain en est O Bretagne, ma Patrie, jâaime ma PatrieTant quâil y aura de la mer comme un mur autour dâelle,Que ma Patrie soit libre. Ce refrain Ă©nigmatique a suscitĂ© des interprĂ©tations divergentes. » Le monde comme si, p. 179 Les nationalistes bretons ne se sont jamais fait dâillusion sur le texte du Bro goz ». RĂ©pondant au barde Abalor qui critiquait le drapeau breton dit gwenn-ha-du », Olier Mordrel Ă©crivait le 17 octobre 1937 dans le journal Breiz Atao Le gwenn-ha-du » n'est sans doute pas irrĂ©prochable mais Ă son principal dĂ©tracteur, le barde Abalor, de son vrai nom LĂ©on Le Berre, l'auteur de l'article oppose le Bro goz, hymne qui pour ĂȘtre national n'en est pas moins suspect, tant d'origine que de teneur Le drapeau Ă bandes est nĂ© dans les parages de Breiz Atao ? La belle affaire ! Le Bro goz » aussi est bien nĂ© dans les parages d'Abalor, ce qui ne nous empĂȘche pas de le chanter. On n'ira pourtant pas dire que la poĂ©sie en est impeccable. Comme vers bretons, il y a mieux et plus musical que le Douar ar Varzed » et autres trouvailles de mirliton. Mais le Bro goz » existe, c'est un signe de ralliement. Il n'est pas question de l'aimer ou de le rejeter parce que son air est d'origine Ă©trangĂšre et son texte contestable il est sacrĂ© parce qu'une valeur nationale s'est attachĂ©e Ă lui...» citĂ© par Françoise Morvan in Blanche hermine, noir drapeau », Hopala, juin 1999. En effet, quelle que soit lâinanitĂ© de ses paroles, le Bro Goz » est lâexpression dâune idĂ©e simple nous sommes Bretons, nous voulons ĂȘtre libres, la mer est le mur qui nous protĂšge et lâessentiel est dâĂȘtre protĂ©gĂ©. Contre quoi ? Non pas contre les incursions de la perfide Albion, comme semblerait lâindiquer le texte ; plutĂŽt, pour en venir Ă lâidĂ©e simple actuelle qui fait de Taldir un prophĂšte, que la mer comme un mur nous protĂšge en nous reliant Ă nos frĂšres celtes contre lâodieuse liaison avec la France marĂątre. Câest ce qui a permis Ă ce qui aurait pu nâĂȘtre quâune plaisanterie de potache de devenir un hymne national. SON CRĂATEURNĂ© en 1879 Ă CarnoĂ«t, au centre de la Bretagne, et fils du notaire du bourg, François Jaffrenou nâa pas Ă©tĂ© seulement lâun des membres les plus influents du mouvement autonomiste breton mais lâun de ses prĂ©curseurs. Pensionnaire au lycĂ©e de Saint-Brieuc et, dĂ©cidant de suivre des cours de breton, il a pour professeur François VallĂ©e, Ă©rudit celtomane converti au druidisme, qui le convertit Ă son tour. Suivant lâexemple de son maĂźtre, Jaffrenou compose, comme on lâa vu, sur le modĂšle de lâhymne gallois, le Bro Goz ma zadou » câest-Ă -dire Vieux pays de mes pĂšres » - rebaptisĂ© aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, dans lâorthographe surunifiĂ©e » du breton imposĂ©e sur ordre du SonderfĂŒhrer Weisgerber, Bro Gozh va zadoĂč ». Cet hymne approximatif est consacrĂ© chant national » au congrĂšs de 1904 de l'Union RĂ©gionaliste Bretonne. Il faut dire quâen 1901, Yann Fustec et François dĂ©sormais Taldir, pour le meilleur et pour le pire Jaffrenou ont créé une Gorsedd des bardes » sur le modĂšle gallois Jaffrenou en deviendra bientĂŽt Grand Druide. En 1904, dans le mĂȘme temps que son Bro Goz » est proclamĂ© hymne national, il lance la revue Ar Bobl le Peuple, qui paraĂźtra jusqu'en 1914. Le voilĂ devenu journaliste. Il poursuit ses activitĂ©s militantes Ă la FĂ©dĂ©ration rĂ©gionaliste de Bretagne et, suivant la dĂ©rive inĂ©luctable du mouvement breton vers le national-socialisme, se charge de recueillir les signatures dâun Placet au marĂ©chal PĂ©tain proclamant que les Bretons et leurs associations culturelles ont accueilli avec joie et avec espĂ©rance la proclamation par le marĂ©chal PĂ©tain de la rĂ©surrection des provinces ».Ce placet remis au marĂ©chal PĂ©tain en dĂ©cembre 1940 se double dâun rapport remis Ă Pierre Laval et dâun mĂ©moire en français et en allemand rĂ©digĂ© par le Grand Druide lui-mĂȘme Ă lâintention de son Excellence le gouverneur militaire allemand en Bretagne, donnant la doctrine du bardisme⊠et affirmant le dĂ©sir de 90% des Bretons de collaborer dans la paix et, dâaccord avec la France, Ă lâĂ©laboration dâun statut europĂ©en basĂ© sur le droit des minoritĂ©s Ă dĂ©velopper leur culture. » Ces deux derniers documents sont remis par Jaffrenou Ă la dĂ©lĂ©gation allemande venue enquĂȘter Ă lâautomne 1940 sur lâopinion bretonne face Ă la question bretonne » citĂ© par Henri FrĂ©ville, La presse bretonne dans la tourmente, Plon, 1979, p. 202-204. Mais le Grand Druide ne sâen tient pas lĂ . Il participe activement Ă la presse nationaliste engagĂ©e dans la collaboration avec les nazis et ne se limite encore pas Ă cela. Lâhistorien Michel Nicolas Ă©crit A la LibĂ©ration, la police a retrouvĂ© Ă la prĂ©fecture de Quimper la liste des dĂ©nonciations de ce secteur. Les Allemands exigeaient en effet des dĂ©nonciations Ă©crites. Y figurait une dĂ©nonciation, signĂ©e de la main de Jaffrenou, du libraire-Ă©diteur Le Goaziou de Quimper comme rĂ©sistant, ce qui Ă©tait parfaitement exact. Faute de preuve, les Allemands l'avaient relĂąchĂ©. Ces propos ont Ă©tĂ© tenus Ă de nombreuses reprises par M. Le Goaziou lui-mĂȘme qui fut, Ă la LibĂ©ration, prĂ©sident de la commission d'Ă©puration du FinistĂšre. » Michel Nicolas, Histoire du Mouvement Breton », p. 103, et p. 97-98En 1945, le tribunal le condamne Ă cinq ans de prison. Cependant, Gwencâhlan Le ScouĂ«zec, le Grand Druide actuel, affirme que Jaffrenou fut innocent et que son activitĂ© fut toujours apolitique. Pour prendre la mesure de lâapolitisme revendiquĂ© par Gwencâhlan Le ScouĂ«zec, il importe de prĂ©ciser quâil fut dans les annĂ©es 70 lâun des fondateurs de Skoazell Vreizh avec lâĂ©crivain Xavier Grall et l'avocat Yann Choucq et quâil nâa jamais reniĂ© bien au contraire ce militantisme nationaliste. Quâest-ce que Skoazell Vreizh ? L'association Skoazell Vreizh est un comitĂ© de soutien aux familles des dĂ©tenus et des personnes mises en examen pour des motifs politiques bretons, personnes impliquĂ©es dans des actes de rĂ©sistance Ă la politique d'assimilation et d'intĂ©gration de l'Ătat français en Bretagne » site Internet de Skoazell Vreizh Le ScouĂ«zec, qui se dit de gauche, se prĂ©sente ainsi Mon nom est Le SouĂ«zec. Mes prĂ©noms, selon lâĂtat-civil Heol, LoĂŻc, Gwennglan⊠graphie particuliĂšre du nom de Gwencâhlan. Câest celui dâun druide du Ve siĂšcle, rĂ©el ou imaginĂ© il me fut donnĂ© par mon pĂšre parce que ce nom Ă©tait " antichrĂ©tien et antifrançais " » Lâaffaire Taldir, p. 15. Le Grand Druide est a su rester fidĂšle Ă cette haine originelle. Il importe de montrer comment elle explique lâaveuglement sur les activitĂ©s de Jaffrenou pendant la pĂ©riode de lâ Placet Ă PĂ©tain, Ă la presse fascisteLe ralliement de Jaffrenou au ReichAvec Jaffrenou, le Pape fait Ă©cho Ă HitlerJaffrenou, Ami de la LVF »Jaffrenou propage-t-il les thĂšmes du mouvement breton » antisĂ©mite ?"Son chef est François Jaffrenou"Pourquoi vouloir blanchir Jaffrenou, le crĂ©ateur du "chant national bro goz" ?Communautarisme panceltique ?[lire en PDF] GlossaireabcdefghijklmnopqrstuvwxyzINDEX
Parolesde chanson et traduction. Nolwenn Leroy. - Bro Gozh Va ZadoĂč. " Ni, Breizhiz a galon, karomp hon gwir Vro ! «Jamais, Breizhiz et Galon, karomp honorable Gwir Vro! Brudet eo an Arvor dre ar bed tro-dro. Brudet eo et Arvor lit dre ar tro-dro. A
Basculer la table des matiĂšres DĂ©finition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire. Conventions internationales[modifier le wikicode] Symbole [modifier le wikicode] vro invariable Linguistique Code ISO 639-2 alpha-3 vĂ”ro. Breton[modifier le wikicode] Forme de nom commun [modifier le wikicode] Mutation Singulier Pluriel Non mutĂ© bro broioĂč Adoucissante vro vroioĂč Durcissante pro proioĂč vro \ËvroË\ fĂ©minin Forme mutĂ©e de bro par adoucissement. Ni, âBreiziz a galon, karomp hon gwir vrĂŽ !Brudet eo an Arvor dre ar bed tro-dro. â François Jaffrennou, BRO GOZ MA ZADOU, in An Delen Dir, 1900, page 85 Nous, Bretons de cĆur, aimons notre vĂ©ritable pays !L'Armor est renommĂ© Ă travers le monde. Deut out dâar vro ? â Jules Gros, Le trĂ©sor du breton parlĂ© - DeuxiĂšme partie - Dictionnaire breton-français des expressions figurĂ©es, 1re Ă©dition 1970, page 66 Tu es revenu au pays ? CatĂ©gories conventions internationalesSymboles en conventions internationalesLexique en conventions internationales de la linguistiquebretonFormes de noms communs en breton
Informatiqueet maĂźtrise de l'oral en maternelle bilingue breton-français: modĂšle de l'Ă©lĂšve dans le dialogue enfant-ordinateur et ergonomie de la parole en breton. 2006. Skolius Mermet. Download Download PDF. Full PDF Package Download Full PDF Package. This Paper. A short summary of this paper. 24 Full PDFs related to this paper. Download. PDF Pack. People also downloaded Bro Goz Ma Zadou Bro Goz Ma Zadou», Ă©crite en 1901, est la crĂ©ation de François Jaffrenou, collĂ©gien de Saint-Brieuc inspirĂ© par l'hymne gallois composĂ© par Erwan James. Cet Ă©lĂšve, envoĂ»tĂ© par le territoire breton, deviendra l'un des prĂ©curseurs du mouvement autonomiste breton. Bro goz ma zadou» sera mĂȘme nommĂ© 'hymne nationale' lors du congrĂšs de l'Union RĂ©gionaliste Bretonne de 1904. L'auteur dĂ©crit sa patrie Ă travers cet hymne Ă la Bretagne comme Ă©tant composĂ©e de pĂšres sans peurs, de vieux sages, mais aussi de guerriers fougueux... Breizh Partitions BRETON Ni, Breizhiz a galon, karomp hon gwir Vro ! Brudet eo an Arvor dre ar bed tro-dro. Dispont kreiz ar brezel, hon tadoĂč ken mat, A skuilhas eviti o gwad. Refrain O Breizh, ma Bro, me 'gar ma Bro. Tra ma vo mor 'vel mur 'n he zro. Ra vezo digabestr ma Bro ! Breizh, douar ar Sent kozh, douar ar Varzhed, N'eus bro all a garan kement 'barzh ar bed, Pep menez, pep traonienn, d'am c'halon zo kaer, Enne kousk meur a Vreizhad taer ! Refrain Ar Vretoned 'zo tud kalet ha kreñv ; N'eus pobl ken kalonek a zindan an neñv, Gwerz trist, son dudius a ziwan eno, O ! pegen kaer ec'h out, ma Bro ! Refrain Mar d'eo bet trec'het Breizh er brezelioĂč bras, He yezh a zo bepred ken beo ha bizkoazh, He c'halon birvidik a lamm c'hoazh 'n he c'hreiz, Dihunet out bremañ, ma Breizh ! FRANCAIS Nous Bretons de cĆur, nous aimons notre vrai pays ! L'Arvor est renommĂ©e Ă travers le monde. Sans peur au cĆur de la guerre, nos ancĂȘtres si bons VersĂšrent leur sang pour elle. Refrain O Bretagne, mon pays, que j'aime mon pays Tant que la mer sera comme un mur autour d'elle. Sois libre, mon pays ! Bretagne, terre des vieux Saints, terre des Bardes, Il n'est d'autre pays au monde que j'aime autant ; Chaque montagne, chaque vallĂ©e est chĂšre dans mon cĆur. En eux dorment plus d'un Breton hĂ©roĂŻque ! Refrain Les Bretons sont des gens durs et forts ; Aucun peuple sous les cieux n'est aussi ardent ; Complainte triste ou chant plaisant s'Ă©closent en eux. Oh ! Combien tu es belle, ma patrie ! Refrain Si autrefois Bretagne, tu as flĂ©chi durant les guerres, Ta langue est restĂ©e vivante Ă jamais, Son cĆur ardent tressaille encore pour elle. Tu es rĂ©veillĂ©e maintenant ma Bretagne ! Rechercher un hĂ©bergement Ă proximitĂ© Ă dĂ©couvrir aussi Les chants marins BiensĂ»r, tous les Français ont en mĂ©moire la RĂ©volution française, avec une majuscule qui dispense de prĂ©ciser quâil sâagit de celle de 1789. Les plus Ă gauche dâentre nous se rĂ©fĂšrent plutĂŽt Ă celle de 1871, la Commune de Paris. Par contre, de la rĂ©volution de 1848, il nâen est presque jamais question, occultĂ©e de la mĂ©moire nationale, Bro Goz ma ZadoĂč Old Land of My Fathers is a "national anthem" sheet music from Brittany for the bombarde and Vocals. This music was composed by James James in 1856. The lyrics of this sheet music were written by François Taldir-Jaffrenou. Bro Goz ma ZadoĂč Composition Taldir Jaffrenou Bro Goz ma ZadoĂč 1. Ni Breiziz a galon karomp hon gwir Vro ! Brudet eo an Arvor dre ar bed tro dro. Dispont 'kreiz ar brezel hon Tadou ken mat A skuilhas eviti o gwad Diskan O Breiz, ma Bro, me gar ma Bro ! Tra ma vo'r mor 'vel mur n'he zro Ra vezo digabestr ma Bro ! 2. Breizh, douar ar Sent kozh, douar ar Varzhed N'eus bro all a garan kement 'barz ar bed. Pep menez, peb traonienn d'am c'halon zo ker ; Enno kousk meur a Vreizhad ter ! Vieux Pays de mes PĂšres traduction 1. Nous Bretons de cĆur aimons notre pays ! L'Arvor est renommĂ© partout dans le monde. Sans peur dans la guerre, nos pĂšres si gĂ©nĂ©reux RĂ©pandirent pour elle leur sang Refrain O Bretagne, mon pays, j'aime mon pays ! Tant que la mer formera un rempart autour d'elle Sois libre mon pays ! 2. Bretagne, terre des vieux Sains, terre des Bardes Il n'est d'autre pays que j'aime tant au monde. Chaque mont, chaque vallon Ă mon cĆur est cher ; Plus d'un Breton fougueux y repose ! Le Bro Goz, l'hymne national breton, a Ă©tĂ© composĂ© en 1897 par Taldir Jaffrenou 1879-1956, d'aprĂšs l'hymne national gallois Hen Wlad Fy Nhadau Vieille Terre de mes PĂšres.Brogozh ma zadoĂč: language variation in the performance of traditional Breton songs DSpace/Manakin Repository . Bro gozh ma zadoĂč: language variation in the performance of traditional Breton songs Faure, P.G. (2019) Faculty of Humanities Theses (Bachelor thesis) Abstract. This Bachelorâs thesis explores the phonemic differences (dialectal variation, singing
ï»żNi, Breizhiz a galon, karomp hon gwir Vro! Brudet eo an Arvor dre ar bed tro-dro. Dispont kreiz ar brezel, hon tadoĂč ken mat, A skuilhas eviti o Breizh, ma Bro, me 'gar ma Bro. Tra ma vo mor 'vel mur 'n he zro. Ra vezo digabestr ma Bro!Ar Vretoned 'zo tud kalet ha kreñv ; N'eus pobl ken kalonek a zindan an neñv, Gwerz trist, son dudius a ziwan eno, O ! pegen kaer ec'h out, ma Bro!O Breizh, ma Bro, me 'gar ma Bro. Tra ma vo mor 'vel mur 'n he zro. Ra vezo digabestr ma Bro!Breizh, douar ar Sent kozh, douar ar Varzhed, N'eus bro all a garan kement 'barzh ar bed, Pep menez, pep traonienn, d'am c'halon zo kaer, Enne kousk meur a Vreizhad taer!O Breizh, ma Bro, me 'gar ma Bro. Tra ma vo mor 'vel mur 'n he zro. Ra vezo digabestr ma Bro!Mard eo bet trec'het Breizh er brezelioĂč bras He yezh a zo bepred ken bev ha biskoazh He c'halon birvidik a lamm c'hoazh' n he c'hreiz Dihunet out bremĂŁn, ma BreizhO Breizh, ma Bro, me 'gar ma Bro. Tra ma vo mor 'vel mur 'n he zro. Ra vezo digabestr ma Bro! DerniĂšre modification par Enjovher Mar, 28/08/2018 - 0434 traduction en françaisfrançais Vieux pays de mes pĂšres Nous Bretons de cĆur, nous aimons notre vrai pays ! L'Arvor est renommĂ©e Ă travers le monde. Sans peur au cĆur de la guerre, nos ancĂȘtres si bons, VersĂšrent leur sang pour elle. Refrain O Bretagne, mon pays, j'aime mon pays. Tant que la mer sera comme un mur qui l'entoure, Que mon pays soit libre !Bretagne, terre des vieux saints, terre des bardes, Il n'est d'autre pays au monde que j'aime autant. Chaque montagne, chaque vallĂ©e est chĂšre Ă mon cĆur, LĂ dorment plus d'un Breton hĂ©roĂŻque !Les Bretons sont des gens durs et forts. Aucun peuple sous les cieux n'est aussi ardent. Complainte triste ou chant plaisant s'Ă©lĂšvent en eux. O! Combien tu es belle, ma patrie !Si autrefois la Bretagne a Ă©tĂ© vaincue durant les guerres, Sa langue est restĂ©e vivante Ă jamais, Son cĆur ardent bat toujours en son sein. Tu es rĂ©veillĂ©e maintenant ma Bretagne ! PubliĂ© par InvitĂ©e Sam, 08/09/2012 - 1637 AjoutĂ© en rĂ©ponse Ă la demande de Calusarul