Ceque les Trente Glorieuses ont fait à la lutte des classes : Comment expliquer le déclin des conflits traditionnels du travail ? Hypothèse principale : les Trente Glorieuses ont transformé le groupe ouvrier et donc la lutte des classes. On peut le montrer en repartant de deux analyses, celles de MARX et de MENDRAS. Coller le document 7. Révision : MARX : les conflits du travail L`Orient-Le Jour Comment les inégalités sociales et L'Orient-Le Jour Comment les inégalités sociales et spatiales ... À LA UNE ECLAIRAGE - SYRIE Comment les inégalités sociales et spatiales alimentent la révolte anti-Assad vendredi, novembre 25, 2011 Manifestation pro-Assad à Alep. "Damas est devenue trop puissante, et Bachar, fidèle à la politique paternelle de diviser pour régner, s'efforce de réactiver Alep pour concurrencer la capitale", explique Fabrice Balanche. SANA/HO/AFP "Le retournement de l'espace syrien" Fabrice Balanche, chercheur et spécialiste de la Syrie, décrypte la crise en cours. Dans un rapport publié récemment, Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, passe en revue les politiques socioéconomiques du parti Bass, au pouvoir depuis près de 50 ans en Syrie. Une étude qui permet de mettre en évidence les racines sociales de la fronde populaire qui menace, depuis plus de neuf mois, le régime et le clan Assad. "La Syrie est depuis plus de vingt ans dans une phase de transition économique lente et hésitante, écrit l'expert dans son document intitulé +Le retournement de l'espace syrien+. Il est pratiquement sûr que le pays ne reviendra plus à l'économie dirigiste des années 70-80, mais elle reste bridée par la bureaucratie et des oligopoles constitués autour de quelques caciques du régime, tel Rami Makhlouf", le cousin du président Bachar al-Assad. "Les ressources en hydrocarbures sont à peine suffisantes pour la consommation domestique, l'autosuffisance alimentaire est remise en cause par le manque d'eau, l'industrie syrienne n'est pas compétitive, le tourisme, présenté comme l'avenir de la Syrie, ne peut décoller en raison de la mainmise de quelques barons du régime et bien sûr de l'instabilité politique, explique le géographe français. Dans ce contexte économique et social, les déséquilibres territoriaux s'exacerbent". La "guerre" des classes Pour mieux comprendre ce phénomène, un retour dans le temps s'impose. Le 8 mars 1963, "un coup d'Etat militaire a porté à la tête du pays un groupe d'officiers 1 sur 4 25/11/11 1152 L'Orient-Le Jour Comment les inégalités sociales et spatiales ... baasistes dont la majorité est issue de la petite bourgeoisie rurale des provinces périphériques. La plupart d'entre eux appartiennent à des groupes de confessions minoritaires alaouite, druze, chrétien et ismaélite. Ils se sont emparés d'un pouvoir monopolisé depuis l'indépendance par la haute bourgeoisie qui possédait tout la richesse foncière, le grand commerce avec l'étranger et les industries naissantes. Aussi, ces secteurs économiques furent-ils la cible immédiate du nouveau régime, décidé à réduire le pouvoir des classes qu'ils jugeaient concurrent du leur". Dès son arrivée au pouvoir, le régime baasiste concentre donc ses efforts sur le monde rural, qui "représentait les trois quarts de la population syrienne", et lance un réforme agraire ambitieuse "les grands domaines agricoles sont démantelés et les terres distribuées aux paysans". La région côtière, fief de la communauté alaouite, est naturellement elle aussi favorisée. "L'Etat, au prétexte de sa vocation maritime, y implante plusieurs grandes entreprises, comptant encore aujourd'hui plus de 20% des emplois du secteur public industriel alors que la région rassemble moins de 10% de la population syrienne". Mais "dans tous les aménagements, les logiques clientélistes, communautaire et/ou politiques priment au détriment de la rationalité économique", note M. Balanche, auteur de "La région alaouite et le pouvoir syrien" Karthala, 2006. Selon lui, le succès fragile de la politique de développement du régime baasiste "s'achève sur un constat d'échec" dans les années 80, suite la crise économique provoquée par la chute de l'URSS, allié de la Syrie, et l'arrêt des aides financières des Etats arabes pétroliers. De 1973 à 1986, la Syrie recevait une aide annuelle comprise en 500 millions et 2 milliards de dollars, soit plus du quart de son PIB, des pétromonarchies du Golfe et cumulait plus de 10 milliards de dettes à l'égard de l'Union soviétique. Selon M. Balanche, la crise des années 80 a mis en évidence "l'absence de rentabilité économique d'un secteur public industriel, utilisé avant tout à des fins politiques." L'ouverture économique et ses conséquences Face au risque d'une explosion sociale inévitable – en raison notamment d'une démographie galopante -, Hafez al-Assad 1971-2000 décide de "libérer l'économie syrienne au début des années 90". Cette politique sera renforcée à l'arrivée de son fils Bachar, dix ans plus tard. "Depuis qu'il a succédé à son père, en juin 2000, Bachar al-Assad a donné un nouveau souffle au processus de libéralisation économique, souligne M. Balanche, mais là encore, sans remettre en cause les fondamentaux de la période précédente réforme agraire, secteur public industriel, administration pléthorique, etc. En revanche, il a interrompu la coûteuse politique de développement des régions périphériques". Résultat les migrations intérieures autour des quatre principales métropoles Alep, Hama, Homs et Damas reprennent. "Le flux migratoire majeur provient de la Djézireh nord-est, victime du désengagement de l'Etat et d'un exode rural massif, alors que dans les années 70-80, la région était un front pionnier très attractif", note le rapport. Selon l'économiste Samir Aïta, 300 000 emplois ont été détruits dans l'agriculture entre 2003 et 2007 "et le mouvement ne peut que s'accélérer, ajoute M. Balanche. L'agriculture n'est plus la priorité du régime, qui a besoin de l'eau agricole pour le développement des métropoles, de l'industrie et du secteur touristique". 2 sur 4 25/11/11 1152 L'Orient-Le Jour Comment les inégalités sociales et spatiales ... Le modèle damasquin La première ville à avoir bénéficié de ce retournement est la capitale syrienne, Damas. Selon le Bureau de l'investissement syrien, Damas concentre la moitié des investissements privés du pays, contre un cinquième pour Alep. Selon M. Balanche, c'est avec la politique d'ouverture économique, inaugurée en 1991 avec la loi numéro 10 censée favoriser les investissements étrangers, que la capitale syrienne a connu un tel succès. "La bourgeoisie damascène, bridée pendant trente ans par le régime baasiste, a immédiatement saisi les opportunités du nouveau contexte économique et de sa proximité géographique avec les autorités centrales", explique M. Balanche dans son document. Selon lui, le marché syrien a égament réussi à attirer quelques entreprises étrangères, en particulier dans l'agroalimentaire et la construction. "Cependant, ajoute-t-il, les conditions d'investissement, la rigueur du système d'embauche, héritée de la période socialiste, la quasi-obligation de prendre un représentant syrien proche du pouvoir et la corruption ambiante découragent les investisseurs." La loi numéro 10, toujours selon le spécialiste de la Syrie, a en fait été utilisée par des entrepreneurs syriens, dont certains vivaient à l'étranger, depuis les nationalisations des années 60 et 80, pour reprendre leur place dans l'économie nationale. "Elle a facilité la privatisation des monopoles publics par la nouvelle bourgeoisie d'affaires issue du régime, tel Rami Makhlouf", explique encore M. Balanche. "Diviser pour régner", l'exemple aleppin Mais le succès de Damas finit par inquiéter Bachar al-Assad, souligne l'expert. "Damas est devenue trop puissante, et Bachar, fidèle à la politique paternelle de diviser pour régner, s'efforce de réactiver Alep pour concurrencer la capitale, explique-t-il. L'activité économique de la ville s'est redressée dans les années 1990 et, jusqu'à la révolte syrienne, elle bénéficiait pleinement de l'accord de libre-échange avec la Turquie en 2005." "Cependant, note encore M. Balanche, l'ouverture économique n'a pas que des avantages, car les petites et moyennes entreprises aleppines souffrent de la concurrence des produits turcs et chinois. D'importantes faillites dans le textile ont eu lieu ces dernières années, l'agroalimentaire et la pharmacie résistant mieux grâce à la protection d'une législation rigoureuse". Un autre désavantage de la politique d'ouverture économique a été l'accroissement considérable des écarts de richesse en Syrie, provoquant une frustration au sein de la population. "La politique d'aménagement du territoire baasiste n'est pas parvenue à rééquilibrer durablement l'espace syrien, explique M. Balanche. Les villes portuaires de Lattaquié et Tartus capitalisent mal les bénéfices de leur fonction d'interface, en raison de la mainmise de l'asabiyya alaouite sur l'économie locale. Le réseau secondaire de petites et moyennes villes se dégrade avec le désengagement de l'Etat et la crise de l'agriculture. Le secteur privé ne parvient pas à développer leur potentiel en raison du poids de la bureaucratie et de la fermeture des sociétés locales malgré les incitations fiscales de l'Etat, notamment dans le quart nord-est." "L'espace de l'économie dirigiste et de la bureaucratie coexistent avec celui du libéralisme économique et de la mondialisation, souligne enfin l'expert, car le régime n'a pas effectué de rupture brutale avec le passé pour préserver les réseaux clientélistes qui le soutiennent". 3 sur 4 25/11/11 1152 L'Orient-Le Jour Comment les inégalités sociales et spatiales ... "Si le problème est social, la réponse, en revanche, est communautaire", conclut M. Balanche. "Le retournement de l'espace syrien ne pouvait que déstabiliser un régime qui tirait sa légitimité d'une construction spatiale opposée à celle qui s'impose aujourd'hui." Fabrice Balanche Directeur du Groupe de Recherches et d'Etudes sur la Méditerranée et le Moyen-Orient Maison de l'Orient et de la Méditerranée 4 sur 4 25/11/11 1152 Depuisle début des années 1990, le thème de la cohésion sociale est devenu omniprésent dans le vocabulaire politique de l’action des gouvernements. Il n’est question que d’œuvrer à son renforcement dans des sociétés qui se trouveraient menacées d’éclatement du fait d’une mondialisation qui affaiblit les attaches sociales des individus et les expose à l’insécurité Débats Les ruptures d’égalité transforment les comportements de tous ceux qui appartiennent au groupe des personnes discriminées, analyse l’économiste Stéphane Carcillo. Article réservé aux abonnés Vous avez publié, avec l’économiste Marie-Anne Valfort, un ouvrage sur les discriminations dans le monde du travail qui montre qu’il y a une corrélation entre les discriminations et la confiance dans les relations ­sociales. Comment fonctionne ce lien ? Le politiste américain Robert Putnam est le premier à avoir identifié, au début des années 2000, un lien entre la pratique des discriminations et l’émergence de la défiance. Parce que les ruptures d’égalité sont perçues comme des mécaniques profondément injustes, elles minent la cohésion sociale – et ce à grande échelle. Les discriminations n’ont rien de marginal les homosexuels représentent 5 % à 10 % de la population, les minorités ethniques près de 10 %, et les femmes constituent une minorité majoritaire ». Une part très importante de la popu­lation voit donc sa carrière et ses salaires stagner en raison de préjugés absurdes et de stéréotypes irrationnels. Ces discriminations donnent naissance à de véritables cercles vicieux au lieu de favoriser l’intégration des minorités, elles les encouragent à se replier vers leur communauté d’origine. Face à ces mécanismes d’exclusion, les minorités ont en effet tendance à rejeter les valeurs de la société d’accueil. Après les attentats du 11 septembre 2001, les musulmans qui vivaient dans les Etats américains où les actes islamophobes ont le plus augmenté affichaient ainsi, dix ans plus tard, des normes sociales plus rigoristes, des taux de mariages intracommunautaires plus élevés et des pratiques religieuses plus intransigeantes. Ces discriminations ont, selon vous, des conséquences ­au-delà même du cercle des personnes qui sont ­directement discriminées. Par quels mécanismes ? Les discriminations nuisent aux personnes qui en sont victimes, mais elles perturbent aussi plus largement le jeu social ­elles transforment les comportements de tous ceux qui appartiennent au groupe des personnes discriminées. Des études américaines et françaises mettent ainsi en évidence le mécanisme de la menace du stéréotype » les personnes appartenant à des minorités redoutent tellement les préjugés associés à leur couleur de peau, leur sexe ou leur orientation sexuelle qu’elles perdent leurs moyens lors des tests. Et elles finissent par confirmer involontairement l’image négative de leur groupe. Jeff Stone, professeur de psychologie de l’université d’Arizona, a ainsi montré, lors d’une expérience réalisée à Princeton, que les Afro-Américains réussissent mieux un exercice sportif s’il est présenté comme une mesure de l’aptitude physique naturelle » que comme une mesure de l’aptitude à développer une stratégie durant une performance sportive » – comme s’ils voulaient confirmer les stéréotypes qui veulent que les Noirs soient plus doués pour le sport que pour les matières intellectuelles. Les préjugés pèsent aussi lourdement sur les filles parce qu’elles sont censées avoir moins de dispositions pour les mathéma­tiques que les garçons, elles réussissent mieux le même test d’arithmétique quand il n’y a pas de garçons dans la salle… Il vous reste de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés. Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Découvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois ordinateur, téléphone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.
'Le retournement de l'espace syrien'' : Fabrice Balanche, chercheur et spécialiste de la Syrie, décrypte la crise en cours.Dans un rapport
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Notez un député national toucherait actuellement, selon des sources crédibles, au moins 4 030$ ; et environ 6 000$ pour les sénateurs le mois. Les députés provinciaux, eux, recevraient chacun 2 50
Le syndicat CSC Metea a dénoncé lundi la promotion des plans cafétéria. Cette centrale du syndicat chrétien, active dans les secteurs de la sidérurgie, la métallurgie et du textile, alerte sur le développement d'avantages extralégaux qui échappent aux impôts et aux cotisations sociales, ainsi que sur leur manque de transparence. Temps de lecture 2 min La CSC Metea réagit à l'outil Flexyoo lancé par la fédération Agoria, qui propose à ses entreprises de laisser leurs employés composer eux-mêmes leur package salarial, en remplaçant une partie de leur rémunération par des avantages extra-légaux. Ces plans "sont souvent attrayants, même aux yeux des travailleurs, mais à long terme ils minent le financement de la sécurité sociale", déclare le président de la centrale, William Van Erdeghem. Le syndicat rappelle avoir déjà signalé l'impact de ce type de plans sur la sécurité sociale et leurs conséquences pour les travailleurs. Une personne qui renonce à une partie de son salaire en échange d'un leasing vélo peut, par exemple, finir par recevoir une pension plus faible, ainsi qu'une prime de fin d'année et un pécule de vacances "rabotés", illustre l'organisation. "Si de nombreuses personnes percevant de gros salaires commencent à les optimiser en masse à travers ces plans, les recettes de la sécurité sociale risquent de fondre", opine William Van Erdeghem. "Les autorités acclament d'une part la sécurité sociale, qui constitue un pilier en ces temps difficiles. D'autre part, elles permettent aux employeurs de recevoir de plus en plus d'avantages exonérés d'ONSS", ajoute-t-il. Pour le syndicat, les plans cafétéria accentuent les inégalités entre travailleurs. "Dans les secteurs et emplois moins bien rémunérés, surtout, ils constituent un problème supplémentaire. Car toutes sortes d'avantages sociaux sont de plus en plus liés au revenu, ce qui ne fait que renforcer le problème des pièges des bas salaires", conclut le syndicat. Le fil info La Une Tous Voir tout le Fil info Aussi en Voir plus d'articles Allez au-delà de l'actualité Découvrez tous les changements Découvrir À la Une Le prix du diesel passe à nouveau la barre des 2 euros le litre Enquête Le covid a fait bondir les secondes sessions en secondaire Par Eric Burgraff et Charlotte Hutin Bruxelles ce qui change sur le réseau Stib à partir de la semaine prochaine Wallonie bientôt la fin de la tolérance pour les radars tronçons des routes régionales? carte interactive Gouvernement fédéral une rentrée politique sous le signe du budget Par Maxime Biermé et Martine Dubuisson Assassinat de la fille d’un idéologue proche de Poutine un groupe russe aurait revendiqué l’attaque
16Mais pour certains, la notion de cohésion sociale présente les caractéristiques d’un quasi-concept (Bernard, 1999) et, pour l’essentiel, elle servirait de cache-misère aux inégalités sociales grandissantes (Jenson, 1998). Pour Bernard (1999), la cohésion sociale est aussi un concept de convenance, comme les expressions apparentées de « capital social » ou de « confiance

Le Parlement a définitivement adopté lundi 20 décembre, après un ultime vote de l'Assemblée, le projet de loi sur la cohésion sociale qui aborde à la fois l'emploi, le logement et l'égalité des chances. Les députés ont voté lundi par 23 voix contre 11 les conclusions de la commission mixte paritaire CMP, 14 députés et sénateurs sur ce texte, déjà adoptées par le Sénat jeudi dernier, ce qui vaut adoption définitive du texte par le Parlement. Comme en première lecture, l'UMP et l'UDF ont voté pour, le PS et le PCF contre. Parmi les mesures phares du volet emploi de ce projet de loi, figurent la création d'un "contrat d'avenir" destiné aux bénéficiaires de minima sociaux, la réforme de l'apprentissage et la fin du monopole de l'ANPE en matière de placement. Concernant le logement, le texte prévoit la construction de logements locatifs sociaux entre 2005 et 2009. Le projet de loi représente un engagement financier d'environ 15 milliards d'euros sur cinq ans. L'un des débats les plus sensibles aura porté sur un volet licenciement économique et droit au reclassement, ajouté au dernier moment par le gouvernement dans une lettre rectificative.

Inégalitéssociales : Elles portent sur la possession de biens, matériels ou non, qui entraînent des avantages ou désavantages concernant les ressources sociales valorisées dans la société. ii. Le caractère multiforme des inégalités Inégalité dans ordre de l'avoir : Inégalité dans distribution ressources matérielles, répartition de la richesse sociale. Inégalité dans ordre

Le tour de la question 15 octobre 2020 Handicap et inégalités les principales donnéesLes statistiques sur les inégalités subies par les personnes handicapées sont rares. Elles montrent une situation qui leur est très défavorable, que ce soit en termes de niveau de vie, d’éducation, d’emploi ou de participation à la vie sociale. Le tour de la question par Gérard Bouvier, de l’Insee. ... Revenus et patrimoine Emploi Conditions de vie Le tour de la question 11 janvier 2018 Les inégalités entre les femmes et les hommes en EuropeLes inégalités entre les femmes et les hommes se réduisent en Europe, mais l’égalité est encore loin d’être atteinte dans de nombreux domaines, et les situations sont très contrastées d’un pays à l’autre. Certains sujets, comme la santé ou l’éducation, avantagent toutefois les femmes. Le tour de la ... Europe Le tour de la question 16 juillet 2014 Qui sont donc les classes moyennes ?Les classes moyennes occupent le débat public. Mais de qui parle-t-on exactement ? Quelques éléments pour tenter d’y voir plus clair. Par Valérie Schneider et Louis Maurin de l’Observatoire des inégalités. Revenus et patrimoine Catégories sociales Le tour de la question 11 mars 2014 La situation des zones urbaines sensiblesDes écarts énormes existent entre les Zones urbaines sensibles et le reste du territoire des agglomérations où elles se situent. La situation de l’emploi y est particulièrement difficile. Les niveaux de vie de ces quartiers sont très inférieurs à la moyenne. Le tour de la question par Louis Maurin, ... Territoires Le tour de la question 3 juillet 2013 Vacances des jeunes, les écarts s’accroissent Si les vacances se sont démocratisées ces cinquante dernières années, un quart des jeunes de moins de 19 ans n’ont pas la possibilité de partir de leur domicile pendant les congés. Les écarts s’accroissent même entre les catégories sociales. Le tour de la question par l’Observatoire des ... Conditions de vie Catégories sociales Ages et générations Le tour de la question 19 mars 2012 La pauvreté en Europe état des lieux16,4 % de la population européenne est pauvre. Suivant le pays, l’âge, le sexe ou encore l’origine, les taux de pauvreté varient considérablement… Europe Le tour de la question 20 septembre 2011 Comment vivent les Européens ?C’est en Europe qu’il fait le mieux vivre au monde. Mais de grandes disparités existent entre les pays du continent. Conditions de vie Le tour de la question 7 juillet 2011 Les vacances les inégalités persistentPrès de la moitié des Français ne partent pas en vacances. Les catégories les plus aisées partent davantage et plus souvent. Conditions de vie Le tour de la question 15 mars 2011 Inégalités que peuvent faire les départements ?Les élections cantonales ont lieu les 20 et 27 mars prochains. Enjeu la gestion des 101 départements français qui ont un rôle important à jouer dans le domaine de la réduction des inégalités. Les explications de Valérie Schneider et Louis Maurin, de l’Observatoire des ... Territoires Le tour de la question 21 décembre 2010 Comment se construisent les inégalités sociales de santé ? Comment expliquer qu’un cadre à 35 ans ait une espérance de vie de 46 ans, alors qu’un ouvrier du même âge ne dispose que de 39 années à vivre en moyenne ? Le tour de la question des inégalités sociales de santé, par Pierre Volovitch de l’Observatoire des ... Conditions de vie

Lacohésion sociale est définie le plus souvent comme étant la nature et l’intensité des relations sociales qui existent entre les membres d’une société ou d’une organisation (source : Wikipédia). Un peu d’histoire : selon les
1La question ici abordée concerne l'organisation dynamique du territoire brésilien dans ses rapports avec les changements sociaux et politiques. Le thème est vaste étudier la différenciation spatiale du Brésil et y lire la transcription géographique des inégalités sociales. En réalité, l'objectif du propos est à la fois limité et ambitieux. Limité car il ne s'agit pas ici de rappeler des inégalités régionales connues. Ambitieux car il s'agit de combiner les différentes échelles géographiques auxquelles fonctionnent les inégalités socio-spatiales et de réfléchir aux outils théoriques susceptibles d'en permettre l'intelligence. 2Quelques mots-clés peuvent cadrer la démarche inégalité, intégration, exclusion, ségrégation, cohésion, fragmentation. S'il y a inégalité sociale, celle-ci peut en effet recouvrir des relations très dissemblables entre les partenaires y a-t-il intégration dans un jeu où le fort reste proche du faible pour mieux le dominer, ou exclusion sociale, le riche mettant une barrière entre lui et le pauvre ? Le lien social intégrateur va-t-il de pair avec une certaine cohésion territoriale, et l'exclusion sociale avec la ségrégation, la frontière, la discontinuité ? Ou faut-il parler de fragmentation territoriale à analyser dans une approche pluriscalaire ? Enfin, si le social se croise avec le spatial, la dimension du temps doit aussi être présente pour les héritages que l'histoire a laissés et leur recomposition avec les données d'aujourd'hui. 3L'organisation de l'espace disant l'inégalité sociale, la renforçant et contribuant à sa reproduction, faut-il à ces mots-clés ajouter celui de justice socio-spatiale ? Doit-on étudier les inégalités sur le seul plan de l'analyse, en décrivant les faits et en proposant leur explication, ou peut-on donner à ces inégalités une qualification éthique et les apprécier au regard de valeurs ? Le mélange des registres ne serait pas sans danger s'il était implicite et mêlait sans méthode le discours scientifique et le discours de jugement. En revanche, peut être défendue comme légitime une approche qui dit clairement à quelle théorie de la justice elle se réfère et au nom de quels principes elle apprécie les réalités. Pourquoi la philosophie morale devrait-elle être confisquée par les seuls philosophes et n'avoir pas sa place dans les sciences sociales ? Penser le territoire à la lumière de la philosophie morale et politique 4Si la géographie est la science de la différenciation spatiale, force est de constater que la différence renvoie à plusieurs significations possibles. Que le territoire ne soit pas homogène, c'est une évidence dictée par les données physiques et les contraintes économiques. Outre la répartition des potentiels naturels, nombre d'activités ont nécessairement une localisation ponctuelle et ne pourraient être distribuées d'une manière uniforme dans l'espace. Constat d'une manifeste banalité, mais plutôt réjouissant quel ennui produirait la planète si elle n'était variée et si, allant ailleurs, on rencontrait le semblable au lieu d'être confronté au dépaysement et à l'altérité ! La véritable question porte donc sur le sens social des différences qui existent entre les lieux et entre les hommes la différence est-elle la diversité dans l'égalité ? Quand la différence devient-elle inégalité ? Quand l'inégalité devient-elle injustice ? 5La présente réflexion s'appuie sur la Théorie de la Justice de John Rawls 1987. Sans prétendre la résumer en quelques lignes, il est nécessaire pour la suite du propos d'en rappeler les lignes maîtresses et d'exposer en quoi elle peut s'avérer féconde en géographie. Le pari ici tenu est en effet que la philosophie morale constitue un outil pour penser le territoire Bret, 2000 ; 2001. 1 J'ai tenté de généraliser et de porter à un plus haut niveau d'abstraction la théorie tradi-tionne ... 2 Pour que les principes retenus atteignent le plus haut niveau d'abstraction et aient ainsi une val ... 6Dans une perspective kantienne qui vise à l'universalité, John Rawls pense la justice non pas comme égalitarisme, mais comme optimisation des inégalités. C'est en quoi sa théorie, bien qu'elle porte sur l'organisation de la société, peut s'avérer précieuse pour appréhender le territoire, mentionné plus haut comme différencié et porteur d'inégalités. Dans la tradition des philosophies du contrat1, John Rawls énonce en ces termes les deux principes fondamentaux de la justice comme équité2 7- en premier lieu chaque personne doit avoir un droit égal au système le plus étendu de libertés de base égales pour tous qui soit compatible avec le même système pour les autres ; 8- en second lieu les inégalités sociales et économiques doivent être organisées de façon que, à la fois, a l’on puisse raisonnablement s’attendre à ce qu’elles soient à l’avantage de chacun, et b qu’elles soient attachées à des positions et à des fonctions ouvertes à tous Rawls, 1987, p. 91. 9Le premier principe jouit d'une priorité sur le second et ne peut donc être enfreint pour que le second soit satisfait. Le second principe, que John Rawls appelle le principe de différence, dit à quelles conditions l'inégalité est compatible avec la justice que tous aient accès à toutes les positions sociales dans des conditions égales, ce qui exclut les sociétés de castes, et que tous tirent un mieux-être des inégalités existantes. Ce dernier point est d'une importance capitale. Il signifie que, pour être conforme à la justice, l'inégalité doit être telle qu'elle maximise le sort de ceux qui ont le minimum le critère du maximin dit si l'inégalité satisfait au principe de différence. La définition de l'injustice s'en déduit en toute logique l'injustice est alors simplement constituée par les inégalités qui ne bénéficient pas à tous Rawls, 1987, p. 93. S'affichant d'une manière explicite comme une alternative à l'utilitarisme, la théorie rawlsienne apporte avec la notion de maximin une contribution fondamentale à la justice distributive. Définissant les biens premiers comme tout ce qu'on suppose qu'un être rationnel désirera Rawls, 1987, p. 122, John Rawls place sous ce terme les droits, les libertés et les possibilités offertes, les revenus et la richesse et parle à leur propos de biens sociaux premiers puisqu'ils résultent de l'organisation sociale et qu'ils doivent être distingués des biens premiers naturels que sont la santé et les talents. Ce sont d'ailleurs la diversité et l'inégalité dans la dotation des biens premiers naturels qui rendent nécessaire une règle déterminant l'accès équitable aux biens sociaux premiers. Enfin, John Rawls, énonce le principe de réparation selon lequel doivent être réparées les inégalités qui ne profitent pas à tous et qui sont donc des injustices ce principe affirme que, pour traiter toutes les personnes de manière égale, pour offrir une véritable égalité des chances, la société doit consacrer plus d'attention aux plus démunis quant à leurs dons naturels et aux plus défavorisés socialement par la naissance Rawls, 1987, p. 131. Ce principe donne leur légitimité aux discriminations positives. 10Ce bref rappel était nécessaire. Reste à montrer que cette théorie offre un cadre permettant de penser l'espace. D'un intérêt majeur pour toute réflexion sur le développement inégal et sur le territoire en tant qu'espace social inégalement développé. Elle aide ici à formuler les questions essentielles sur le Brésil de ces dernières décennies comment répartir la richesse produite ? Faut-il sacrifier une classe sociale pour assurer le démarrage de la croissance ? Une distribution moins inégalitaire du revenu est-elle un danger pour la maximisation du produit total ? Est-ce vrai, le cas échéant, dans la seule phase historique de l'accumulation initiale ou cela le reste-t-il une fois enclenché le processus de croissance cumulative ? 11Si la théorie rawlsienne ne retient pas l'égalitarisme comme principe de justice, l'idée d'égalité, elle, reste au cœur de sa problématique. Pour la justice comme équité, l'inégalité des conditions matérielles n'est admissible que si elle profite d'abord aux plus pauvres, c'est le principe du maximin, mais aussi sous la double réserve que, d'une part, l'accès des positions sociales soit ouvert à tous dans des conditions égales et, d'autre part, que soit satisfait le premier principe de justice, lequel, attribuant un droit égal au système le plus étendu de libertés de base égales pour tous, pose l'égalité de la valeur intrinsèque des personnes. Cette affirmation est capitale pour l'organisation de la vie en commun, elle fonde la culture démocratique et implique aussi que l'inégalité des conditions matérielles soit contenue dans des limites compatibles avec l'exercice effectifs des libertés. 12La question de savoir si l'inégalité territoriale peut être qualifiée d'injuste étend donc à l'espace le principe du maximin l'unité territoriale la plus pauvre est-elle appauvrie par la concentration de la richesse dans l'unité territoriale la plus riche, ou la première gagne-t-elle par entraînement au fait que la seconde soit mieux lotie ? Paupérisation absolue dans un cas, et relative dans l'autre. Ou encore, peut-être, périphérie dominée dans un cas et intégrée dans l'autre. L'application du maximin conduit-elle à utiliser l'inégalité comme moteur du développement, et comment ? Le principe de réparation est-il mis en œuvre par l'aménagement du territoire ? La complexité de la configuration réside dans le fait que les territoires sont occupés par des sociétés globales elles-mêmes différenciées en groupes sociaux aux intérêts divergents, d'où il s'ensuit que la compétition sociale interfère avec les enjeux territoriaux. Mais cette difficulté présente l'intérêt de maintenir au centre du raisonnement l'attention aux conditions socio-politiques dans lesquelles les résultats économiques sont atteints, car l'ordre des principes exige d'abord le respect des personnes et l'égalité de tous dans l'accès aux libertés. Une intégration traditionnelle au service d'un modèle social inégalitaire 13Parce qu'il a pour contraire l'exclusion, le terme intégration bénéficie souvent d'un a priori favorable. Il semble signifier la solidité du lien social et trouver son répondant géographique dans l'idée de cohésion territoriale. Or, cette interprétation univoque masque l'ambiguïté du mot. Signifiant le renforcement des liens existant entre les éléments d'un système, l'idée d'intégration, quand elle s'applique aux groupes humains, exprime certes l'étroitesse du lien social. Mais elle ne dit rien sur la nature de ce lien, ce qui interdit de lui attribuer sans examen une qualification positive. À la limite, l'intégration maximum existe dans les sociétés de type holiste où chacun ne vaut que par sa participation au groupe dans le rôle qui lui y est dévolu société oppressive qui nie l'individu et le prive de cette liberté essentielle qu'est la formulation d'un projet de vie. En réaction, l'individualisme doit être salué comme une promotion des personnes. Ce n'est pas contradictoire avec l'idée d'intégration sociale, mais alors d'une nature différente, fondée sur une dynamique où chacun, reconnu pour lui-même comme un acteur social, peut choisir et agir. 14Il vaut donc la peine d'interroger l'intégration sociale. L'observation de l'espace social d'aujourd'hui, avec ce qu'il traîne d'héritage du passé, peut y aider. Le lien social vertical se lit dans l'organisation de l'espace social local Interférence des lieux et interférence des temps approche pluriscalaire et référence à des périodes historiques diverses pour appréhender l'espace social 3 C'est le quarto empregada. 4 Employées est volontaire-ment mis au féminin ce sont systématiquement des fem-mes les empregada ... 15Espace privé par excellence, le logement informe sur la société. Le contraste entre les immeubles dotés du confort et l'habitat précaire des favelas est ce qui frappe d'abord. Il en sera question plus loin. Doit être noté auparavant, à une autre échelle, le plan des logements individuels eux-mêmes dans les immeubles urbains il n'est pas d'appartement destiné à la clientèle aisée ou aux classes moyennes qui ne compte une ou deux chambres de bonne3. Il est vrai que les usages évoluent avec le temps et que certains jeunes ménages, même disposant de revenus confortables, préfèrent s'organiser sans domestique à demeure. La baisse des prix de l'électro-ménager les y encourage, comme le fait que les employées4 défendent aujourd'hui mieux leurs droits que par le passé. Mais la raison essentielle de ces nouveaux comportements, encore minoritaires, réside dans la volonté de rompre avec des usages où il était inconcevable de tenir son rang, fût-il moyen, sans avoir à disposition quelqu'un à son service. 5 Malgré l'exiguïté, la chambre de bonne garantit une habitabilité meilleure que bien d'autres logem ... 6 Le plus célèbre fut celui de Palmares, dans l'État actuel de l'Alagoas. 7 Le 20 novembre est chaque année au Brésil le jour de la conscience noire, en souvenir de la mort d ... 16Le présent fait ici écho au passé la chambre de bonne d'aujourd'hui, quelques mètres carrés donnant sur la cuisine5, est l'héritière de la senzala de l'esclave d'autrefois. Le sociologue Gilberto Freyre avait magnifiquement décrit la société coloniale et l'avait résumée dans l'opposition entre la casa grande - la maison du maître - et la senzala - la maison de l'esclave Freyre, 1974. Ce rappel historique éclaire la question ici traitée l'intégration sociale examinée dans ses rapports avec la qualité du lien social. Est-il un système social qui intègre plus que celui où le travailleur est la propriété de son maître ? Et en est-il de plus injuste, de plus attentoire à la liberté individuelle et aux droits de l'homme ? C'est précisément de n'avoir pas assez souligné ce point qui a été parfois reproché à Gilberto Freyre. Son analyse, brillante et dite dans une langue superbe, présentait un Brésil colonial fondé sur la conciliation des hommes plus que sur l'affrontement des groupes sociaux alors que les tentatives des esclaves pour secouer le joug de l'oppression ont été nombreuses. Les quilombos6, refuges d'esclaves marrons, constituaient autant d'espaces de liberté pour ceux qui avaient fui les plantations. L'idée d'une émancipation des Noirs devait venir plus tard, et, pendant longtemps, il n'était pas possible de se libérer sans inscrire cette liberté en un lieu, c'est-à-dire sans s'évader de la terre de servitude pour créer ailleurs un territoire soustrait à l'ordre colonial. Eloquente illustration de l'intégration comme injustice à quoi ne pouvait répondre qu'une exclusion volontaire. Le souvenir de la résistance noire conquiert peu à peu sa place dans la culture politique du Brésil7 car le fait majeur de la période esclavagiste a bien été, par définition, l'esclavage intégrer pour asservir. 8 Morador vient du verbe morar qui signifier habiter le morador travaille sur le grand domaine et ... 17L'organisation du grand domaine agricole a prolongé, après la libération des esclaves, le lien social vertical qui lie celui qui a la terre et celui qui la travaille. Ce fut le système de la moradia dans lequel le morador8 cultive la terre du maître contre l'usufruit d'un lopin de terre. Perdure dans la moradia la dépendance personnelle du pauvre envers le riche, c'est-à-dire la forte intégration sociale dans une situation d'injustice. Le lien social reste ici un lien de domination, et l'espace social demeure pour le dominé un espace clos, limité au grand domaine. C'est un espace privé où se nouent pourtant les relations entre les acteurs sociaux, en cohérence avec un système social paternaliste où le dominant sert de médiateur au dominé pour son insertion dans l'espace public, son devenir social et son expression politique. L'organisation territoriale nationale 18La genèse de la société brésilienne est intimement liée à la formation de son territoire Droulers, 2001. 9 Le traité de Tordesillas date de 1494, deux ans après la découverte du nouveau monde et six ans av ... 19Deux processus ont permis que la nation prenne pleinement possession de son espace. Le premier est la conquête de l'Ouest. Les bandeirantes, fondateurs horizontaux du Brésil, ont pénétré le sertão à partir du littoral tôt occupé par les fondateurs verticaux qu'avaient été les planteurs. Leur aventure mettait en œuvre ce souci constant des autorités portugaises puis brésiliennes de repousser le méridien, c'est-à-dire d'aller au-delà de la limite que l'Espagne et le Portugal avaient fixée arbitrairement à leurs ambitions respectives lors du Traité de Tordesillas avant même que le Brésil ne fût découvert9 ! L'incorporation de terres nouvelles a réalisé l'intégration de l'intérieur dans un territoire contrôlé par les élites sociales de la côte. Le second processus, plus récent, a été l'intégration des régions dans un espace économique cohérent. Les différentes régions ont en effet longtemps entretenu des relations directes avec l'Europe davantage que des relations entre elles. Le profil exportateur de leurs économies respectives les y poussait, tout comme la précarité des transports intérieurs. C'était l'époque de l'archipel brésilien Thery, 2000. Puis vint un moment où les relations entre les régions se sont intensifiées et où l'archipel s'est fait continent selon l'expression d'Aroldo de Azevedo 1968. 20Intégration économique donc, et aussi intégration territoriale. L'intégration sociale a-t-elle progressé dans le même temps ? Sans doute, car le phénomène bandeirante a fait corps avec l'identité nationale et a consolidé chez les Brésiliens le sentiment d'une commune appartenance à une terre. Mais, paradoxe témoignant de l'aliénation sociale que peut véhiculer la territorialité, alors que tous partageaient le sentiment d'appartenir à une terre, la terre, elle, était la propriété de quelques-uns seulement ! La perception du territoire à l'échelle nationale se combinait ainsi avec des structures foncières excluant de la propriété du sol la majeure partie de la population. 21L'histoire a donc laissé en héritage une véritable nation Hérodote, n°98, 2000. Mais l'intégration sociale y a plus servi l'injustice que l'équité. Modernisation et justice socio-spatiale 22Questionner les inégalités socio-spatiales au cours des dernières décennies, c'est se demander si l'intégration sociale a continué à jouer son rôle de domination et de contrôle social ou si sa fonction s'est modifiée dans le sens d'une plus grande solidarité. C'est aussi s'interroger sur les transformations spatiales qui ont enregistré les changements sociaux, les ont consolidés et les ont peut-être amplifiés. 23Brasilia donne ici matière à réflexion. En établissant la nouvelle capitale sur les austères plateaux du Goias, le Président Juscelino Kubitschek relançait la tradition bandeirante et créait à l'intérieur un point d'ancrage utile à la mise en valeur de l'Ouest. La localisation même du nouveau district fédéral symbolisait l'unité nationale au partage des eaux du São Francisco à l'Est, du Parana au Sud et du Tocantins au Nord-Ouest, Brasilia se situe à la soudure des grandes régions naturelles et humaines du pays et constitue le lieu idéal pour organiser l'intégration du Brésil pauvre, le Nordeste, et du Brésil riche, le Sudeste et le Sud, avec le Brésil pionnier de l'Amazonie. Mais, pour essentiel qu'il soit à l'intégration du territoire national, ce lieu, dans les limites du district fédéral, donne à voir le spectacle de la ségrégation et de l'exclusion sociale. C'était rêverie de croire que la nouvelle capitale pourrait symboliser aussi l'harmonie sociale cette ville est à l'image du pays dont elle est la tête. Aussi, l'inégalité sociale s'y lit-elle d'une façon particulièrement nette les classes privilégiées dans le plan-pilote de Lucio Costa et Oscar Niemeyer, les classes moyennes et défavorisées dans les villes satellites à plusieurs dizaines de kilomètres, et les plus pauvres, enfin, dans des favelas. 24Le Brésil s'est ainsi modernisé en combinant deux processus contradictoires - l'intégration et l'exclusion - perceptibles chacun à plusieurs échelles et appliqués à la société comme au territoire. La modernisation conservatrice et l'espace social 25Intégration et exclusion, le modèle brésilien de croissance a porté à son paroxysme cette singulière association, quand, autour des années 1970, on a parlé du miracle brésilien, apparent succès économique utilisé par les militaires au pouvoir de 1964 à 1985 pour revendiquer une légitimité, comme si un taux de croissance pouvait suppléer le verdict des urnes ! 26La véritable question à poser est celle-ci croissance pour qui ? La haute conjoncture s'alimentait d'une large ouverture aux capitaux étrangers et d'un gros effort à l'exportation, deux choix requérant une sévère contention des salaires, que le dumping social serve à attirer les entreprises extérieures ou qu'il rende les exportations plus compétitives à l'étranger. La période est ainsi caractérisée par une concentration des revenus, d'autant que le régime voulait favoriser les classes moyennes urbaines dans l'espoir, pas toujours déçu, de s'assurer leur soutien. De toutes les façons, il était cohérent d'élever le pouvoir d'achat de ces classes sociales pour soutenir la construction automobile et, plus généralement, les industries de biens de consommation durable. Cohérent, mais injuste puisque l'inégalité dans la distribution des revenus n'était pas réalisée dans le but de tirer les plus pauvres vers le haut et contrevenait donc fondamentalement au principe du maximin. 27On avait parlé de miracle, mais la vérité est qu'il n'y eut pas de miracle face au premier choc pétrolier de 1973 malgré une capacité d'adaptation remarquable en matière énergétique, ni face au second de 1979, et pas davantage devant la crise de la dette des années 1980. Comme dans toute l'Amérique latine, ce furent les années de la décennie perdue pour la croissance, mais gagnée pour la démocratie. L'incapacité des gouvernants à résoudre la crise leur ôtait le simulacre de légitimité qu'ils avaient cherché dans la croissance, et les jours du régime étaient dès lors comptés. 28Dit maintes fois, le fait doit être ici rappelé la période militaire a été réactionnaire sur le plan social, mais elle a modernisé le Brésil dans de nombreux domaines. Imposant au pays une marche forcée vers la puissance économique et l'affirmation sur la scène internationale, le régime autoritaire voyait en effet dans l'aggravation des inégalités internes le moyen d'assurer la puissance externe certains groupes sociaux, certaines entreprises, certains lieux devaient être favorisés pour se hisser au niveau du premier monde, sans considération pour ceux des Brésiliens qui ne suivraient pas et s'en trouveraient marginalisés. L'expression de modernisation conservatrice peut donc être appliquée à ce processus une modernisation qui ne se réalise pas dans l'intérêt des plus pauvres. Autant dire plus explicitement modernisation de l'injustice Bret, 2000, p. 340. Les échelles géographiques de l'injustice 29L'approche pluriscalaire se révèle là encore de bonne méthode, pas tellement parce qu'elle permettrait de voir les phénomènes à des niveaux de détail plus ou moins fins, mais parce qu'elle fait apparaître selon les échelles d'analyse des acteurs institutionnels et sociaux distincts et des intérêts divergents. 30À l'échelle nationale, l'idée d'intégration était plus que jamais à l'ordre du jour sous les militaires. Consacrée en 1970 par un Plan d'intégration nationale, elle se trouvait au centre du projet territorial du Second plan de développement 1975-1979. L'idée était d'articuler de façon plus efficace les potentialités complémentaires des différentes régions du pays. Que cela ait été alors un moyen pour taire les racines sociales des difficultés du Nordeste atteint par une grave sécheresse en 1970 n'est pas douteux situer le remède ailleurs permettait de déplacer la crise de la sphère sociale et donc du registre politique vers le registre apparemment technique de la construction des routes sur les terres vides de l'Amazonie. De plus, renouer avec la tradition pionnière était bien de nature à flatter une opinion publique sensible au thème d'un Brasil Grande engagé dans une aventure prométhéenne qui consoliderait sa souveraineté et le confirmerait comme une puissance qui compte dans le monde. 31Dans la continuité de ce que le régime antérieur avait fait à Brasilia, l'opération lancée alors en Amazonie ne peut certes pas être critiquée a priori dans son principe car occuper humainement et économiquement les régions de l'Ouest et mieux les incorporer au reste du territoire brésilien est un objectif d'une utilité peu contestable. Le problème ici discuté se situe sur un tout autre plan il est de savoir si l'idée d'intégration nationale a été utilisée pour servir la cohésion sociale dans une plus grande justice, ou, au contraire, si elle a été instrumentalisée au service du conservatisme social. À l'échelle nationale, il est bien vrai que l'Amazonie a été arrimée au reste du territoire par un réseau de circulation cohérent et insérée dans l'économie du pays l'intégration nationale a été réussie. Mais à cette intégration territoriale nationale fait contraste une exclusion sociale et une fragmentation des territoires régionaux et locaux. 32Comme le montre le Nordeste, l'idée d'intégration nationale était largement contradictoire avec celle d'intégration régionale. Elle devait même entraîner la déstructuration du territoire régional et sa restructuration au sein d'un ensemble géographique plus vaste dans lequel il perdait une part de son identité. 33La politique d'aménagement lancée en 1960 par Juscelino Kubitschek et mise en œuvre dans le Nordeste par Celso Furtado avait consisté à développer la région à coup d'investissements publics et de soutiens publics aux investissements privés, mais elle appelait des transformations sociales - la réforme agraire et la redistribution du revenu - susceptibles de permettre la diffusion de la croissance à partir des agglomérations urbaines bénéficiaires des investissements initiaux, en particulier industriels. En d'autres termes, dans la prévision que les villes les plus importantes de la région - Recife, Salvador et Fortaleza - deviennent de véritables pôles de développement, il était attendu que les effets multiplicateurs des investissements se réalisent dans le Nordeste lui-même et l'entraînent dans une dynamique de croissance. Dans une formulation rawlsienne, ce scénario apparaît juste car il aurait optimisé les inégalités de façon que les régions de l'intérieur bénéficient des retombées des opérations conduites dans les espaces urbains du littoral et soient ainsi tirées vers le haut. Cette politique était en phase avec l'orientation de la Cepal - Commission économique des Nations Unies pour l'Amérique Latine - et avec les recommandations de l'Alliance pour le Progrès. C'est dire que, malgré le danger pour l'ordre social qu'y virent ses détracteurs les plus conservateurs, elle ne remettait nullement en cause la libre entreprise et le marché. Mais, l'idée forte qui l'inspirait était que la justice sociale constituait un facteur d'efficacité pour la modernisation du pays. 34C'est précisément contre cela que les forces armées ont pris le pouvoir en 1964. Il était inévitable que l'aménagement du territoire s'en trouve bouleversé, car la régulation étatique doit maintenir une cohérence entre l'action sur l'espace et le projet de société appliquer le principe du maximin dans l'aménagement du territoire aurait supposé que la promotion des plus modestes fût un objectif prioritaire. Or, à partir de 1964, c'est tout le contraire. Le coût social élevé - surexploitation des travailleurs et exclusion sociale - était tenu pour la rançon nécessaire au progrès. 10 Les micro-régions sont au Brésil des unités territoriales qui regroupent plusieurs municipes à des ... 35Pour ce qui est du Nordeste, la croissance extravertie fit fonctionner les villes du littoral bénéficiaires des investissements comme des enclaves. Elles tournent le dos à leur environ-nement géographique immédiat parce que celui-ci n'offre pas un milieu social, économique et culturel réceptif à la diffusion de la croissance. Elles regardent vers le centre économique national, São Paulo, d'où viennent les capitaux, avec lequel se sont nouées les relations interindustrielles et vers où se dirigent les ventes, quand ce n'est pas vers l'étranger. Ce phénomène a renforcé la dissymétrie de l'espace nordestin, bien que les autorités aient à plusieurs reprises appliqué des fonds publics pour dynamiser les villes de l'intérieur et les rendre capables de fixer les investissements productifs. Ce fut largement en vain ce que l'on est tenté d'appeler la rugosité de l'espace économique du Nordeste - sans doute un trait géographique caractéristique du sous-développement - y a fait obstacle. Des exemples locaux peuvent certes démentir un propos exagéré, mais la tendance lourde consiste bien en une fragmentation territoriale opérée entre d'une part les quelques points entraînés dans une expansion économique initiée et contrôlée par le Sudeste, et d'autre part, les vastes zones quasi ignorées par la croissance. Les chiffres le montrent, et notamment la part que les capitales estaduais occupent dans le produit intérieur brut de leurs États respectifs. Dans une étude réalisée à l'échelle des micro-régions des capitales10, J. R. Vergolino et A. Monteiro Neto 1997 ont mis en évidence le fait que les capitales nordestines ont confisqué la croissance Fortaleza représentait 53 % du PIB du Ceara en 1970... et 81 % en 1991, Recife 62 % de celui du Pernambouc en 1970… et 77 % en 1991, Salvador 44 % de celui de Bahia en 1970… et 67 % en 1991. Ces chiffres parlent d'eux-mêmes, confirmés par ceux de São Luis dans le Maranhão, de Teresina dans le Piaui, de Natal dans le Rio Grande do Norte, de João Pessoa dans la Paraiba, de Maceio dans l'Alagoas et d'Aracaju dans le Sergipe ! 36En fait d'intégration nationale, celle-ci fut donc sélective à l'échelle régionale et mit en place un espace économique réticulaire qui exclut autant qu'il intègre... au point que, s'agissant du Nordeste, parler d'économie régionale a perdu beaucoup de son sens. Ailleurs, les effets régionaux et locaux de l'intégration nationale ont varié selon le degré de développement du territoire considéré. Dans le cas de l'État de São Paulo, la croissance s'est diffusée très largement contrairement à l'évolution mentionnée plus haut et selon la même source, la part du produit intérieur brut de la capitale a décru entre 1970 et 1991 70 % du PIB estadual en 1970 et 52 % en 1991. Cela ne signifie évidemment pas que la ville de São Paulo souffrirait d'un ralentissement économique, mais que le dynamisme de ce centre tire vers le haut les villes de l'intérieur pauliste, Campinas certainement, mais aussi São José dos Campos sur le rio Paraiba do Sul, Ribeirão Preto, São Carlos, Rio Claro et Presidente Prudente, parmi d'autres, sur le plateau occidental. Ce n'est pas tant la proximité qui vaut à l'État de Sao Paulo de partager le dynamisme de sa capitale. C'est l'environnement économique, social, culturel qui est porteur et qui offre un milieu favorable au développement. Toutefois, l'échelle locale mérite aussi examen car elle révèle des poches de pauvreté relative quasi oubliées par la croissance, telle la vallée du rio Ribeira, au Sud-Ouest de l'État. Comme pour parachever la démonstration, il existe des situations intermédiaires entre les deux situations jusqu'ici décrites, et c'est le Minas Gerais qui l'occupe. À la charnière des trois Brésil, le Brésil relativement développé du Sudeste c'est la Mata mineira, le Brésil déshérité du Nordeste c'est la vallée du rio São Francisco et plus encore celle du rio Jequitinhona et du Brésil pionnier c'est le Triangulo mineiro, à l'Ouest, le Minas Gerais a vu l'équilibre se maintenir entre son territoire et sa capitale Belo Horizonte qui concentrait 31 % du PIB mineiro en 1970 et 33 % en 1991. 37La fragmentation du territoire exprime-t-elle et renforce-t-elle la déchirure du tissu social ? C'est sans doute à l'échelle locale, et en particulier celle de l'espace urbain, que l'exclusion est la plus organisée par ceux qui voient dans le pauvre une menace et la plus ressentie par ceux qui en sont victimes. Il y aurait illusion à s'imaginer que les écarts sociaux étaient vécus autrefois dans la concorde. Fondé sur l'inégalité entre les hommes sans quoi l'ordre colonial n'aurait pas existé, le Brésil a gardé de ses racines une violence sociale plus ou moins contenue. Mais, on l'a vu, le système traditionnel voulait que cette violence intégre les catégories sociales défavorisées au lieu de les exclure. Le contrôle social du faible par le puissant passait par le lien social vertical qui mettait le petit dans la dépendance et sous la protection du grand. L'esclavage d'abord, le clientélisme ensuite assurèrent la cohésion sociale au bénéfice des élites. 11 En France, les agents immobiliers le savent et attirent la clientèle en présentant ces maisons sou ... 1 38Le clientélisme n'a pas disparu et c'est encore souvent à la bienveillance d'un puissant que l'on doit une aide, une terre, un travail ou un logement, autant de faveurs qui appellent en réciprocité une soumission déférente envers le bienfaiteur et parfois un bulletin de vote. Le temps, c'est vrai, réduit ces pratiques. Toutefois, si les formes anciennes de l'intégration sociale et territoriale subissent une érosion, laissent-elles place à une intégration fondée sur l'idée démocratique d'égalité des personnes génératrice de pratiques spatiales égalitaires ? La fragmentation de l'espace urbain suggère une réponse négative. L'espace privé se ferme à l'espace public assimilé à un danger parce qu’accessible à des individus libérés des formes anciennes du contrôle social. L'autre est alors perçu comme un risque, et la réaction normale est de s'en protéger. On ne compte plus dans les villes brésiliennes les condominios fechados, mot-à-mot les copropriétés fermées, c'est-à-dire des ensembles résidentiels totalement isolés de l'extérieur par une barrière physique. Ces condominios fechados ne sont pas le fait des seules classes aisées. Les classes moyennes adoptent souvent elles aussi ce mode d'habiter qui évite le contact avec l'espace public. Une autre évolution du marché immobilier urbain est significative depuis une vingtaine d'années la baisse relative du prix des maisons individuelles et la hausse du prix des appartements. A l'inverse du cas général où résider en ville, mais dans une maison11, est une marque recherchée de distinction, le souci de la sécurité déprécie les maisons individuelles dans les villes brésiliennes et accroit la demande pour les appartements dans les immeubles collectifs dont l'entrée est sévèrement filtrée12. 13 Il est vrai que certains condominios fechados sont de grande taille et constituent à eux seuls des ... 14 Mais pas pour toutes il ne faut pas tomber dans le fantasme dangereux d'une insécurité généralis ... 39L'échelle des quartiers pose la question de la ségrégation sociale. Le quartier comporte nécessairement de l'espace public et ne saurait se fermer comme un espace de copropriété privée13. Y a-t-il alors mixité sociale dans l'espace public, ce dernier étant vraiment public et permettant que les citadins se croisent dans un espace qui appartient à tous, ou au contraire, y a-t-il fermeture sociologique de cet espace dit public, le quartier, à défaut d'être abrité par une barrière physique, étant alors isolé des autres par une barrière sociale tacitement acceptée. C'est le risque de ghetto. Ghetto de riches parfois, quand le lieu est intimidant pour le pauvre au point qu'il n'ose y pénétrer. Ghetto de pauvres souvent quand la favela se ferme à l'intrus… Pendant longtemps, pourtant, les favelas n'étaient pas plus fermées que n'importe quel quartier populaire, malgré la rupture paysagère qui les désigne comme singulières. Or, pour certaines d'entre elles14, ce temps n'est plus depuis que des réseaux mafieux de la drogue en ont fait des zones de non-droit. 15 Les morros sont les collines à pentes fortes caractéristiques du site de Rio de Janeiro sur lesque ... 16 Les Brésiliens ont désigné l'évènement sous le nom d'arrastao. 40De nombreux espaces existent à l'évidence où se croisent les citadins de milieux sociaux différents. Mais les villes brésiliennes, éclatées et parcourues de frontières internes créant une sorte d'apartheid social, semblent moins que naguère des territoires de cohésion sociale. Que, le temps du carnaval et parce que l'inversion des rôles sociaux est dans la logique carnavalesque, les pauvres défilent et dansent dans les beaux quartiers, c'est une de ces plaisantes transgressions qui apportent du piment à la monotonie des jours ordinaires. Que les pauvres fréquentent aussi au quotidien l'espace des classes supérieures, comment faire autrement dans un système où ces dernières affichent leur supériorité par le nombre de leurs serviteurs et dépendants. En revanche, que les favelados descendent en nombre de leurs morros15 et troublent la tranquillité des plages élégantes des quartiers cossus - c'est ce qui est arrivé le dimanche 18 octobre 1992 sur la plage de l'Arpoador, à Rio de Janeiro16 - voilà qui est de trop pour les privilégiés, et le signe pour eux inquiétant que les pauvres adoptent des pratiques spatiales susceptibles de bousculer l'ordre social. 41A cet égard, l'usage laxiste au Brésil du mot marginal pour désigner celui qui se trouve au bas de l'échelle sociale est significatif. Le marginal, c'est par définition celui qui n'est pas intégré dans un groupe. Or, le système brésilien ayant produit beaucoup d'exclusion sociale, le marginal devient aussi celui qui a été marginalisé, qui a été exclu du partage des richesses et dont il y a par conséquent motif de se méfier. Le mot finit par désigner indistinctement le délinquant, celui que l'on soupçonne de le devenir un jour... et celui qui, dans la pauvreté, présente le risque de vouloir en sortir. Le modèle économique a écarté certains des fruits de la croissance. Le modèle urbain les exclut des lieux valorisés et les prive des pratiques qui feraient d'eux des citadins à part entière. Le langage, enfin, les stigmatise, et avec eux les lieux où on cherche à les confiner. Cercle vicieux que celui-ci, générateur de violence, et donc de peur, et donc d'enfermement derrière des barrières, et donc de frustrations et d'envie... et donc de violence. Dans un société atomisée où les formes anciennes d'encadrement social ont perdu de leur efficacité, beaucoup se sentent rejetés par un système qui les maintient dans la pauvreté et qui se méfie d'eux une situation d'anomie peut apparaître, où la règle a disparu et où la nécessité de la survie entretient au mieux la débrouille et au pire la loi de la jungle. 17 Ce fut le cas en 1975 lorsque le plan Proalcool encouragea la production d'alcool-carburant et ouv ... 18 Mot à mot, des mange-froid ils mangent un casse-croûte sur le lieu de travail. 42À la campagne aussi, la modernisation conservatrice a exercé des effets dévastateurs sur le lien social. Du simple point de vue de la rentabilité financière des exploitations agricoles, la moradia était devenue un système obsolète. Bien que les moradores n'occupent pour leur usage personnel que des surfaces limitées sur les sols les moins fertiles du domaine, les propriétaires veulent souvent récupérer ces parcelles, surtout les aides publiques permettent de les amender et des rendre productives à bon prix17. L'autre avantage du renvoi des moradores pour les propriétaires est de n'avoir pas toute l'année une main-d'œuvre utile seulement à certains moments du calendrier agricole. Dans ces conditions, les moradores ont été expulsés en masse. On les retrouve souvent dans les quartiers périphériques des villes petites et moyennes. Ils sont devenus des journaliers agricoles, des boias-frias18 recrutés le matin, lorsqu'il y a de l'embauche, et rentrés le soir chez eux sans l'assurance de travailler le lendemain. La précarité constitue leur grand problème. Trouver de l'embauche tous les jours est pour eux impossible c'est précisément parce qu'on n'a pas besoin d'eux en permanence qu'on les a renvoyés ! Il faut donc inventer des stratégies de survie, travailler dans l'agriculture ou en milieu urbain, le plus souvent dans le secteur informel et dans des statuts variables selon les opportunités du lieu et du moment. 43Il y a bien modernisation. Modernisation technique puisque des machines ont remplacé des bras. Modernisation sociale aussi puisque le salariat prend le relais des formes archaïques de gestion de la main-d'oeuvre. Mais modernisation conservatrice puisqu'elle ne se fait pas à l'avantage des plus modestes, et donc modernisation injuste puisqu'elle contrevient fondamentalement au principe du maximin. L'extrême flexibilité du travail en quoi consiste pour l'essentiel la modernisation conservatrice des campagnes produit donc de l'exclusion sociale, concrétisée par des populations rejetées partiellement du travail agricole et non insérées pour autant d'une façon stable dans le marché du travail urbain. Sans regretter la fin d'un système qui, à l'injustice de l'exploitation du travail ajoutait celle de la dépendance personnelle du travailleur, il s'agit de noter que le Brésil ne s'est pas modernisé en améliorant les perspectives offertes aux plus pauvres. Toutefois, comme toujours la réalité est complexe et, comme souvent, contradictoire. Le processus de déstructuration des anciens rapports de production et des organisations spatiales correspondantes est l'occasion pour les victimes d'une conscientisation accélérée ils sont devenus des travailleurs libres. Même si cette liberté est chèrement payée, du moins ne subissent-ils plus le pesant contrôle social qu'exerçait sur eux le propriétaire foncier. Cela érode le lien social vertical qui anesthésiait les mouvements sociaux. Cette déstructuration était sans doute nécessaire avant la non moins indispensable restructuration. Reste à examiner si cette structuration dynamique de la société et du territoire trouve aujourd'hui les conditions pour produire un ordre socio-spatial plus équitable. Conclusion Intégrer dans la justice ? 44L'instauration d'un régime démocratique en 1985 est le fait majeur du Brésil contemporain. On pourra toujours souligner les limites du processus permanence du clientélisme électoral, fragilité de la culture politique, compromis - certains diraient compromissions - auxquels obligent les alliances électorales, difficulté pour les plus pauvres d'exercer pleinement leurs droits de citoyens. Mais, par définition, comment la transition démocratique aurait-elle pu ne pas être une transition ? Comment pourrait-elle ne pas dépendre des inerties du passé autant que des innovations du présent ? Comment ne pas voir aussi que la démocratie progresse au fil des années, non seulement lors des échéances électorales, mais aussi dans la gestion quotidienne des affaires publiques, dans la participation citoyenne, dans le refus de la corruption par l'opinion, bref dans la culture politique. 45Au-delà des mesures sociales dont l'utilité et l'urgence ne sont évidemment pas en cause programme Faim Zéro, programme de la Bourse Famille, ce qui peut inquiéter, c'est plutôt la difficulté que rencontrent les forces politiques au pouvoir à faire émerger un modèle social et économique alternatif au modèle en vigueur antérieurement. Mais, une analyse qui se réclame de John Rawls doit l'affirmer clairement, restaurer la démocratie est en soi faire œuvre de justice. Au risque d'une tautologie, on peut dire en effet que, dans l'ordre politique, la justice a pour nom démocratie, dans la mesure où seul ce système reconnaît l'égalité intrinsèque des personnes en tant que citoyens et satisfait au premier principe de la justice comme équité. Que l'exercice effectif de la citoyenneté passe par les conditions matérielles d'accès aux biens matériels et à la culture est chose évidente, mais, au fond, n'est-ce pas aussi le propre de la démocratie qu'elle ne définisse pas a priori un modèle social et qu'elle invite les partenaires sociaux à en débattre ? 46Sur tous ces domaines qui relèvent de l'économie, de la sociologie et des sciences politiques, la géographie a plus à apprendre auprès des disciplines dont c'est le champ propre d'investigation qu'elle n'a à les renseigner. En revanche, le point sur lequel l'approche géographique peut avancer sa contribution réside dans l'organisation du territoire et les pratiques socio-spatiales rapportées à la justice sociale et à la reproduction sociale. Là encore, plusieurs échelles s'articulent les unes avec les autres. L'échelle nationale pose la question de l'ouverture extérieure et de la recomposition territoriale qui s'en ensuit. Brasilia voit dans le Mercosul l'échelle macrorégionale adéquate pour entrer dans la mondialisation en position de force et participer éventuellement à la future Alca - Association de libre commerce des Amériques - sans se soumettre au bon vouloir de Washington. Cette position implique de mettre à l'interne le territoire en cohérence avec les visées externes. Elle repose le problème que le régime militaire avait résolu d'une façon critiquée ici même faut-il privilégier les pôles d'excellence pour tenir son rang à l'extérieur, au risque de marginaliser une partie du territoire et de créer une société à deux vitesses, ou est-ce dans le consensus social, la réduction des inégalités et la cohésion territoriale que doit être trouvée une productivité systémique appuyée sur des pôles d'excellence et garante du succès international ? 19 L'interrogation présente quelque analogie avec le débat qui occupe les aménageurs français sur le ... 47Cette alternative met à l'épreuve l'idée de l'efficacité de la justice pour le développement faut-il consolider l'agglomération de São Paulo comme ville mondiale - la seule qui puisse prétendre à ce titre au Brésil - au risque de priver les autres métropoles des fonctions supérieures qui leur font défaut, ou faut-il au contraire délocaliser dans un souci de distribution équitable au risque d'affaiblir la capitale économique dans la compétition qu'elle livre face à ses concurrentes étrangères19 ? Il n'est pas prouvé, toutefois, que la question soit bien posée si on la limite à la recherche d'un point d'équilibre entre ce qui serait trop et ce qui ne serait pas assez de concentration ou de délocalisation. En effet, il ne s'agit pas d'un jeu à somme nulle qui enlèverait nécessairement à l'une, la périphérie, ce que l'on donnerait à l'autre, le centre. Il faut réfléchir au contraire à une structuration dynamique d'un territoire nécessairement différencié, par laquelle le renforcement des points forts profite aussi aux points faibles et y améliore les conditions de vie. C'est penser l'aménagement du territoire en termes de principe de réparation et de maximin et c'est affirmer que la géographie peut servir aussi à produire la justice. L'important est que l'allocation des dépenses publiques au profit des plus pauvres, hommes et territoires, ne constitue pas une sorte d'aumône consentie à une périphérie déshéritée, mais un investissement à long terme qui permette à cette dernière de réagir aux impulsions du centre. 48La mise en œuvre de ce principe requiert la diffusion sociale et spatiale du développement. C'est ici que les échelles régionales et locales reprennent leur place. En effet, si l'objectif est bien que les effets d'entraînement se diffusent dans l'ensemble du corps social et permettent que la métropole principale joue son rôle de pôle de développement pour le territoire dans son entier, il faut que l'environnement socio-économique y offre les conditions favorables. La configuration territoriale à inventer n'est donc pas une simple péréquation de ressources dont le montant total serait inchangé. Bien au contraire, ce doit être le moyen pour que le produit total augmente. 49La solidarité sociale et territoriale, disons socio-spatiale, est nécessaire d'abord parce qu'elle juste, mais aussi parce qu'elle est productive c'est l'efficacité de la justice. 5012 Il apparaît naturel de se prémunir contre les intrusions indésirables et les codes installés aux portes des immeubles en France relèvent du même souci. Une différence majeure au Brésil, les gardiens d'immeubles sont très souvent des gardes armés.

Unepréoccupation anime les discours invoquant la perte de cohésion sociale dans les sociétés actuelles: comment mobiliser les individus en faveur des transformations structurelles économiques, sociales et culturelles induites par la mondialisation ? En d’autres mots, comment faire pour qu’ils acquièrent la conscience de participer à ces

Écrivain engagé sur la question des inégalités aux États-Unis, Joseph Stiglitz, né en 1943, fait partie de la mouvance des néo-keynésiens. Ces derniers s'opposent aux néolibéraux sur de nombreux points lutte contre l'inflation, déréglementation des marchés, politiques d'austérité, etc. Ils proposent en lieu et place de ces mesures peu concluantes une relance de l'économie par la demande, une meilleure répartition de la valeur ajoutée et surtout une intervention de l’État pour éviter les excès des institutions financières. Cela ne va pas sans une lutte contre les inégalités, qui font que 1 % des Américains se partagent plus de 40 % des richesses nationales constat aussi vérifiable en Europe.Parti ainsi du constat que trop d'inégalités ne profitent à personne, Joseph Stiglitz décortique la question dans son ouvrage à travers des critiques de l'idéologie néolibérale et des propositions de réformes. inégalités fabriquées et entretenues par le 1 %Stiglitz expose une situation des plus critiques il montre qu'une partie infime de la population peut détenir une part conséquente des richesses, et maintenir ses intérêts à tout prix, au détriment de la majorité. C'est le constat qu'il fait aux États-Unis les richesses ruissellent non pas du haut vers le bas, via la redistribution et une imposition progressive, mais du bas vers le haut ; les 1 % les plus riches vampirisent les ressources grâce à différents moyens par exemple, ils influencent les décisions du Congrès afin de ne jamais faire passer les amendements en faveur de plus de redistribution les candidats les plus progressistes sont systématiquement évincés par le lobbyisme. À la place, les libéraux-conservateurs placent leurs pions, sur la recommandation du 1 %, et entretiennent une croyance dangereuse leurs intérêts sont les intérêts des 99 % restants. Ainsi, les choses risquent difficilement de changer ; le pire étant que les classes populaires sont celles qui se mobilisent le moins pour aller voter, en pensant que la politique ne peut de toute façon rien pour eux. Ils subissent de fait une asymétrie d'informations car les plus riches, au contraire, sont bien conscients de leurs intérêts. De plus en plus, comme le rappelle l'auteur, le système politique glisse d'un principe une voix, un vote » à un dollar, un vote ». Ce triste constat n'est pas moins vrai dans notre pays comme le prouve le programme en faveur des plus riches du président E. les classes moyennes et populaires auraient beaucoup à dire en se manifestant leurs conditions de vie se dégradent tandis que les très hautes fortunes se multiplient, atteignant des sommets. En témoigne le coût faramineux de l'éducation aux États-Unis, dans un pays qui se prétend être le héraut de l'égalité des chances. En effet, les étudiants doivent contracter des prêts auprès de banques privées pour espérer poursuivre dans l'éducation supérieure, ce qui les endette sur des décennies. Ce système profite à ceux qui ont déjà des revenus conséquents, et entretient donc l'inégalité des chances sur le long terme. Malheureusement, l'élitisme reste fortement ancré dans un pays partant sur le principe que chaque homme est libre et égal aux autres, entretenant l'idée que la pauvreté est, finalement, une condition choisie. Cela fait que la protection sociale est minime et souvent inabordable pour les plus précaires. Si la situation française n'est pas tout à fait comparable, il ne faut nier le coût important de certaines formations écoles de commerce, écoles d'art... et leurs conséquences sur l'inégalité des le triste constat aux États-Unis qu'établit l'auteur est l'hégémonie de la pensée du 1 %. Celui-ci a tout intérêt à souhaiter une réduction de l'État, quitte à vanter la liberté totale des marchés qui ont plus d'une fois prouvé leur incapacité à s'autoréguler krach boursier de 1929, crise des subprimes de 2008.... Pour ce faire, les penseurs du néolibéralisme n'hésitent pas à brandir les échecs du communisme, peur particulièrement virulente dans un pays qui l'a combattu de longue date, n'ayant aucun scrupule à faire l'amalgame avec le socialisme. Ce mythe selon lequel il n'existe pas d'alternative au libéralisme est ensuite relayé par les organes de presse, que possèdent bien souvent les grands patrons du 1 %. Le moindre pas vers plus d'égalités soulève immédiatement un tollé chez eux, qui crient au communisme et à la désincitation de faire du profit et soutenir la croissance. Ces arguments caricaturaux sont utilisés par les libéraux contre B. Sanders aux USA, P. Iglesias en Espagne, J. Corbyn au Royaume-Uni, ou encore contre la France Insoumise en France. Pourtant, comme nous allons le voir, plus d'égalités profiteraient à mesures possibles pour limiter les inégalitésIl revient d'abord d'éclipser les doutes sur le mythe des inégalités. Certes, celles-ci ne peuvent disparaître et une égalité absolue serait absurde. Il n'en reste pas moins que les inégalités nuisent à la croissance et à la cohésion sociale. D'une part, les classes moyennes et précaires, qui représentent une majorité écrasante, sont les rouages de l'économie. Stimuler la consommation en augmentant leurs salaires produirait bien plus de richesses qu'augmenter le salaire des PDG – le problème n'étant pas les hauts salaires, mais le fait qu'ils sont multipliés alors même que la précarité se multiplie et que certains patrons licencient en même temps. Par exemple, Stiglitz a théorisé ce qu'on appelle le salaire d'efficience un salaire élevé motive les travailleurs à fournir une productivité maximale, là où la hausse du salaire patronal ne fait qu'augmenter le sentiment d'injustice dans une conjoncture difficile. D'autre part, trop d'inégalités effrite la cohésion sociale hausse de la criminalité, hausse du taux d'abstention, richesses monopolisées par une minorité qui rejette toute solidarité et œuvre pour contribuer toujours moins. On pourrait dire la même chose de la situation en France aux élections présidentielles, et encore davantage aux législatives, la participation des classes populaires est toujours plus ténue, ou contribue d'une poussée du Front second lieu, et contrairement à ce qu'en pense la doxa en place, l'État devrait plus que jamais assurer son rôle redistributeur. Tout d'abord en augmentant l'impôt sur les successions et en assurant la progressivité de l'impôt. Le manque à gagner représente plusieurs milliards de dollars – mais cet enseignement est aussi valable en Europe – et pourrait par exemple permettre de réinvestir dans l'éducation, la santé ou l'aide aux plus démunis. Par ailleurs, il devrait se montrer intransigeant envers les fraudes et pratiques vautours des banques, consistant à maximiser leurs profits en vendant des titres pourris aux ménages à bas revenus. C'est ce type de pratique qui a provoqué l'effondrement des titres à la veille de la crise de 2008, car ces titres ne valaient en fait rien. Le problème est que l'État indemnise systématiquement ces banques, ces dernières profitant de leur filet de sécurité car elles sont soit disant trop importantes pour faire faillite » too big to fail ». L'État, comme il l'a déjà fait par le passé, devrait laisser ces banques mourir pour envoyer un signal au monde dernier lieu, l'auteur expose une série de réformes urgentes pour améliorer la lutte contre les inégalités et exalter la croissance empêcher les sociétés financières de prendre des risques aux dépens des 99 % ; rendre les banques plus transparentes pour éviter qu'elles créent, selon l'expression de Warren Buffett, des armes financières de destruction massive » ; veiller à la concurrence bancaire pour empêcher les banques de trouver de nouveaux moyens de s'enrichir au détriment du consommateur et du commerçant ; limiter l'usure le prêt à des taux extrêmement élevés ; juguler les bonus qui encouragent la prise de risque ; et enfin, fermer les paradis fiscaux qui témoignent d'un refus de solidarité dans un contexte économique difficile pour tous. La France Insoumise le combat pour l'égalitéLes propositions du prix Nobel de l'économie se retrouvent donc assez largement dans le programme de la France Insoumise hausse des salaires et des pensions, mise au pas de la finance, création d'un véritable pôle public bancaire, lutte contre l'accumulation des richesses en instaurant un salaire maximum dans les entreprises 20 fois le salaire minimum de cette même entreprise, gratuité de l'enseignement universitaire et scolaire...L'égalité n'est pas donc simplement un mot ou une idée, c'est aussi un combat qui mérite d'être mené. Dans cette bataille pour le mieux-vivre, nous pouvons compter, entre-autre, sur les propositions de J. Stiglitz et sur la détermination des députés de la France Insoumise.
Ils’implique et « prend part » à sa co-construction, à ses valeurs, à ses cultures, à ses normes, etc. Et Fraser de rajouter que la lutte contre les inégalités sociales nécessite de penser à l’intégration de la redistribution et de la reconnaissance en tant que composantes de la justice sociale. Ce qui l’amène à porter un regard critique sur la théorie de la reconnaissance La cohésion sociale, un quasi-concept »1La notion de cohésion sociale est un quasi-concept, c’est-à-dire une construction mentale hybride que le jeu politique nous propose souvent, à la fois pour détecter des consensus possibles sur une lecture de la réalité et pour les forger. Ces constructions sont fondées, en partie, sur une analyse des situations, ce qui leur permet d’être relativement réalistes et de bénéficier de l’aura légitimatrice de la méthode scientifique ; mais elles conservent une indétermination qui les rend assez flexibles pour suivre les méandres de l’action politique. Cette indétermination explique qu’il soit si difficile de définir la cohésion sociale. 2Robert Castel en retrace la genèse dans les années 1830, lorsque le divorce est apparu quasi total entre un ordre juridico-politique fondé sur la reconnaissance des droits des citoyens et un ordre économique qui entraîne une misère et une démoralisation de masse. […] Ce hiatus entre l’organisation politique et le système économique permet de marquer, pour la première fois, la place du “social” se déployer dans cet entre-deux, restaurer et établir des liens qui n’obéissent ni à une logique strictement économique ni à une juridiction strictement politique » 1995, p. 18-19. 3Après les appels à la solidarité d’Émile Durkheim au tournant du siècle dernier, après la forte institutionnalisation de la lutte de classes qui se déploie dans une variété d’États-providence, surtout durant la seconde moitié du XXe siècle, on assiste, selon R. Castel, à la réapparition de catégories d’ inutiles au monde », de surnuméraires », de superfétatoires ». Leurs rangs se gonflent d’ailleurs fortement avec les perturbations des parcours de vie entraînées par la crise actuelle. Poser la question de la cohésion sociale, c’est donc également, nécessairement, poser celle de l’égalité dialectique entre liberté, égalité et solidarité4Alors que R. Castel insiste sur les oppositions droits/misère et État/économie, nous avons plutôt recours, dans nos analyses de la cohésion sociale, aux trois éléments de la devise de la Révolution française liberté, égalité et solidarité [1] Bernard, 1999. Dans le domaine socio-économique, la liberté se déploie principalement dans le marché, lieu de production principal des biens et des services, mais également mécanisme de production incessante d’inégalités. Pour réduire ces dernières et assurer qu’elles ne compromettent pas la cohésion sociale, l’État représente l’instrument privilégié, voire indispensable. Lui seul peut redistribuer les ressources grâce à la fiscalité et aux transferts, mais aussi grâce à sa capacité de régulation du marché. 5Cette action publique trouve toutefois ses limites quand elle ne fonctionne que sur le mode de la gestion bureaucratique des droits. Les États se tournent alors, comme relais de leur action, vers les communautés et les familles, qui viennent soutenir la solidarité parce qu’elles sont à la fois intéressées et compétentes dans l’action de terrain White, 2005. Les organisations communautaires sont également l’un des rares leviers à la disposition des populations démunies pour infléchir l’action distribution des ressources, si cruciale, comme le dit R. Castel, pour la cohésion sociale, est donc l’aboutissement du jeu de trois mécanismes?à la fois synergiques et contradictoires celui des prix dans le marché, celui des droits dans la sphère publique et celui de la réciprocité informelle et de l’action communautaire dans la sphère de proximité Bernard et al., 2007. Les principes de liberté, d’égalité et de solidarité sont ainsi en relation dialectique, et chaque société, à chaque époque, doit trouver sa propre façon de les articuler et de les mettre en différentes voies de la protection et de la cohésion sociale6Gøsta Esping-Andersen 1990 a proposé de regrouper les sociétés capitalistes avancées en trois régimes providentiels, chacun visant, à sa manière, à concilier développement économique et cohésion sociale. Le régime social-démocrate, dans les pays nordiques, met l’accent sur l’égalité, ce qui confère un rôle important à l’État et aux programmes sociaux universels pour forger l’identité sociale. Le régime libéral, dans les pays anglo-saxons, insiste davantage sur la liberté et fait des marchés l’institution clé. Le modèle de la débrouillardise self help est prédominant et ne s’accompagne que d’une aide ciblée et conditionnelle, accompagnée d’un appel aux solidarités privées pour assurer la cohésion sociale. 7Le régime conservateur, dans la plupart des pays d’Europe continentale, traduit le principe de solidarité en schèmes assuranciels fondés sur l’activité professionnelle et étendus à la famille. Cette dernière joue le rôle clé, particulièrement dans les pays social libéral, minimal, est-il devenu un lieu de convergence obligé ? Certains pensent qu’il y a effectivement une course vers l’abîme », que les États sociaux plus généreux, minés par l’accumulation des problèmes sociaux et par la fuite des capitaux devant l’effort fiscal, n’auront d’autre choix que de renoncer aux programmes publics par lesquels ils tentent de créer une cohésion sociale fondée sur une réduction des écarts engendrés par le marché. En fait, les études comparatives n’indiquent pas une telle convergence. 9Mais il est vrai que les régimes providentiels sont confrontés à un trilemme » selon Torben Iversen et Anne Wren 1998, ils ne peuvent atteindre à la fois l’emploi pour tous, la limitation des inégalités sociales et l’équilibre des finances publiques. Ainsi, le marché du travail du régime conservateur exclut de nombreuses catégories de travailleurs ; les dépenses sociales, surtout passives, y sont coûteuses. Le régime libéral présente, quant à lui, les inégalités les plus marquées. Mais les pays nordiques ont, jusqu’ici, largement échappé à ce trilemme » et maintenu une forte productivité en transformant leurs dépenses sociales en investissements sociaux. Ils visent à ce que les débours s’autofinancent à terme, sous forme de productivité accrue. Peter H. Lindert 2004 a montré que, de fait, le coût net des programmes sociaux est nul là où ils sont bien gérés, en particulier lorsqu’ils visent l’ activation » avoir le maximum d’individus qui travaillent et qui disposent pour cela, au fil de leur vie, de moyens de préserver leur santé, d’améliorer leurs qualifications, de concilier leurs responsabilités professionnelles et familiales Bernard et Boucher, 2007. 10Ces modèles de flexicurité » intéressent bien des pays, qui se tournent vers les dépenses actives en remplacement des prestations sociales habituelles. Les travaux de Julie Castonguay 2009, dans cinq pays, ont montré que ceux qui investissent dans la formation professionnelle et dans un suivi personnalisé de la recherche d’emploi obtiennent de meilleurs résultats que ceux qui misent principalement sur les dit, il est vrai que la notion d’investissement social est susceptible de bien des interprétations. Certains États visent le long terme et facilitent la conciliation entre les divers aspects du parcours de vie des individus. D’autres peuvent, au contraire, évoquer ce quasi-concept pour réduire les dépenses sociales aux minima immédiatement rentables du workfare Jenson et Saint-Martin, 2006.Cohésion sociale et développement humain11Les régimes providentiels et l’investissement social sont l’incarnation de valeurs autour desquelles les sociétés développées construisent, chacune à leur façon, leur identité et leur façon de résoudre les tensions dont parlait R. Castel entre économie et social. 12Les recherches montrent qu’en fait, on peut utiliser le développement social pour favoriser le développement économique. C’est là tout le sens de la notion de développement humain, issue de la pensée d’Amartya Sen, proposée par le Programme des Nations unies sur le développement Pnud et qui inspire de nombreux organismes internationaux Le développement humain […] repose sur la création d’un environnement au sein duquel les gens peuvent développer pleinement leur potentiel et mener des vies productives et créatives en accord avec leurs besoins et leurs intérêts. Les individus sont la vraie richesse des nations. […] Les capacités les plus fondamentales pour le développement humain consistent à mener des vies caractérisées par la longévité et la santé, l’accès au savoir, l’accès aux ressources nécessaires pour atteindre un niveau de vie décent et à être en mesure de prendre part à la vie de la communauté. Sans cela, […] de nombreuses opportunités dans la vie restent inaccessibles » Pnud, 2008, p. 1. Cet individualisme social » esquisse l’horizon actuel de la cohésion sociale. Note [1] Nous remplaçons le terme fraternité, qui peut connoter des relations entre personnes de sexe masculin seulement, par celui de solidarité. BibliographieBernard P., 1999, La cohésion sociale critique dialectique d’un quasi-concept », Lien social et politique – Riac, n° 41, printemps, p. ligneBernard P. et Boucher G., 2007, Institutional Competitiveness, Social Investment, and Welfare Regimes », Regulation and Governance, n° 13, p. ligneBernard P., Charafeddine R., Potvin L., Frohlich K. L., Daniel M. et Kestens Y., 2007, Health Inequalities and Place A Theoretical Conception of Neighbourhood », Social Science and Medicine, n° 659, p. 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  • comment les inĂ©galitĂ©s sociales portent atteinte Ă  la cohĂ©sion sociale