Lacaninsiste beaucoup sur cette distinction dans le champ psychanalytique et ceci dĂšs le premier sĂ©minaire : « l’amour se distingue du dĂ©sir, considĂ©rĂ© comme la relation-limite qui s’établit de tout organisme Ă  l’objet qui le satisfait. Car sa visĂ©e n’est pas de satisfaction, mais d’ĂȘtre.
Un coup de ton doigt sur le tambour dĂ©charge tous les sons et commence la nouvelle pas de toi, c’est la levĂ©e des nouveaux hommes et leur tĂȘte se dĂ©tourne le nouvel amour !Ta tĂȘte se retourne, — le nouvel amour ! Change nos lots, crible les flĂ©aux, Ă  commencer par le temps » te chantent ces enfants. ÉlĂšve n’importe oĂč la substance de nos fortunes et de nos vƓux » on t’en de toujours, qui t’en iras Rimbaud Sommaire Le sujet, La chose, la jouissance Sublimation et perversion L’amour pur et la mystique La psychanalyse et l’amour L’amour dans le banquet de Platon Socrate, Diotime, encore Socrate, Alcibiade et puis Lacan La voix de Socrate Le nouvel Amour Seul l’amour permet Ă  la jouissance de condescendre au dĂ©sir . Seul l’amour
 » apparait dans L’angoisse - leçon du 13 mars 63 - et non dans L’éthique. Bien cordialement Serge Zagdanski Seul l’amour permet Ă  la jouissance de condescendre au dĂ©sir. Cet Ă©noncĂ© se comprend mieux par la suite donnĂ©e par Lacan Ă  ses avancĂ©es. L’amour permettrait-il Ă  la jouissance de condescendre au dĂ©sir ? in L’éthique de la psychanalyse 1960. Oui ! parce que l’amour, il ne s’agit pas de l’amour narcissique ici qui est l’Imaginaire I spĂ©cifique de chacun, l’amour pris comme moyen le transfert permet au sujet de nouer sa jouissance comme rĂ©elle R au dĂ©sir qui l’habite relevant de la Loi, donc au symbolique S. RIS, soit le noeud comme rĂ©el RSI, 1975. Les avancĂ©es de Lacan bougent les lignes mais ne s’invalident pas rĂ©tro-activement, comme le pensent ceux qui croient que l’on peut dĂ©couper son enseignement en pĂ©riode. Seul l’amour permet Ă  la jouissance de condescendre au dĂ©sir, est ce qui s’accomplit dans la cure psychanalytique. C’est un pari
 Patrick Valas, ce 28 juillet 2014 Le sujet, La chose, la jouissance Seul l’amour permet Ă  la jouissance de condescendre au dĂ©sir » On trouve cette citation dans L’Angoisse. Mais pour la premiĂšre fois Lacan introduit la notion de jouissance d’une façon inouĂŻe, inĂ©dite, dans l’Éthique de la psychanalyse Il la situe en rĂ©fĂ©rence Ă  la topologie d’un tore soit un anneau - le mĂȘme que celui qui faisait le plaisir de nos jeux d’enfant, sur les plages de nos vacances emmerdantes Le tore prĂ©sente donc la jouissance dans son rapport d’extimitĂ© au sujet. Lacan ouvre alors le champ de la jouissance, dont il dira ultĂ©rieurement, dans L’Envers de la psychanalyse, qu’il souhaitait qu’il fĂ»t nommĂ© Le champ lacanien. À la fin de son enseignement il conclura y ĂȘtre Ă  peine entrĂ©. Il commence Ă  dĂ©placer le sens de la jouissance, par rapport Ă  sa dĂ©finition freudienne premiĂšre. La formulation de cet Ă©noncĂ© n’est pas sans Ă©trangetĂ©, car condescendre veut dire, consentir, le plus souvent d’un air supĂ©rieur voire arrogant, daigner s’abaisser. Ce qui ne peut ĂȘtre que le fait d’un sujet. Le terme de sujet est pris lĂ  au sens de l’individu, qui a un corps, un nom. C’est la dĂ©finition derniĂšre que donne Lacan du parlĂȘtre, soit celui qui parle avec son corps et qui pose la question de l’énigme du corps parlant. Il diffĂšre donc de ce qu’il en est du sujet que Lacan dĂ©duisait de sa dĂ©finition du signifiant le signifiant reprĂ©sente le sujet pour un autre signifiant qui ne le reprĂ©sente pas ». Il s’agissait lĂ  du sujet divisĂ©, qui a prĂȘtĂ© Ă  tant de malentendus. Le dit sujet, c’est La Chose das Ding, nom premier oĂč Lacan loge la jouissance, en la faisant parler. Il lui prĂȘte sa voix en disant Moi la vĂ©ritĂ©, je parle ». Ce n’est pas Lacan qui dit je, mais la vĂ©ritĂ© qui parle Je, le Je impossible Ă  rejoindre pour le sujet. C’est dit et Ă©crit dans le texte La Chose freudienne. Le pupitre y prend la parole, raconte son histoire et on ne peut plus le faire taire. À cette Ă©poque la Chose est, selon sa dĂ©finition freudienne, une composition entre le dĂ©sir indestructible et la jouissance — on sait que Freud, use plutĂŽt du vocable Lust quand il s’agit de la satisfaction du dĂ©sir Wunschbefriedigung plutĂŽt que de celui trĂšs rare sous sa plume de Genuss lequel dĂ©signe la jouissance atroce, mortelle, celle qui est Au-delĂ  du principe de plaisir. Seul l’amour permet Ă  la jouissance de condescendre au dĂ©sir, c’est le mieux que l’on puisse espĂ©rer obtenir en Ă©levant l’objet Ă  la dignitĂ© de la chose. C’est formule par laquelle Lacan dĂ©signe ce qu’il en est de La Geste sublimante, en rĂ©fĂ©rence Ă  L’amour courtois. Dans cette pratique les troubadours, les trouvĂšres, ceux qui font des tropes, des trouvailles, des poĂšmes, louent la Dame en des joutes oratoires devant une Cour d’amour. Élever l’objet Ă  la dignitĂ© de la Chose das Ding peut ĂȘtre illustrĂ© aussi d’une autre façon, comme le montre si bien Sacher Masoch dans La VĂ©nus Ă  la fourrure Le hĂ©ros du roman se promĂšne dans un parc, il est en extase » devant une statue de VĂ©nus en marbre blanc. Au mĂȘme instant, passe une jeune femme en manteau de fourrure. Leurs regards se croisent un bref instant, puis la jeune femme disparaĂźt dans la brume du soir. Notre homme aussitĂŽt en tombe amoureux. Dans les jours qui suivent, il parcoure fiĂ©vreusement la ville dans l’espoir de la retrouver. Son imagination s’enflamme, et peu Ă  peu l’image de la belle inconnue se confond pour lui avec la VĂ©nus qu’il vient visiter tous les jours. Enfin, un jour il la rencontre Ă  nouveau, elle s’appelle Wanda, et la comĂ©die va commencer. C’est Ă  mourir de rire. On peut saisir ici comment l’autre de l’amour peut se substituer Ă  L’Autre au regard de marbre, glacial, cruel. Sublimation et perversion Amour courtois, c’est-Ă -dire sublimation et perversion masochiste, sont dans un rapport de voisinage [1]. Comme un chiasme entre perversion et sublimation. Cela renvoie Ă  l’espoir, au moins passager, qu’avait Freud que la psychanalyse puisse conduire les hommes Ă  mieux maĂźtriser leurs pulsions, ĂȘtre un peu moins cruels que les loups. Lacan au contraire, considĂšre que la cure s’achevant dans le champ de la sublimation, ne vaut pas plus que son Ă©chec dans la perversion. Dans les deux cas, le sujet se met au service d’un dieu trompeur. La Dame Ă©levĂ©e Ă  la dignitĂ© de la Chose, comme La VĂ©nus Ă  la fourrure, sont des figures fabriquĂ©es d’un dieu trompeur. Il y a sĂ»rement une autre issue Ă  la cure. DĂšs le sĂ©minaire L’Éthique, Lacan se dĂ©sole de ce que la psychanalyse ne puisse pas inventer une nouvelle perversion, un peu moins conne et stĂ©rĂ©otypĂ©e que les prĂ©cĂ©dentes, quinze ans plus tard Ă  propos de Joyce, sa plainte est la mĂȘme, mais il l’écrit alors pĂšre-version. Dans la sublimation courtoise, Lacan fait apparaĂźtre comment l’amour est pris comme moyen pour apprivoiser, civiliser la Chose, soit la jouissance, en la soumettant Ă  la condition du dĂ©sir. La figure d’Antigone, illustre comment la rĂ©alisation d’un dĂ©sir pur, au-delĂ  du bien, du vrai et du beau, lĂ  oĂč s’accomplissent les paroles fondamentales constitutives du sujet. Cette rĂ©alisation le conduit sans crainte et sans pitiĂ©, en ce lieu de malheur de l’entre-deux-mort. Est-ce la promesse faite au sujet au terme logique d’une psychanalyse ? Oui, mais pas sans une voie de retour la Passe. Le psychanalyste n’est pas Antigone — on peut douter d’ailleurs que celle-ci Antigone soit animĂ©e du moindre sentiment d’amour, ni de haine non plus. Elle est au-delĂ  de toute passion, accomplissant sa Geste, dans une froide bienveillance. Moins inhumaine que l’on voudrait le faire croire. La cure psychanalytique, dans le meilleur des cas, va rĂ©vĂ©ler au sujet ce qui lui est le plus extĂźme, non pas son semblable, c’est-Ă -dire, ia, son moi-mĂȘme », mais son plus prochain qui est aussi ce qui lui est le plus Ă©tranger, insu la Chose dont la jouissance est nocive, mortelle. Raison pour laquelle Freud peut Ă©crire que la jouissance est un mal parce qu’elle comporte le mal du prochain. Il y trouvera l’inspiration de son invraisemblable spĂ©culation intitulĂ©e Pulsion de vie et Pulsion de mort, inextricablement nouĂ©es. Il est vrai qu’il Ă©crit cela aprĂšs avoir assistĂ© Ă  la grande boucherie de la premiĂšre guerre mondiale, lui-mĂȘme ayant Ă©tĂ© au dĂ©but un farouche patriote de l’armĂ©e allemande. Cette guerre, inĂ©dite dans l’histoire des conflits entre des peuples voisins, sera un tournant historique qui va bouleverser dĂ©finitivement la subjectivitĂ© de l’homme de la civilisation moderne », on en sait la suite avec la deuxiĂšme guerre mondiale [2]. La psychanalyse, qui apporte au sujet la guĂ©rison de surcroĂźt, ce qui est un bonus inĂ©dit aussi bien, rĂ©vĂšle au sujet qu’il est ignoble, une bĂȘte fĂ©roce et obscĂšne. Elle n’en fait pas un pĂšlerin chĂ©rubinique, mĂȘme pas un porc, plutĂŽt un chien, dĂ©vorant ces chasseurs infatigables de Diane que furent Freud et Lacan dĂ©sormais devenus signifiants premiers de la psychanalyse. Freud S1 reprĂ©sentant le sujet de l’inconscient pour un autre signifiant Lacan S2 qui ne reprĂ©sente pas le sujet mais le produit dans son ĂȘtre de jouissance sous la forme de l’objet a. Telle est le couplage par la lettre du fantasme entre l’ĂȘtre signifiant du sujet le sujet divisĂ© avec son ĂȘtre de jouissance objet a $ a. Pour s’en souvenir les psychanalystes seraient mieux inspirĂ©s lorsqu’ils leur arrivent de se rencontrer de se saluer par un mon cher congĂ©nĂšre » L’amour pur et la mystique Sur l’amour pur », dont seraient animĂ©s certains mystiques, Jacques Le Brun a publiĂ© un livre trĂšs important L’amour pur de Platon Ă  Lacan et retour, dans lequel il Ă©crit que cet amour qui n’attend rien, est un vĂ©ritable athĂ©isme ayant beaucoup Ă©branlĂ© l’église. Le Brun a fini par lĂącher dans un dĂ©bat qui a suivi la prĂ©sentation de son ouvrage, que pour FĂ©nelon ce qui garantissait l’authenticitĂ© de l’expĂ©rience traversĂ©e par madame Guyon c’était trĂšs prĂ©cisĂ©ment la souffrance. Autrement dit, dans notre jargon, la jouissance dans laquelle le sujet s’abĂźme en y Ă©tant aspirĂ©, malgrĂ© lui, tout en s’y abandonnant. La mystique en effet n’est pas une passion, c’est un acte du sujet. Ce qui jette donc un doute trĂšs sĂ©rieux sur la possibilitĂ© de l’amour pur. On peut saisir alors qu’il y en a des configurations variables, mais qui ne font pas un systĂšme. D’ailleurs FĂ©nelon reconnaĂźt l’échec de son entreprise Ă  l’établir. Il en a perdu son latin et sans doute bien d’autres choses encore. AttaquĂ© par Bossuet, il fut condamnĂ© par l’Église Ă  retourner Ă  ses chĂšres Ă©tudes et Ă  l’enseignement des princesses. Lacan retiendra des mystiques moins leurs pratiques que ce qu’ils dĂ©signent du terme de leurs jaculations, affirmant, c’est Ă  la quatriĂšme de couverture du sĂ©minaire Encore, que pour lui ses propos sont de la mĂȘme veine. La psychanalyse et l’amour Si nous parvenions Ă  dĂ©finir l’amour dont parle la psychanalyse, ce serait un amour au-delĂ  de toute limite, Ă  ne pouvoir se poser que dans le renoncement Ă  l’objet. C’est-Ă -dire un amour dont on aimerait connaĂźtre les rĂšgles. Peut-ĂȘtre en adviendrait-il un refleurissement de l’amour, qui est particuliĂšrement absente dans la civilisation moderne, laquelle est fondĂ©e sur la haine et l’ignorance — ce qui est scientifiquement dĂ©montrĂ© ». Alors s’éclairerait le devenir de la jouissance dans la dialectique du dĂ©sir oĂč se produit la subversion du sujet. Dans la cure, l’amour avec ses avatars hainamoration et ignorance, sont pris comme moyens. Le transfert c’est diffĂ©rent au sens freudien premier de ce terme, c’est le passage des Ă©lĂ©ments d’un discours inconscient Ă  un autre discours le conscient. Le transfert n’est donc pas un moyen mais un rĂ©sultat dans le meilleur des cas, la transfiguration du sujet advenant lĂ  oĂč c’était Wo es war soll ich verden. Lacan Ă  la suite de Freud nous conduit par la main, aprĂšs L’Éthique de la psychanalyse, dans son sĂ©minaire Le transfert dans sa disparitĂ© subjective. Il cherche Ă  cerner l’amour auquel nous avons Ă  faire dans la pratique psychanalytique. L’amour dans le banquet de Platon Que les Dieux puissent tenir comme la forme la plus sublime de l’amour, celui d’Achille, montre bien en quoi, ils sont incompĂ©tents en la matiĂšre. D’ailleurs, eux-mĂȘmes dĂšs qu’ils s’intĂ©ressent Ă  un humain, aussitĂŽt celui-ci, pĂątissant de cet amour divin Ă©pouvantable est transformĂ© en statue de sel, en rocher ou en laurier. Comment rĂ©compensent-ils Achille ? Ils l’envoient dans l’Île des Bienheureux. C’est lĂ  qu’il confiera Ă  Ulysse, venu le visiter, qu’il prĂ©fĂ©rait sa vie parmi les humains. Il avait un corps [3] et surtout il y avait BrisĂ©is perdue pour lui Ă  jamais. Comme il s’agit de l’Achille du prodigieux HomĂšre, on trouve sa geste finale admirable, exemplaire et surtout inaccessible aux communs des mortels. On Ă  tort, c’est plus rĂ©pandu que l’on ne se l’imagine Tous les militaires le savent, il suffit qu’un soldat soit tuĂ© au combat, pour qu’aussitĂŽt une troupe apeurĂ©e se lĂšve comme un seul homme et affronte la mitraille sans peur. C’est indiquĂ© dans le Banquet une armĂ©e composĂ©e d’aimĂ©es et d’amantes serait invincible. Dans la LĂ©gion ÉtrangĂšre que je connais pour des raisons diversement valables, il y a une tradition, sans Ă©quivalent Ă  ma connaissance dans les armĂ©es modernes on ne laisse jamais ses propres morts sur le champ de bataille. On ramĂšne les dĂ©pouilles mortelles des camarades tuĂ©s au combat, pour les enterrer avec les honneurs, afin qu’ils ne subissent pas les offenses qu’Achille fait subir au cadavre d’Hector, avant qu’on ne lui dise que ça suffisait comme ça. Passons rapidement sur les autres formes de l’amour dont il s’agit dans la premiĂšre partie du banquet L’amour estime et ses unitĂ©s de valeurs, l’amour mĂ©decin et ses harmoniques, l’amour pĂ©dagogique et ses illusions, l’amour tragique dont sortira plus tard le contresens de son interprĂ©tation dans l’amour romantique, etc. Platon ironise, Lacan en rajoute une louche c’est une assemblĂ©e de vieilles lopes » dit-il. Aristophane, l’ennemi de Socrate, est un peu Ă©pargnĂ©. Il sait parler de l’amour pour ce qu’il est vraiment humain trop humain c’est-Ă -dire comique - en quelque sorte encore plus tragique. Socrate, Diotime, encore Socrate, Alcibiade et puis Lacan Socrate vient, il prĂȘte sa voix Ă  Diotime, pour qu’elle puisse parler de l’amour. Il ne sait qu’une chose, il le dit, son savoir se limite Ă  pouvoir reconnaĂźtre dans l’amour qui est l’aimĂ©, qui est l’amant. Il fait parler Diotime parce qu’il suppose qu’une femme en sait plus sur l’amour qu’un homme — c’est tout. Il tient cela de TirĂ©sias, lequel revenu de son aventure, rĂ©vĂšle que le dire de l’amour est la condition de la jouissance fĂ©minine. Cette jouissance Ă©tant sept fois supĂ©rieure Ă  celle de l’homme dont le dĂ©sir va aussi bien sans dire. Sans doute une femme en sait plus que l’homme sur l’amour parce qu’elle peut donner plus facilement ce qu’elle n’a pas, laissant l’homme dans ses embrouilles avec le dĂ©sir et l’amour en proie qu’il est avec la stupiditĂ© des manifestations grotesques de son organe. Ayant laissĂ© parler la Dame de MantinĂ©e, Socrate reprend la parole. Pour lui ceux qui font l’éloge de l’amour en rĂ©fĂ©rence au bien, au vrai et Ă  la beautĂ©, le font parce qu’il y a du manque dans tout ça, on reconnaĂźt bien lĂ  l’ironie de Platon, c’est Ă  dire que dans cette affaire, il y a de l’eau dans le gaz, le feu au lac. Par un tour de passe-passe dont il a le secret, Socrate dĂ©tourne l’éloge de l’amour en introduisant la question de dĂ©sir. Tout son propos est de dĂ©montrer que c’est l’amour qui cause le dĂ©sir et non pas le contraire. En aimant, le dĂ©sir du sujet peut advenir. Miracle, coup de foudre etc. Le chahut commence avec l’entrĂ©e d’Alcibiade enguirlandĂ© » et passablement Ă©mĂ©chĂ©. À son tour il change les rĂšgles du jeu. DĂ©sormais on ne fera plus l’éloge de l’amour mais de son plus prochain. Il se glisse alors, entre Socrate et Agathon dont c’est la fĂȘte ce soir, dans tous les sens de ce terme. Lacan de rappeler Une chose est de parler de l’amour, en termes de savant. Autre chose est de le mettre en acte rĂ©ellement. C’est dans le discours d’Alcibiade qu’il trouve une rĂ©ponse au sens de l’amour il en fait son miel. On lui en Ă  fait le reproche, mais lĂ  vous ne parlez que de l’amour homosexuel ». Pas d’objection tranche t-il, l’amour se moque des formules de la sexuation. Il est plus simple de parler de l’amour entre deux hommes, que de dire quelque chose de l’amour entre un homme et une femme, car dans ce cas la lettre d’amour qui scelle leur union est encore plus illisible. L’amour de transfert que Freud dĂ©couvre, pour son embarras, est un amour rĂ©el. C’est l’amour-passion qui n’est pas sans haine ni ignorance. Ce sont les passions de l’ĂȘtre du sujet. Le terme de passion est Ă  entendre ici dans son sens moderne. Le sujet, c’est-Ă -dire pour nous l’analysant, est dans la cure Ă  la tache, via l’amour de transfert, de la mise en acte de la rĂ©alitĂ© sexuelle de son inconscient. Au psychanalyste de s’en dĂ©brouiller, car on ne fait pas l’amour dans le cabinet analytique. Sur ce point Freud a laissĂ© des indications trĂšs prĂ©cises. Sans rĂ©pondre aux sollicitations insistantes d’Alcibiade, Socrate le laisse dĂ©clarer sa flamme, non sans en Ă©prouver quelque gĂȘne pour ce qui est rĂ©vĂ©lĂ© en public. Mais par son attitude de froide bienveillance, Socrate apprend Ă  Alcibiade, dont chacun sait combien il l’aime sans jamais avoir Ă©tĂ© son amant, il lui apprend ce que c’est que d’aimer vraiment. Cela passe par la parole d’amour avant de pouvoir jouir de son objet aimĂ© et dĂ©sirĂ©. Alcibiade par son discours fait Ă©merger deux formes d’objets hĂ©tĂ©rogĂšnes, qui ont cependant une affinitĂ© d’enveloppe, c’est pourquoi, l’objet a, cause du dĂ©sir reste voilĂ© par l’objet aimĂ© et dĂ©sirĂ© [que Lacan Ă©crit ia]. La voix de Socrate L’objet aimĂ© c’est Socrate, comparĂ© comme enveloppe au silĂšne. Or Socrate n’est pas beau, il ne prĂȘche pas l’amour du prochain et ne cherche pas non plus le bien. Ce qui l’intĂ©resse c’est d’établir en raison la cohĂ©rence de tout discours et de tous les savoirs. Lacan peut dire Ă  son propos qu’il a fait Ă©merger dans l’antiquitĂ© une ombre de science — c’est l’hystĂ©rique gĂ©nial. À quoi tient le charme dĂ©monique de Socrate ? Certainement Ă  la cohĂ©rence de son discours, mais aussi Ă  sa voix. La voix de Socrate, n’est pas celle que l’on entend, et pour cause. C’est la voix dont parle la psychanalyse comme un des quatre objets de la pulsion sous la rubrique de l’objet a. Cette voix est aphonique d’oĂč le mystĂšre du fonctionnement de la pulsion invoquante qui ne dĂ©roge pas au principe du silence des pulsions dixit Freud. Or dans l’écrit de Platon, cette voix passe en acte dans le texte, portant l’énonciation de Socrate, faisant que nous sommes captivĂ©s en lisant Platon, mĂȘme dans ses traductions les plus dĂ©sastreuses. Lacan sans chercher va trouver dans cette merveille, la seule chose qu’il revendique comme Ă©tant sa seule invention dans le champ freudien l’objet a dont l’élaboration va le faire passer de sa contingence corporelle Ă  sa consistance logique [4]. Sans aucun doute Lacan tente le passage du mythe de la pulsion Ă  la dĂ©rive de la jouissance, en faisant usage de la traduction anglaise du terme de Freud trieb en anglais drive La voix fait partie des agalma qui sont Ă  l’intĂ©rieur de Socrate comparĂ© au silĂšne ou Ă  une boite Ă  bijoux. Alcibiade prĂ©tend les avoir vu ce qui est un comble s’agissant de la voix. L’intĂ©rĂȘt en cette occasion est de constater que si la voix peut ĂȘtre vue, aussi bien le regard peut ĂȘtre entendu - c’est ce que font les sourds-muets, bien mal dĂ©signĂ©s par cette appellation injurieuse. L’agalma, c’est l’objet prĂ©cieux avec sa brillance phallique Ă©clatante. Éclat d’objet, objet partiel voire transitionnel, qui permet de saisir que l’amour est partial dans ses choix, mais aussi qu’il n’est pas tout, plutĂŽt partiel, dĂ©coupant sur l’Autre de l’amour sa part prĂ©fĂ©rĂ©e. Socrate reprĂ©sente l’objet aimĂ© et dĂ©sirĂ© [ia] de façon Ă©lective pour le sujet, mais sa voix, entre autres, cause le dĂ©sir d’Alcibiade pris sous son charme comme nous le sommes aussi bien. Dans le sĂ©minaire, Le transfert dans sa disparitĂ© subjective, pour la premiĂšre fois l’objet a apparaĂźt dans l’enseignement de Lacan. On le rappelle ici encore, de sa contingence corporelle Ă  sa consistance logique c’est Ă©crit Ă  la mĂȘme page, je ne me souviens plus trĂšs bien laquelle puisqu’il est produit par le signifiant dont le sujet divisĂ© est l’effet. Socrate ne s’y trompe pas, l’amour que lui porte Alcibiade, il en est assurĂ© mais il sait aussi qu’il n’est que le tenant lieu comme semblant de la cause de son dĂ©sir. Il sait bien qu’il n’a pas cet objet. Dans cet instant d’incandescence oĂč se produit le miracle de l’amour il porte son interprĂ©tation dĂ©signant Ă  Alcibiade son objet Ă©lu en la personne d’Agathon le tragĂ©dien causant son dĂ©sir celui de Socrate ou d’Alcibiade ? Je ne tranche pas pour la raison que le dĂ©sir de l’homme c’est le dĂ©sir de l’Autre. RĂ©sultat, c’est le transfert pour Alcibiade qui passe ainsi de sa position de vouloir ĂȘtre aimĂ©, Ă  tout prix, Ă  celle de l’aimant. En ce moment d’ouverture, Socrate dĂ©coche son trait occupe-toi de ton dĂ©sir » prĂ©cise-t-il. Alcibiade semble l’avoir entendu. Il ne s’agit plus simplement de baiser l’objet. Agathon est ailleurs, il partira avec Pausanias le riche qui deviendra probablement le producteur de ses Ɠuvres Ă  venir. Dans cette bascule de la position de l’objet aimĂ© Ă  celle de sujet aimant, par le moyen de l’amour, se fabrique un savoir inĂ©dit, au sens de jamais dit par le sujet, sur ce qu’il en est de la cause de son dĂ©sir. Ce mouvement n’est pas sans la possibilitĂ© pour lui de dire non Ă  la jouissance nocive, ruineuse, voire mortelle — c’est un choix qui relĂšve de l’éthique de la psychanalyse. VoilĂ  un premier repĂ©rage de ce que serait le dĂ©sir de l’analyste Savoir ce qui cause le dĂ©sir, telle est dans l’amour la visĂ©e vĂ©ritable. Nous retrouvons lĂ  un air de voisinage avec ce qui permet de faire des trouvailles. La jouissance de l’Autre forclose Ă  l’origine peut faire retour dans la jouissance de dĂ©sirer pour la satisfaction du sujet. Pour Lacan la psychanalyse n’est pas pathĂ©matique, elle se doit de devenir plus poĂ©matique. À la fin de son enseignement il nous donne une indication trĂšs prĂ©cise, il faut aller voir du cĂŽtĂ© de L’écriture poĂ©tique chinoise, pour comprendre un peu mieux ce que parler veut dire qui donne sa portĂ©e Ă  l’interprĂ©tation dans la pratique de la psychanalyse. Le nouvel Amour Le nouvel amour que dĂ©couvre la psychanalyse, n’est pas l’amour dĂ©finit comme l’imaginaire spĂ©cifique du sujet, soit l’amour relevant du narcissisme, mais un nouvel amour qui s’adresse au savoir. Un savoir qui s’invente selon l’éthique du Bien-dire. Un savoir dont le sujet a horreur, a moins de l’avoir rĂ©alisĂ© comme son seul lot de savoir, dont la jouissance relĂšve de son dĂ©sir. Patrick Valas, le 9 octobre 2009. PS "Seul l’amour permet Ă  la jouissance de condescendre au dĂ©sir". Cet Ă©noncĂ© se comprend mieux par la suite donnĂ©e par Lacan Ă  ses avancĂ©es. L’amour permettrait-il Ă  la jouissance de condescendre au dĂ©sir ? in L’angoisse, 13 mars 1963. Oui ! parce que l’amour, il ne s’agit pas de l’amour narcissique ici qui est l’Imaginaire I spĂ©cifique de chacun, l’amour pris comme moyen le transfert permet au sujet de nouer sa jouissance comme rĂ©elle R au dĂ©sir qui l’habite relevant de la Loi, donc au symbolique S. RIS, soit le noeud comme rĂ©el RSI, 1975. Les avancĂ©es de Lacan bougent les lignes mais ne s’invalident pas rĂ©tro-activement, comme le pensent ceux qui croient que l’on peut dĂ©couper son enseignement en pĂ©riode. Seul l’amour permet Ă  la jouissance de condescendre au dĂ©sir, est ce qui s’accomplit dans la cure psychanalytique. C’est un pari
 Patrick Valas, ce 28 juillet 2014 * Lacan J., L’Éthique.
Lestopiques en psychanalyse sont deux cartes qui reprĂ©sentent, localisent pour la premiĂšre l’inconscient, la conscience et le prĂ©conscient, pour la deuxiĂšme les instances psychiques que sont le moi, le ça et le surmoi. La premiĂšre topique. Au tout dĂ©but de la psychanalyse Freud s’intĂ©resse beaucoup au langage et Ă  la mĂ©moire. Il a l’intuition que le symptĂŽme est imprĂ©gnĂ©
Publisher Description L'amour et l'amitiĂ© suscitent chez les enfants beaucoup dequestions, parfois assez embarrassantes, auxquelles les adultes ne trouvent pas toujours de rĂ©ponses. Avec des mots justes, ce petit livre leur permet de comprendre le grand mystĂšre qu'est l'amour, les bouleversements qu'il provoque en chacun, et les aide Ă  aborder plus sereinement la pĂ©riode de l'adolescence. GENRE Kids RELEASED 2020 5 February LANGUAGE FR French LENGTH 56 Pages PUBLISHER Bayard Jeunesse SIZE MB More Books by Serge Hefez, Florence LotthĂ©-Glaser & Emmanuelle Teyras LesystĂšme inconscient : la vie psychique va au-delĂ  de ce dont nous sommes conscients, au-delĂ  de ce qui est prĂ©conscient, c'est -Ă  dire que nous pourrions en prendre conscience lorsque nous avons essayĂ© de penser Ă  elle. Une grande partie de notre esprit est inconsciente, et cette partie est accessible uniquement avec la psychanalyse. Les expĂ©riences de la petite enfance sont un Le "Dictionnaire amoureux de la psychanalyse" d'Elisabeth Roudinesco parle d'amour. Mais bien d'autres parcours s'offrent Ă  la lecture. selimaksan Ce que la psychanalyse rĂ©vĂšle de l'amour. selimaksan Le divan de Lacan Ă©tait minimaliste un simple lit recouvert d'un tissu gris et complĂ©tĂ© par un traversin. Il Ă©tait Ă©chu en hĂ©ritage Ă  Sibylle, la fille mal aimĂ©e de Lacan, qui ne lui accordait aucune signification particuliĂšre et l'a vendu Ă  l'hĂŽtel Drouot le 5 octobre 1991. Comble de l'ironie, l'acheteur n'avait rien d'un lacanien obsessionnel il s'agissait en effet pour cet amoureux attentionnĂ© d'offrir un cadeau original Ă  sa fiancĂ©e psychologue. Mais n'Ă©tait-ce pas finalement la plus belle maniĂšre de cĂ©lĂ©brer la mĂ©moire de Jacques Lacan que de faire de son divan un gage de passion? Comme Élisabeth Roudinesco le remarque dans son Dictionnaire amoureux de la psychanalyse, la conception analytique de l'amour renvoie Ă  toutes les entrĂ©es du volume, notamment au transfert. L'historienne a d'ailleurs conçu son dictionnaire comme un inventaire. Elle demeure fidĂšle en cela Ă  l'enseignement de son ami l'Ă©crivain Georges PĂ©rec –analysĂ© notamment par Jean-Bertrand Pontalis– qui aimait aussi bĂątir ses livres Ă  partir de citations. Dans la liste des aphorismes de Jacques Lacan constituĂ©e par Élisabeth Roudinesco, on savourera ses paradoxes sur l'amour. On se rappelle celui-ci "L'amour, c'est donner ce qu'on n'a pas Ă  quelqu'un qui n'en veut pas", ou encore cette autre phrase, moins connue "Je te demande de refuser ce que je t'offre parce que ce n'est pas ça". Impossible naturellement de cĂ©lĂ©brer la psychanalyse sans Ă©voquer Jacques Lacan, le gĂ©nial continuateur de Freud. Mais Ă  la lecture de l'index du volume, on s'aperçoit qu'aux yeux d'Élisabeth Roudinesco, un des contemporains de Lacan a Ă©galement contribuĂ© Ă  enrichir le corpus des textes psychanalytiques. Il s'agit de Louis Althusser. Le philosophe, en analyse avec RenĂ© Diatkine Ă  partir de 1964, a Ă©crit d'importants articles thĂ©oriques consacrĂ©s Ă  la psychanalyse, notamment "Freud et Lacan" janvier 1964. Mais dans sa correspondance amoureuse avec sa traductrice italienne, Franca Madonia, il a plus particuliĂšrement inclus ses perceptions d'analysant. Son amour pour Franca apparaĂźt comme dĂ©pendant de sa relation parfois apaisĂ©e mais plus souvent tendue, semble-t-il, avec Diatkine. S'il lui Ă©tait interdit "d'apporter" tous ses rĂȘves Ă  son analyste qui les limitait Ă  deux ou trois par cure, il lui Ă©tait tout aussi impossible de vivre le bonheur avec Franca. La page 23 du dictionnaire d'Élisabeth Roudinesco est Ă©mouvante car elle associe les Lettres Ă  Franca aux Lettres Ă  Anne de François Mitterrand, rĂ©cemment parues. Leurs qualitĂ©s littĂ©raires de premier plan permet d'assimiler ces deux correspondances, qui rĂ©vĂšlent en outre deux inoubliables figures de femmes. Si on ne relĂšve aucune rĂ©fĂ©rence Ă  Jacques Lacan dans l'index des Lettres Ă  Anne, on y dĂ©couvre deux entrĂ©es au nom de Freud, dont une relative au transfert "j'ai souvent pensĂ© Ă  te faire un enfant. Freud eĂ»t Ă©tĂ© content du transfert!" Du reste, Ă  la liste des lieux favorables aux psychanalystes qu'on trouve dans son dictionnaire, Élisabeth Roudinesco aurait pu ajouter Gordes, ce village du LubĂ©ron qu'Althusser et Mitterrand ont beaucoup frĂ©quentĂ© l'un et l'autre dĂšs le milieu des annĂ©es 1960. C'est un de leurs points communs auxquels on ne songe pas a priori, mais qui mĂ©riterait d'ĂȘtre Ă©tudiĂ© en dĂ©tails. Car s'ils sont des lecteurs sagaces, les psychanalystes sont Ă©galement de grands voyageurs. Élisabeth Roudinesco a arpentĂ© Vienne ou Londres, villes freudiennes par excellence, mais Ă©galement New York, Saint-PĂ©tersbourg ou certaines citĂ©s brĂ©siliennes. Sa connaissance de la gĂ©ographie de la psychanalyse permet Ă  l'historienne de marier un concept Ă  une ville le ça pour Paris ou le dĂ©sir pour Rome. Ainsi, plusieurs parcours sont-ils envisageables dans le Dictionnaire amoureux de la psychanalyse d'un auteur Ă  l'autre, d'une ville Ă  l'autre ou d'un concept Ă  l'autre. Vaste lieu de mĂ©moire, l'ouvrage pourra constituer un prĂ©cieux cadeau Ă  la personne aimĂ©e qui ne se paiera ni d'illusions, ni de faux-semblants. PLON PLON Élisabeth Roudinesco, Dictionnaire amoureux de la psychanalyse, avec des dessins d'Alain Bouldouyre, Ă©ditions Plon/Le Seuil, 2017 À voir Ă©galement sur Le HuffPost
Importancede l’amour en psychanalyse. L’amour en psychanalyse est considĂ©rĂ© comme un domaine qui va au-delĂ  du champ du Bien. Le psychanalyste doit se servir de l’amour en tant que moyen pour atteindre son but, lequel, en effet, ne doit pas ĂȘtre confondu avec un combat pour le Bien du sujet[1]. Il y a quelque chose de l’ordre du rapport du sujet Ă  l’amour
Olivier Verley, La Chambre du secret, photographies Olivier Verley, texte Eric Chevillard, GrĂąne, Creaphis Éditions, 2010, 104 pages1Livre en main, quand j’en ai lu le sujet, ma premiĂšre pensĂ©e a Ă©tĂ© mais alors ce n’est plus un secret ». Car, Ă  l’instar des Indiens d’AmĂ©rique, je pense que la photographie peut voler l’ñme du sujet. Par-delĂ  la fugacitĂ© de l’instantanĂ© ou le conformisme de la pose, l’art du portrait va bien au-delĂ  de la reprĂ©sentation. Dorian Gray l’a appris Ă  ses dĂ©pens. Et c’est lĂ  qu’Olivier Verley rejoint les maĂźtres anciens il a demandĂ© aux 46 personnes dont les portraits illustrent le livre de poser pendant quatre longues minutes, pensant Ă  un secret de leur vie, seuls devant l’Ɠil grand ouvert de l’objectif. Seuls devant notre Ɠil, qui a tout son temps. Certains de ces regards, comme le note Eric Chevillard, poĂ©tique auteur de l’introduction, nous fixent avec ironie ou dĂ©fi, d’autres avec effroi. Mais les plus mystĂ©rieux, les plus poignants sont bien ceux qui s’offrent sans hĂ©sitation yeux grand-ouverts, regard droit. Ils rĂ©sonnent comme leurs lointains et anciens cousins du Fayoum ils nous livrent tout simplement l’insondable secret de la vie. 2BĂ©atrice MontamatRobert Harris, Enigma, Paris, Plon, 1996, 321 pages3L’Anglaise Hester Wallace n’avait jamais [su] si le [Daily] Telegraph avait lancĂ© le concours [Ă ] l’instigation du ministĂšre de la Guerre, afin de repĂ©rer les hommes et les femmes [du] pays qui avaient une aptitude pour les Ă©nigmes, ou si c’était un petit malin du ministĂšre qui avait vu les rĂ©sultats du concours et demandĂ© au journal la liste des finalistes ». 4Quoiqu’il en soit, Hester, ayant participĂ© Ă  ce concours de mots croisĂ©s Ă  l’automne 1942 et l’ayant gagnĂ©, reçut une lettre portant le cachet des services de Sa MajestĂ© et fut affectĂ©e au centre ultrasecret de Bletchley oĂč des hommes et des femmes travaillaient sur les codes des machines de chiffrement Enigma. Celles-ci, Ă©lectromĂ©caniques et portables, estimĂ©es Ă  une bonne centaine de milliers d’unitĂ©s Ă  travers le monde, Ă©taient utilisĂ©es par le Reich pour communiquer en particulier avec ses sous-marins sillonnant l’Atlantique. 5À Bletchley, Hester fait la connaissance de Thomas Jericho, le plus douĂ© des dĂ©crypteurs d’Enigma qu’il considĂšre comme un chef-d’Ɠuvre du gĂ©nie humain [crĂ©ant] Ă  la fois le chaos et de minces rubans de sens ». Ce personnage pourrait ĂȘtre inspirĂ© d’Alan Turing – l’un des pĂšres fondateurs de l’informatique – si Alan Turing n’était citĂ© Ă  plusieurs reprises dans le roman et si notre hĂ©ros n’était pas amoureux d’une femme mystĂ©rieusement disparue. C’est pour Claire Romilly qu’il entraĂźne Hester, amie de cette derniĂšre, dans une aventure Ă  rebondissements – ils dĂ©couvriront ainsi, grĂące Ă  une Enigma entreposĂ©e parmi des prises de guerre, le secret bien gardĂ© du massacre de Kathyn – tout au long de chapitres aux titres sibyllins Murmures », Capture », Baiser », Crible », etc. pour qui ne connaĂźt pas encore Le Lexique de cryptographie top secret de Bletchley Park. 6Les Ă©nigmes gĂ©nĂ©rĂ©es par les machines Enigma ont servi de thĂšme Ă  plusieurs films de cinĂ©ma comme Enigma de Jeannot Szwarc 1983 et U-571 de Jonathan Mostow 2000. Le dernier en date Enigma, 2001, avec Kate Winslet et Dougray Scott a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par Michael Apted qui s’est inspirĂ© de ce roman de Robert Harris – auteur dont Roman Polanski adaptera dix ans plus tard The Ghost pour en faire The Ghost writer. 7Laurence MotoretJĂ©rĂŽme Ferrari, Le Sermon sur la chute de Rome, Arles, Actes Sud, 2012, 202 pages8 Le monde est comme un homme il naĂźt, il grandit, il meurt ». C’est sur cette citation tirĂ©e du sermon que prononça saint Augustin en 410, au moment de la chute de Rome, que se bĂątit le remarquable roman de JĂ©rĂŽme Ferrari. Un roman sombre et plein d’espoir, Ă  la fois tendre et cruel, drĂŽle et terrifiant, philosophique. 9Deux jeunes Corses, Matthieu et Libero, qui font leurs Ă©tudes de philosophie Ă  Paris, Matthieu sur Leibniz et Libero sur saint Augustin, dĂ©cident de les abandonner pour redonner vie Ă  un cafĂ© dans leur village natal. Ils pensent y crĂ©er le meilleur des mondes possibles ». Tout commence dans les meilleures conditions mais petit Ă  petit les choses se dĂ©tĂ©riorent. Nous suivons donc leur cheminement
 jusqu’à l’effondrement de l’utopie dans des conditions particuliĂšrement terribles. Ce que l’homme fait, l’homme le dĂ©truit » et nous assistons effectivement, effarĂ©s, Ă  la chute vertigineuse du monde qu’ils ont tentĂ© de crĂ©er et qu’ils dĂ©truisent inexorablement. 10Les nombreux articles qui sont parus aprĂšs qu’il a reçu le Prix Goncourt mentionnent trĂšs peu l’écriture qui pourtant participe grandement Ă  la valeur de cet ouvrage. D’abord les titres des diffĂ©rentes parties, tous tirĂ©s du sermon, qui servent de fil conducteur. Ensuite, le sermon prĂ©sentĂ© astucieusement Ă  la fin, qui interpelle le lecteur et l’oblige Ă  revenir sur des passages qu’il Ă©claire. Enfin et surtout, les phrases Ă©tonnamment, nĂ©cessairement longues qui vous mĂšnent jusqu’oĂč elles ont dĂ©cidĂ© de vous mener sans que vous ayez le temps de reprendre votre souffle. C’est du grand art ! 11 Le monde passe des tĂ©nĂšbres aux tĂ©nĂšbres », on pense Ă  Bernanos
 et on se dit qu’entre les tĂ©nĂšbres et les tĂ©nĂšbres il y a, quand mĂȘme, la vie. 12Monique Le MoingDominique Sierra, Un couloir infini, MĂ©nĂ©treuil, Éditions La tĂȘte Ă  l’envers, 2012, 143 pages13Les secrets n’ont pas de forme, pas de couleur, ils n’occupent aucun espace, ils ne sont rien d’autre qu’eux-mĂȘmes, multiples, innombrables, infinis. Mais, lĂ©gers, aĂ©riens, souterrains, muets ou claironnĂ©s, ils ont toujours un poids. Le secret, dans ce roman de dĂ©tresse et d’amour blessĂ©, est lourd, trĂšs lourd. Il fascine la narratrice J’ai envie d’avoir le plus de secrets possibles
 Des secrets, pour avoir quelque chose Ă  moi ? Pour peser davantage ? Pour me sentir exister ?
 » Ce roman est un rĂ©cit sans histoire Ă©vocation, obsession, lamentation, dĂ©ploration, haine, amour, soif de vie, soif de mort, tout cela s’entremĂȘle dans l’esprit de cette femme qui vient de trouver, mort au milieu d’un couloir fantasme ou rĂ©alitĂ© ?, le corps de son mari. Cet objet » inanimĂ© – car il y a belle lurette que les Ă©poux ne sont plus l’un pour l’autre que des Ă©trangers, qui se fuient, se dĂ©testent – suscite une longue rĂ©miniscence, en diverses sĂ©quences le mariage dont l’anniversaire a toujours donnĂ© lieu a une grande fĂȘte », la cuisine, l’infidĂ©litĂ© d’un mari mathĂ©maticien, volage d’une voracitĂ© criminelle », les travaux de rangement et de couture, un avortement, une belle-maman qui a tout d’une sorciĂšre la mĂšre de la narratrice ne vaut guĂšre mieux, l’immense tapis des griefs qui s’accumulent dans la poitrine, pĂšsent de tout leur poids », le nom d’une fillette, Louise, ou d’une poupĂ©e
 Les mots se dĂ©versent, comme un torrent de lave et de rage, dans ce couloir sans fin de la mĂ©moire Oh ! Tous ces mots ! Tous ces mots autour de moi. En moi. Ça grouille, ça grouille comme des vers qui vous pĂ©nĂštrent et se multiplient Ă  l’infini
 ». On a compris que ce livre n’est pas un roman rose. Ni mĂȘme un roman noir. C’est bien pire et plus beau. C’est le roman de la fureur de tuer, de vivre, d’exister pour les autres, pour soi
, la fureur d’ĂȘtre, tout simplement. Mais n’est-ce pas, plutĂŽt, peut-ĂȘtre, le livre d’une question, d’une seule question, d’une question terrible. Mais adressĂ©e Ă  qui ? Peut-ĂȘtre Ă  toi, d’abord, directement, lecteur ? La voici ; elle clĂŽt le roman On a le droit de fuir quand on ne peut plus combattre ? Quand on est vaincu et qu’on n’a plus de force ? Quand tout est trop grand pour soi, trop terrible, trop
 14TROP. Tout simplement “trop”. 15On a le droit ? » 16Bernard SesĂ©Livio Boni sous la direction de, L’Inde de la psychanalyse. Le sous-continent de l’inconscient, Paris, CampagnePremiĂšre/, 2011, 272 pages17Qu’on s’attache Ă  voir dans l’Inde une terre de spiritualitĂ©s » – Ă  la maniĂšre de ce que l’abbĂ© Bremond dĂ©couvrait dans la France de l’époque classique –, qu’on y accueille les recherches actuelles d’Ashis Nandy sur le colonialisme cf. L’Ennemi intime, avec une prĂ©face de Charles Malamoud, que le sous-continent » ait Ă  se passionner pour la spiritualitĂ©, pour le mysticisme ou le sentiment d’ocĂ©anitĂ© », on est de plus en plus ouvert Ă  ce Ă  quoi on a affaire, selon Freud lui-mĂȘme Ă  une sorte de jungle hindoue ». Et cela grĂące Ă  Livio Boni, l’organisateur du livre collectif intitulĂ© l’Inde de la Psychanalyse et publiĂ© directement en français. 18Une sociĂ©tĂ© analytique freudienne fut fondĂ©e, non en Occident, mais en Inde, Ă  Calcutta, Ă  la date de 1922, tandis que celle de Paris ne prit naissance qu’en 1926. C’est encore aujourd’hui par la renaissance bengalie et par son pouvoir sur l’Indian Psychoanalytic Association que le freudisme exerce son influence en Inde. 19Cette renaissance culturelle de la capitale indienne bĂ©nĂ©ficia d’un puissant mouvement de traduction, notamment en français, d’auteurs comme Romain Rolland, avec lequel Freud eut, entre 1926 et 1936, une correspondance autour des cĂ©lĂšbres textes hindous de Ramakrishna, de Vivekananda, du poĂšte Tagore, ainsi que de Gandhi. Cette rencontre donna lieu Ă  un dialogue sur le sentiment religieux cf. L’Avenir d’une illusion. 20Avec ses contributeurs, Livio Boni nous prĂ©sente ici une hermĂ©neutique centrĂ©e sur la religion, le sentiment religieux, les mystiques indiens contemporains ou chrĂ©tiens, avec une rĂ©fĂ©rence moderne au sentiment ocĂ©anique ». 21Charles BaladierGuido Liebermann, La Psychanalyse en Palestine 1918-1948. Aux origines du mouvement analytique israĂ©lien, Paris, CampagnePremiĂšre/, 2012, 309 pages22Une lĂ©gende invĂ©rifiable affirmait que les jeunes pionniers juifs qui arrivaient d’Europe au dĂ©but du siĂšcle dernier en Terre d’IsraĂ«l pour rĂ©aliser leur rĂȘve de reconstruction de leur foyer national en fondant les kibboutzim amenaient dans leurs bagages deux et seulement deux livres Le Capital de Karl Marx, et L’InterprĂ©tation des rĂȘves de Sigmund Freud. 23Mais si cette lĂ©gende est invĂ©rifiable et relĂšve probablement davantage du mythe, le livre de Guido Liebermann en revanche offre un panorama touffu, large et exhaustif de l’arrivĂ©e du freudisme et de la psychanalyse dans cette terre, bien avant la dĂ©claration d’indĂ©pendance de l’État d’IsraĂ«l. 24En fait, l’histoire que nous propose Liebermann est celle des origines du mouvement analytique en IsraĂ«l, qui se confond avec les deux dates symboliques de 1918 juste aprĂšs la DĂ©claration Balfour et la fin de la premiĂšre guerre mondiale et le dĂ©but de la domination britannique sur la Palestine et 1948, c’est-Ă -dire la fin du Mandat britannique et la dĂ©claration de l’indĂ©pendance. 25Liebermann nous fait parcourir avec une extrĂȘme rigueur les diffĂ©rentes Ă©tapes d’introduction de la psychanalyse en Palestine. Il est plus qu’intĂ©ressant de noter que celle-ci ne se rĂ©alisa pas seulement par les voies classiques » de la clinique et les instituts de SantĂ© mentale absolument inexistants Ă  l’époque, et que les psychanalystes ont largement contribuĂ© Ă  fonder et Ă  dĂ©velopper, mais aussi dans des pans entiers de la sociĂ©tĂ© comme l’assistance aux jeunes dĂ©shĂ©ritĂ©s et en errance, l’éducation dans les kibboutzim, et plus largement dans de nombreux projets sociaux et Ă©ducatifs. Ce n’est pas une des moindres surprises que nous rĂ©serve ce livre de voir Ă  quel point la psychanalyse prit une place de choix dans tous les domaines du social, imprĂ©gnant la pensĂ©e et l’action de ces immigrants confrontĂ©s Ă  des difficultĂ©s inĂ©dites dans une sociĂ©tĂ© en dĂ©veloppement accĂ©lĂ©rĂ© et avec des moyens matĂ©riels assez limitĂ©s. L’essor de la psychanalyse, notamment en ce qui concerne l’attention portĂ©e aux enfants et aux adolescents, est stimulante et laisse songeur par rapport aux rĂ©sistances que nous constatons aujourd’hui un peu partout. L’auteur dresse des portraits saisissants des pionniers de la psychanalyse en Palestine Max Eitingon, bien sĂ»r, mais aussi Montague David Eder, Mordechai Brachyahu, Dorian Feigenbaum, Siegfried Bernfeld, David Idelson, et surtout Mosche Wulff. 26En mĂȘme temps, ce dĂ©veloppement de la psychanalyse ne fut pas sans accrocs. DĂ©jĂ  Ă  l’époque se dessina une opposition ouverte au freudisme et Ă  la psychanalyse, provenant Ă  la fois de l’establishment religieux et des courants de la pĂ©dagogie venus des États-Unis. D’une certaine maniĂšre un antagonisme se dessine dĂšs lors entre un courant europĂ©en, laĂŻque, inspirĂ© par la philosophie des LumiĂšres la psychanalyse, et un autre courant, fortement marquĂ© par la religion et la tradition religieuse. 27Bien Ă©videmment, les psychanalystes trouveront un intĂ©rĂȘt tout particulier aux chapitres consacrĂ©s Ă  la crĂ©ation de la SociĂ©tĂ© de psychanalyse Ă  JĂ©rusalem par Max Eitingon, et la mise en place des programmes de formation des analystes, ainsi qu’aux chapitres consacrĂ©s Ă  l’accueil rĂ©servĂ© Ă  l’Ɠuvre de Freud, et plus particuliĂšrement aux ouvrages consacrĂ©s aux questions culturelles, notamment Totem et tabou et son dernier et polĂ©mique essai sur L’Homme MoĂŻse et la religion monothĂ©iste. Les diverses tentatives infructueuses d’introduire la psychanalyse Ă  l’UniversitĂ© sont tout aussi intĂ©ressantes et illustrent bien les rĂ©sistances Ă  l’Ɠuvre contre la dĂ©couverte freudienne. 28Il fallait ĂȘtre comme Liebermann Ă  la fois psychanalyste et historien pour pouvoir Ă©tablir un rĂ©cit aussi juste du point de vue psychanalytique que rigoureux du point de vue historique. La richesse, l’abondance et la pertinence des sources, dont un grand nombre d’inĂ©dits, confĂšrent Ă  cet ouvrage une valeur documentaire incontestable et incontournable. 29L’auteur nous promet une suite Ă  cette recherche exemplaire et passionnante que nous attendons avec l’impatience que suscitent les livres qui ouvrent des horizons. 30Daniel KorenÉlĂ©onore Armanet, Le Ferment et la grĂące. Une ethnographie du sacrĂ© chez les Druzes d’IsraĂ«l, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, Les Anthropologiques », 2011, 364 pages31L’auteur de cet ouvrage, docteur en anthropologie, a vĂ©cu pendant deux ans et demi, de juin 1996 Ă  janvier 1999, dans une communautĂ© druze d’IsraĂ«l, en haute GalilĂ©e. Ce travail ethnographique effectuĂ© avec passion et retracĂ© de maniĂšre critique est centrĂ© sur les femmes et le corps, dans leur relation au sacrĂ©. La recherche a Ă©tĂ© faite dans la langue de la sociĂ©tĂ© Ă©tudiĂ©e. 32ÉlĂ©onore Armanet repĂšre, Ă  la lecture du matĂ©riel recueilli, des champs d’intimitĂ© », parmi lesquels figurent le pain, le corps fĂ©minin et le Livre. Des chapitres entiers leur sont consacrĂ©s et mettent en Ă©vidence les similitudes de sens et de symboliques dans ces trois champs. On voit ainsi le caractĂšre central du pain dans les repas, la ritualitĂ© de sa fabrication et la puissante sacralitĂ© dont la communautĂ© l’investit. Ce sont des conduites de mise Ă  l’abri » du corps fĂ©minin dans le vĂȘtement, le silence, l’espace et la pudeur qui sont dĂ©crites et analysĂ©es. Allah nous a appelĂ©es Ă  abriter, et non Ă  dĂ©voiler », dit un proverbe fĂ©minin citĂ© dans cet ouvrage. Nos femmes sont des perles. FermĂ©e autour d’elles, une coquille en protĂšge le trĂ©sor », dit IsĂąm, 27 ans. Quant au Livre, l’auteur met l’accent sur son caractĂšre indicible, plutĂŽt que secret. C’est ce Livre qui m’a semblĂ© l’aspect le plus original de la recherche, Livre dont on aimerait en savoir plus, d’ailleurs. Il est sacrĂ© comme le sont les Écritures dans les religions monothĂ©istes traditionnelles, mais est l’objet d’un traitement » trĂšs particulier, similaire Ă  celui du nouveau-nĂ© on l’emmaillote. Par ailleurs, il est comparable Ă  la femme et Ă  son voilement Femme et Livre semblent ainsi liĂ©s Ă  un mĂȘme destin. Destin de l’Origine qu’ils incarnent et abritent. Est-ce simple coĂŻncidence si le foulard fĂ©minin nqĂąb des religieuses mutadayyinĂąt fait l’objet, lorsqu’on le range, d’un minutieux pliage tawĂź codĂ© et uniforme, dont l’enveloppement final Ă©voque les pages d’un livre encloses dans leur membrane blanche ? » p. 293. 33Toutes les observations minutieuses retranscrites ici sont prĂ©cieuses, ainsi que les rĂ©flexions auxquelles elles mĂšnent, dont le contenu se dĂ©marque de la plupart des affirmations de la littĂ©rature orientaliste, thĂ©ologique et historique dĂ©veloppĂ©e sur la communautĂ© druze » qui assimile la prescription religieuse du “secret” Ă  une mesure tenue seulement, et de façon systĂ©matique, en prĂ©sence du non-Druze, afin de mieux se distancer de lui ». Pour E. Armanet, le terme de sirr, gĂ©nĂ©ralement traduit par secret », l’est de maniĂšre erronĂ©e car il dĂ©signe ce que la langue arabe dĂ©finit comme la partie la plus intime d’une chose, son origine, son principe ». C’est pourquoi on trouvera sous la plume de l’auteur plus souvent des termes dĂ©signant le silence, comme le savoir-taire », par exemple, ou l’intime, que le mot secret ». 34Florence LĂ©viPatrick Avrane, Les Chagrins d’amour, Paris, Seuil, 2012, 157 pages35Pas de secret pour un psychanalyste. Cette affirmation serait aux antipodes de la pensĂ©e de Patrick Avrane, orfĂšvre en la matiĂšre. Au contraire, c’est dans l’épanouissement d’un amour authentique que s’approfondit l’inĂ©puisable secret du mystĂšre de l’autre, de mon propre secret. Le chagrin d’amour est un rĂ©vĂ©lateur de la qualitĂ© d’une passion vraie ou fausse, juste ou trompeuse, narcissique ou bien ouverte Ă  l’altĂ©ritĂ© ? Le chagrin d’amour est le signe d’un Ă©chec de l’amour ; deux aboutissements s’offrent Ă  lui le suicide ou la sublimation, la balle de pistolet que Werther se tire dans la tĂȘte, ou la mĂ©tamorphose dans les registres de l’imagination crĂ©atrice. Le chagrin d’amour porte en lui l’écho, proche ou lointain, de la mort ; n’est-il pas une façon d’en dĂ©jouer la menace ? De façon paradoxale, le chagrin d’amour est aussi une victoire de l’amour. Patrick Avrane l’affirme Le chagrin garantit la persistance de l’amour. À la diffĂ©rence du deuil, il ne transforme pas son objet en une chose indiffĂ©rente, il le perpĂ©tue. » Il est mĂȘme la clef d’une enrichissante expĂ©rience de soi-mĂȘme Le chagrin ouvre les porte de l’Autre. » Delphine de Madame de StaĂ«l, Adolphe de B. Constant, RenĂ© de Chateaubriand, RomĂ©o et Juliette de Shakespeare, la lĂ©gende de Tristan e Iseut, Rabelais, À la recherche du temps perdu de Proust, Le ChĂąteau des Carpathes de Jules Verne, La Femme du Boulanger de Pagnol, Jean le Bleu de Giono, les Ă©crits d’AnaĂŻs Nin
 la subtile analyse des peines de cƓur se tisse ici Ă  partir de rĂ©fĂ©rences littĂ©raires, oĂč se distinguent le chagrin de la pulsion » et le chagrin de l’objet ». Sujets humains, discrĂštement voilĂ©s, ou personnages de fiction, ĂȘtres de chair et de papier », ayant traversĂ© la mĂȘme expĂ©rience, Ă©changent leurs statuts dans le rĂ©el de l’écriture de l’auteur qui les examine dans la mĂȘme perspective. Des hĂ©ros littĂ©raires, des cas cliniques, s’entremĂȘlent dans ce grand théùtre du chagrin ; l’éclairage, que P. Avrane leur donne, met en relief les pulsions ou les dĂ©terminismes qui ont orientĂ© leur destin, lorsqu’ils affrontĂšrent cette Ă©preuve. Heureuse Ă©preuve Ainsi nous comprenons que traverser le chagrin d’amour permet de nous dĂ©prendre de la fatalitĂ© du destin. » 36Bernard SesĂ©

Lamour n’est pas d'abord une relation Ă  une personne prĂ©cise ; c’est une attitude, une prĂ©disposition du caractĂšre qui dĂ©termine la relation d’une personne au monde dans son entier, pas seulement envers un « objet » d’amour.

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 - . la nuit descend doucement sur notre amour qu’il est doux de rĂȘver qu’au bout de ton ocĂ©an tu LE PATBQ, C ’EST QUOI ? - Programme d'analyse des troupeaux de boucherie du quĂ©bec confĂ©rencier guy d. lapointe, DEUS CARITAS EST Dieu est Amour - . deus caritas est dieu est amour. “ dieu est amour celui qui demeure dans L amour poison - L'amour passion. l'amour poison. l'amour cochon. c'est l'amour avec un grand a. l'amour explication. Un CLIC c est quoi - Conf?rence r?gionale de g?riatrie mard 6 novembre 2007. structure de proximit? pour. les personnes Un CLIC c est quoi AMOUR - . le SANS AMOUR - . le sens du devoir sans amour rend irritable, mĂ©content. la responsabilitĂ© sans amour rend inflexible, QuÂŽest ce que cÂŽest ? - . cÂŽest un chien shian . quÂŽest ce que cÂŽest ?. cÂŽest un requin rekan . quÂŽest ce c’ est de l’impressionnisme ? c’ est du cubisme ? peinture L’ impressionnisme et le cubisme - . plan de notre Amour interdit - . attention si vous avez 18 ans ou moins, svp quittez ce programme. 
.. cĂ©tait une nuit C’ QUOI ? - . un lieu de premier accueil anonyme et gratuit. ouvert Ă  tous les jeunes confrontĂ©s de prĂ©s ou de loin C ’est combien ? - . 10 dix. c ’est combien ?. 20 vingt. c ’est combien ?. 30 trente. c ’est combien ?. 40 Un CLIC cñ€ℱest quoi? - . centre local dñ€ℱinformation et de coordination gérontologique. structure de Le danger et l ’amour Ă©ternel - . par hajar, karine et esly. il y a des siĂšcles et des siĂšcles, le prince romĂ©o Les langues Ă©trangĂšres c`est l`avenir! - . ĐąĐ”ĐŒĐ° Мы ĐžĐ·ŃƒŃ‡Đ°Đ”ĐŒ Ń„Ń€Đ°ĐœŃ†ŃƒĐ·ŃĐșĐžĐč ŃĐ·Ń‹Đș» 1 of 5 Presentation Transcript C’est quoi l’amour ? PoĂšme de TaniaL'Amour c'est comme les AngesÇa n'a pas d'ĂągeMĂȘme avec des cheveux blancsOn peut aimer pleinementL'Amour c'est comme les fleursC'est printemps peuvent se succĂ©der,Rien ne trouble le verbe c'est comme le ventÇa peut ĂȘtre tendresse, les mots douxS'accompagnent de c'est parfois un rĂȘveSe quand on a des cheveux blancs,S'il nous reste encore du c'est comme le vinC'est on avance dans le tempsS'effacent au coeur, nos 20 ansCrĂ©ation Mado Les Amours de Mado AoĂ»t 2009
Jecrois qu’à un moment il a pensĂ© que le dĂ©sir et l’amour pouvaient ĂȘtre l’ouverture de cette impasse." Des interrogations qui resteront en suspens jusqu'Ă  la diffusion de la saison 2 .
Au commencement Ă©tait le sentiment l’hainamoration? Nous allons poursuivre ce soir le travail entamĂ© le mois dernier, Ă  partir d’une question posĂ©e lors de la discussion. Paola Casagrande avait dit qu’aprĂšs m’avoir Ă©coutĂ© qu’il lui semblait que rien ne prouvait que la haine Ă©tait antĂ©rieure Ă  l’amour, contrairement Ă  ce que Freud avait affirmĂ©. Paola, par cette Ă©nonciation, a produit un vĂ©ritable acte analytique. En effet, elle m’a fait entendre ce que j’avais dit, sans savoir que je l’avais dit, et me l’a fait entendre dans l’aprĂšs-coup. Cela m’a mis au travail, et c’est ce travail que je vous prĂ©sente ce soir. C’est vĂ©ritablement cet effet que j’attends d’un sĂ©minaire psychanalytique. Un sĂ©minaire analytique n’est pas le partage d’un savoir, ou la transmission d’un savoir, ce qui est de l’ordre du discours universitaire qui transmet un savoir constituĂ© et donne lieu Ă  un diplĂŽme universitaire. Un tel diplĂŽme ne peut d’aucune façon lĂ©gitimer une pratique de l’analyse. Celle-ci ne peut se lĂ©gitimer que de son acte, comme celui Ă©voquĂ© tout Ă  l’heure. L’acte analytique ne peut se faire que dans le cadre d’un transfert. Lors d’un sĂ©minaire analytique, il s’agit d’un transfert de travail, qui seul, avec bien sĂ»r le transfert dans la cure ou celui d’une analyse de contrĂŽle permet un tel acte. Il y a, ainsi, lors d’un sĂ©minaire, transmission d’un savoir non pas d’un savoir constituĂ©, qui peut de surcroit aussi s’y transmettre, mais d’un savoir sur l’inconscient qui dĂ©bouche sur une mise au travail de l’inconscient. Ainsi, un sĂ©minaire psychanalytique n’est pas un cours, mais l’exposĂ© d’un travail en cours, mettant en jeu l’inconscient du sujet qui s’y expose. Evidemment, cela ne peut se produire que si un sujet s’y expose et si au moins un de ceux ou celles qui y participent accepte d’y ouvrir son inconscient; d’oĂč la nĂ©cessitĂ© du dit transfert de travail. Pour en revenir Ă  la question de la haine, le dire de Paola m’est apparu dans la prĂ©paration du sĂ©minaire de ce soir d’une justesse assez extraordinaire. En tenant Ă  rĂ©affirmer cette position qu’il n’y avait pas deux pulsions qui s’opposent, la pulsion de vie et la pulsion de mort, mais une seule pulsion dans une structure moebienne, il Ă©tait logique de produire la mĂȘme structure moebienne Ă  l’égard de l’amour et de la haine. En effet, Freud Ă©crit dans une note ajoutĂ©e en 1923 au texte sur le petit Hans Son opposition de la pulsion de destruction ou pulsion de mort aux pulsions libidinales vient Ă  s’exprimer dans la polaritĂ© bien connue de l’aimer et le haĂŻr 1». Il Ă©nonce lĂ , clairement, que l’amour et la haine sont l’expression, la manifestation des pulsions de vie et de mort. 1 S. Freud. Analyse de la phobie d’un garçon de cinq ans. IX. P123. Mais Paola a avancĂ© un argument, et c’est celui-ci qui est si juste. Elle pose la question de savoir si la haine est premiĂšre. En effet, la seule occurence que j’ai trouvĂ©e, oĂč Freud, admet une remise en question possible de l’opposition entre pulsion de vie et pulsion de mort, c’est-Ă -dire de deux pulsions distinctes, est dans Le moi et le ça » oĂč il parle de la transformation de la haine en amour ou de l’amour en haine Si cette transformation est plus qu’une simple succession temporelle, donc un relais2 ou une rĂ©solution, alors Ă©videmment le sol vient Ă  manquer pour une diffĂ©renciation aussi fondamentale que celle entre pulsions Ă©rotiques et de mort, qui prĂ©suppose des processus physiologiques aux cours opposĂ©s 3». Ainsi, pour Freud, il est indispensable qu’il y ait cette succession temporelle entre la haine et l’amour pour pouvoir affirmer l’existence de deux pulsions. Il apparaĂźt alors que de savoir si la haine est premiĂšre ou pas est fondamental pour soutenir cette affirmation qu’il n’y a qu’une seule pulsion. Freud soutient donc cette position, oĂč la haine et l’amour viennent l’un aprĂšs l’autre occuper la place, voire parfois se mixer l’un Ă  l’autre, ce qui donne l’ambivalence, sinon cela signifie qu’il ne s’agit pas de deux entitĂ©s distinctes. Cela est contenu dans la signification du terme allemand d’ ablösung » . Il va ainsi logiquement avancer et soutenir que la haine est premiĂšre dans le temps. En effet, pour Freud, l’extĂ©rieur, l’objet, le haĂŻ seraient au tout dĂ©but identiques, et comme nous l’avons vu la derniĂšre fois, c’est ainsi que l’objet sera constituĂ©. Dans le mĂȘme temps que se constitue l’objet, le moi est Ă©galement constituĂ© par l’effet de la haine, et se dĂ©finit comme ce qui n’est ni extĂ©rieur, ni haĂŻt, ni donc objet; l’amour en tant qu’amour narcissique n’intervenant alors qu’en un temps second. Ceci est manifeste quand on rappelle que lorsque Freud dĂ©couvre la pulsion de mort, il substitue celle-ci aux pulsions de conservation du moi. La haine apparaĂźt ainsi comme le garant de la conservation du moi, aprĂšs l’avoir formĂ©. Si la haine vient d’abord, c’est donc que l’auto-conservation constitue un mobile primaire dans tout les sens du terme . La haine s’alimente en quelque sorte dans le souci de soi, lĂ©gitime. C’est ce qu’affirme Freud dans Pulsions et destin des pulsions » On peut mĂȘme affirmer que les prototypes vĂ©ritables de la relation de haine ne sont pas issus de la vie sexuelle, mais de la lutte du moi pour sa conservation et son affirmation »4. Il y a alors une relation toutĂ  fait intime entre le moi et le sentiment de haine, sans que l’on puisse clairement savoir lequel antĂ©cĂšde l’autre. Nous avons Ă©voquĂ© le sentiment de haine, car il n’y a pas Ă  douter que la haine soit un sentiment, le plus souvent inconscient, un affect, ce qui ne peut exister qu’aprĂšs la formation du moi, donc dans un effet d’aprĂšs-coup. 2 Paul-Laurent Hassoun, dans La haine la jouissance et la loi. sous la dir. de Hassoun et M. Zafiropoulos. Psychanalyse et pratiques sociales. Anthropos. 1995. Il remarque que le mot allemand, ici traduit par relais » et qu’il traduit par rĂ©solution, est Ablösung, qui note-t-il contient Ă  la fois l’idĂ©e de dissolution » Lösung, d’ mamortissement » d’une hypothĂšque! et de transmission par laquelle quelqu’un vient Ă  assumer l’activitĂ© de quelqu’un d’autre tout cela est contenu dans le passage » de l’amour Ă  la haine. 3 S. Freud. Le moi et le ça. XVI. P286. 4 S. Freud. Pulsions et destin de pulsions. In XIII. P185. P41 in MĂ©tapsychologie, IdĂ©es Gallimard. Ceci n’est pas sans contradictions, relevons celle-ci concernant l’identification, largement Ă©voquĂ©e lors du dernier sĂ©minaire, ici mĂȘme, oĂč en particulier c’est lors de la premiĂšre identification, phase du miroir pour Lacan, que se constituent le moi et l’objet. Freud Ă©crit dans La psychologie collective et analyse du moi » La psychanalyse voit dans l’identification » la premiĂšre manifestation d’un attachement affectif Ă  une autre personne 5». Pour cette premiĂšre relation Ă  l’objet, Freud parle d’attachement affectif, et lĂ  il n’est pas question directement de haine, comme Ă©voquĂ©e tout Ă  l’heure. L’attachement affectif est le noeud de cette affaire, car il s’agit du premier sentiment, lors de l’identification narcissique comme il l’appelle dans Deuil et mĂ©lancolie 6» . Il Ă©crit L’identification est d’ailleurs ambivalente dĂšs le dĂ©but 7». Ce qui laisse entendre que dĂšs le dĂ©but il est questiond’ambivalence, ce qui n’est plus tout Ă  fait la mĂȘme chose que la haine. Ceci est Ă  l’origine d’une confusion dans la littĂ©rature analytique, oĂč trĂšs souvent les analystes parlent d’ambivalence en lieu et place de la haine, en particulier chez les post-freudiens, mais aussi chez des lacaniens. Nous y reviendrons. L’ambivalence et la haine ne sont pas les mĂȘmes choses. L’ambivalence est un mĂ©lange d’amour et de haine, Freud est clair dans ce texte, oĂč il Ă©crit Elle se comporte comme un produit de la premiĂšre phase, de la phase orale de l’organisation de la libido, de la phase pendant laquelle on s’incorporait l’objet dĂ©sirĂ© et apprĂ©ciĂ© en le mangeant, c’est-Ă -dire en le supprimant 8». Il apparaĂźt lĂ  que l’amour et la haine sont, et ceci depuis l’origine, intrinsĂšquement liĂ©s, voire mĂȘme indissociables aimer c’est aussi dĂ©truire. Il est ainsi difficile de soutenir que l’amour n’est pas du cĂŽtĂ© de la pulsion de mort. Alors, d’un cĂŽtĂ© Freud nous dit que la haine est premiĂšre chronologiquement et d’un autre cĂŽtĂ© il nous dit que dĂšs le dĂ©but c’est d’ambivalence qu’il s’agit. Et cette question est Ă  l’origine de confusions, de complexitĂ©s et de circonvolutions infinies pour retomber sur ses pieds. Au dĂ©part, il y a un sentiment, qualifiĂ© soit de haine soit d’ambivalence; alors on peut choisir soit de confondre haine et ambivalence, soit de penser qu’il y a au dĂ©part un sentiment complexe, peut ĂȘtre encore indiffĂ©renciĂ©, pour lequel le concept d’ambivalence, trop marquĂ©, ne convient pas. En 1973, Lacan lors du sĂ©minaire Encore » invente le terme d’ hainamoration ». C’est le choix que nous avons fait, c’est-Ă -dire de penser ce premier sentiment humain est fait Ă  la fois d’amour et de haine, tel qu’au dĂ©part, au moins, amour et haine soient indiffĂ©renciĂ©s. Ce n’est que dans un second temps que l’amour et la haine vont pouvoir progressivement acquĂ©rir chacun, mais seulement en partie, leur identitĂ© propre, tels qu’ils pourraient apparaĂźtre comme des opposĂ©s. 5 Freud. Psychologie collective et analyse du moi. In Essais de psychanalyse. Petite BibliothĂšque Payot. Paris. 1968. P 126. 6 L’identification narcissique est la plus originelle ». Deuil et mĂ©lancolie. XIII. P271. 7 Psychologie collective et analyse du moi. Op. Cit. P127. 8 Ibid. Ainsi, nous soutenons qu’au commencement Ă©tait l’hainamoration ce qui donne Ă  la haine et l’amour une structure moebienne. Nous pensons que Freud ne peut penser une thĂ©orisation de la psychanalyse autrement qu’en mettant en opposition deux Ă©lĂ©ments contradictoires. DĂšs Les Ă©tudes sur l’hystĂ©rie » en 1895, il met en place le conflit psychique. Tout d’abord par l’opposition entre conscient et inconscient Ă  partir du refoulement. Nous y trouvons le refoulĂ© et le non-refoulĂ© qui rĂ©pond Ă  ce processus binaire du plaisir/dĂ©plaisir. Puis, il remarque qu’il y a du plaisir dans le dĂ©plaisir. Pour en rendre compte, il lui est nĂ©cessaire de recourir Ă  la perversion. Il invoque le masochisme, qu’il Ă©tend Ă  toute la vie psychique, avec cette question que nous rappelions oĂč il s’agit de savoir si le masochisme est primaire ou si c’est le sadisme qui se retourne sur le moi, thĂšse qu’il retiendra dans un premier temps. Ce n’est qu’en dĂ©couvrant la pulsion de mort qu’il soutiendra que le masochisme est primaire et que le retournement du sadisme sur le moi est une forme secondaire du masochisme. Sadisme et masochisme s’opposent, tout en n’étant pas ni complĂštement diffĂ©rent, ni symĂ©trique l’un de l’autre; et ayant Ă©galement des sources diffĂ©rentes le sadisme tient son Ă©nergie de la nĂ©cessitĂ© d’éviter le dĂ©plaisir et le masochisme d’une propriĂ©tĂ© inhĂ©rente Ă  la matiĂšre vivante. De mĂȘme, pour comprendre la question de la pulsion, il lui faut aussi une opposition entre deux pulsions ou groupes de pulsions tout d’abord celle entre les pulsions libidinales et les pulsions du moi ou de conservation du moi; puis entre celles de vie et de mort. Or, afin de conceptualiser le systĂšme psychique, il forme un modĂšle tripartite le conscient, le prĂ©conscient et l’inconscient, oĂč il dĂ©crit le processus psychique sous les trois rapports dynamique, topique et Ă©conomique; puis un second modĂšle avec le moi, le ça et le surmoi. Ainsi, d’un cĂŽtĂ© il met en place un systĂšme d’opposition Ă  deux termes, conflictuel, comme entre l’intĂ©rieur et l’extĂ©rieur, le moi et le non-moi, et de l’autre cĂŽtĂ© une structure triangulaire comme le complexe d’Oedipe. En effet, il s’agit de concilier un aspect physique ou physiologique a deux dimensions avec celui Ă  trois dimensions qui est celui du signifiant, de l’ĂȘtre-parlant, de la vie psychique humaine qui n’existe qu’à partir du langage. Freud ne le produira pas; bien qu’il ait mis en place ce qui est nĂ©cessaire Ă  une autre nformalisation. DĂšs les Etudes sur l’hystĂ©rie » il parle du clivage. Il n’étudiera, partiellement, cette notion qu’à la fin de son Ɠuvre. Lacan, quant Ă  lui, n’a jamais soutenu ce principe d’opposition, si ce n’est pour en montrer l’asymĂ©trie. En effet, trĂšs vite, il va dĂ©velopper la question de la division du sujet, qui sera notĂ© $, introduit pour la premiĂšre fois dans le graphe lors du sĂ©minaire Les formations de l’inconscient » en 1957. Pour lui, il ne s’agit pas d’un conflit intra-psychique ou de deux pulsions contraires, mais de l’effet du signifiant sur un sujet dĂšs l’entrĂ©e dans le langage. Lacan n’a pas besoin de mĂ©taphoriser cette division par la mise en Ă©vidence des oppositions. Il va de soi que cela se produit et que les apparents contraires ressortissent Ă  des occurrences diffĂ©rentes du signifiant. Si Freud ne peut lĂącher le concept de deux pulsions opposĂ©es et son corollaire de l’opposition de la haine et de l’amour, oĂč la haine serait antĂ©rieure Ă  l’amour, c’est, nous semble-t-il, par une thĂ©orisation insuffisante de la question du clivage et donc de la division subjective. Dans notre clinique, quand un sujet Ă©nonce une contradiction ou une opposition interne Ă  son psychisme, nous ne nous posons pas la question en terme d’opposition ou de contradiction qu’il s’agirait de faire reconnaĂźtre comme telle au sujet, mais en terme de division du sujet en regard du signifiant, afin qu’au dĂ©cours de la cure le sujet puisse se reconnaĂźtre comme divisĂ©. Par exemple, quand un sujet s’interroge pour dĂ©cider d’aller dans le sens de son dĂ©sir, pour autant qu’il puisse en savoir quelque chose, ou d’aller vers une norme sociale, c’est- Ă -dire d’obĂ©ir Ă  une injonction du surmoi qui peut lui apparaĂźtre comme venant de l’Autre, nous ne pensons pas ce qu’il se passe en tant que conflit, semblant se produire entre le moi et l’Autre, dont la rĂ©solution a pu ĂȘtre thĂ©orisĂ©e par un renforcement du moi, mais en tant que choix du sujet, oĂč un sujet est reprĂ©sentĂ© par un signifiant pour un autre signifiant. C’est ce qu’en disent nos patients J’ai Ă  faire un choix », on est ainsi au plus prĂšs du dire du sujet. Ceci est une Ă©volution de la thĂ©orie et de la pratique analytiques consĂ©cutive Ă  ce que Lacan a transmis. Nous ne pensons pas que Lacan, dans l’ensemble de ses Ă©crits et sĂ©minaires ait pu contredire notre thĂšse de la structure moebienne de l’amour et la haine. Il y met toutefois deux rĂ©serves le lien avec l’ambivalence d’une part, et d’autre part que l’amour et la haine ont deux supports diffĂ©rents. Nous avons dĂ©jĂ  abordĂ© la relation Ă  l’ambivalence que nous allons approfondir. Il a Ă©crit dans L’étourdit » que L’amour-haine, c’est ce dont un psychanalyste mĂȘme non lacanien ne reconnaĂźt Ă  juste titre que l’ambivalence, soit la face unique de la bande de Moebius, – avec cette consĂ©quence, liĂ©e au comique qui lui est propre, que dans sa vie » de groupe, il n’en dĂ©nomme jamais que la haine 9». Il note lĂ  deux problĂšmes de ne pas diffĂ©rencier l’amour de la haine, ce que nous nous emploierons Ă faire tout Ă  l’heure, et cela nous semble fondamental, et la confusion que nous avons Ă©voquĂ©e, oĂč pudiquement l’emploi dans ce sens du terme d’ambivalence dĂ©signe la haine qui transparait dans l’amour, comme si elle ne lui Ă©tait pas consubstantielle. C’est ce qu’il dit dans le sĂ©minaire 9 L’ÉTOURDIT. In pas tout Lacan. Texte du 14 juillet 1972. P1438. Encore » quand il introduit cette notion nouvelle de l’hainamoration Si l’hainamoration, justement, elle la psychanalyse avait su l’appeler d’un autre terme que de celui, bĂątard, de l’ambivalence, peut-ĂȘtre aurait-elle mieux rĂ©ussi Ă  rĂ©veiller le contexte de l’époque oĂč elle s’insĂšre 10». Il l’énonçait dĂ©jĂ  explicitement Ă  propos du transfert en 1968 ambivalence pour user du mot dont la bonne Ă©ducation psychanalytique dĂ©signe la haine 11». Or, dans le transfert, en particulier dans le transfert nĂ©gatif, c’est d’une vĂ©ritable haine dont il s’agit. D’ailleurs, cette haine n’est pas l’apanage de l’analysant. Ce que montre bien Luis Eduardo Prado De Oliveira dans son livre La haine en psychanalyse12 ». Nous allons jusqu’à poser la question de savoir si la pratique de certains analystes, et non des moindres, avec certains de leurs analysants, n’a pas Ă©tĂ© de dĂ©velopper l’amour de transfert en haine. Nous pensons Ă  Freud qui a pris sur son divan sa propre fille Anna, Ă  Lacan qui a eu des relations sexuelles avec Catherine Millot et Ă  Donald Winnicott avec son analysant Masud Khan qui en plus se recevaient en couple les uns chez les autres. Peut ĂȘtre ces analystes Ă©taient- ils suffisamment forts ou suffisamment bons? pour s’arranger avec leur jouissance, mais leurs analysants? A l’évidence le concept d’ambivalence ne convient pas pour ces exemples extrĂȘmes, contrairement Ă  celui d’hainamoration. Donc, au commencement Ă©tait l’hainamoration, premier sentiment; Ă  ce moment, l’amour et la haine sont encore indiffĂ©renciĂ©s. Le moi et l’objet se constituent, comme nous l’avons envisagĂ© lors du prĂ©cĂ©dent sĂ©minaire, dans un double rapport Ă  l’image ou Imago, en miroir, donc dans le registre imaginaire; et symbolique par un processus de subjectivation, une reprĂ©sentation qui est l’idĂ©al du moi. Pour le dire autrement l’identification imaginaire, celle du moi qui est une image extĂ©rieure au sujet et une reprĂ©sentation interne au sujet, signifiante, qui est l’idĂ©al du moi. Comme vous le voyez, Ă  dĂ©faut de vous le reprĂ©senter, cela se passe entre un dehors et un dedans , un moi et un non-moi qui ne sont pas superposables. C’est lĂ  que la structure moebienne peut venir simplifier les choses, oĂč le dedans et le dehors sont sur les deux faces de la bande de Moebius, qui sont en fait une seule et mĂȘme face; il en va alors de mĂȘme pour le moi et l’Autre. 10 J. Lacan; SĂ©minaire XX. Version Valas. P192. 11 J. Lacan. Introduction de Silicet au titre de la revue de l’école freudienne de Paris. In Pas tout Lacan. P1182. Janvier 1968. 12Luis Eduardo Prado De Oliveira. La haine en psychanalyse. Liber. MontrĂ©al. 2018. Qu’est-ce que cette structure moebienne? Lacan l’explique bien dans le sĂ©minaire XVIII Or ce qu’il s’agissait de vous faire toucher du doigt, c’est la possibilitĂ© d’une inscription double Ă  l’endroit, Ă  l’envers sans qu’ait Ă  ĂȘtre franchi un bord. C’est la structure dĂšs longtemps bien connue dont je n’ai eu qu’à faire usage dite de la bande de Moebius 13». Il vous devient peut-ĂȘtre plus perceptible que cette structure moebienne vient poser d’une façon radicalement diffĂ©rente ces questions du dedans et du dehors et surtout du moi et de l’autre. Les opposĂ©s sont finalement en continuitĂ©, il n’y a pas de bord entre eux. Poursuivons notre raisonnement, sur ce qui vient diffĂ©rencier la haine de l’amour Ă  partir du premier sentiment qu’est l’hainamoration. Si, lors de l’identification le moi se reconnaĂźt comme identique Ă  soi-mĂȘme », que l’on peut Ă©crire soi m’aime », il va identifier le moi Ă  l’idĂ©al du moi, s’incorporer comme dirait Freud et ainsi se constituer comme moi, le moi s’intĂ©riorise et se trouve symbolisĂ©, se nomme comme moi; et s’il ne lui semble pas ĂȘtre identique Ă  soi-mĂȘme », il est un objet, un autre, un soi-m’aime-pas », un soi-haĂŻ » et reste au dehors, Ă  l’extĂ©rieur. Ainsi, il apparaĂźt que l’amour se situe Ă  l’articulation de l’imaginaire et du symbolique, alors logiquement la haine devrait se situer Ă  l’articulation de l’imaginaire et du rĂ©el, ce que nous montrerons tout Ă  l’heure. L’amour et la haine de ce point de vue ne sont pas des opposĂ©s, mais au contraire apparaissent comme deux pĂŽles de l’imaginaire entre le rĂ©el d’un cĂŽtĂ© et le symbolique de l’autre. Lacan amĂšne cela dĂšs le sĂ©minaire I sur le moi, oĂč entre le rĂ©el et le symbolique, se trouve la troisiĂšme passion de l’ĂȘtre l’ignorance14. Les mĂ©canismes Ă  l’Ɠuvre pour dĂ©terminer si on a affaire Ă  l’amour ou la haine sont le plaisir et le dĂ©plaisir. Si la vision de l’objet identificatoire provoque du plaisir, il sera aimĂ©, et, comme lors de la phase orale il sera incorporĂ© et dĂ©truit. Si cette vision suscite du dĂ©plaisir l’objet sera haĂŻ, reconnu comme autre c’est-Ă -dire comme non-moi ou pas reconnu comme moi, extĂ©rieur et servira par la haine qui le vise Ă  la conservation du moi. C’est le plaisir ou le dĂ©plaisir qui vont orienter et donc mettre en place cette diffĂ©renciation de l’hainamoration entre ses deux pĂŽles d’amour et de haine. Ainsi, ce qui est aimĂ© est reconnu comme constitutif du moi, sera idĂ©alisĂ© et tout Ă  fait conscient, entiĂšrement dialectisĂ©, significantisĂ©, avec une consistance Ă  la fois imaginaire et symbolique. Alors que ce qui est haĂŻ appartient au monde extĂ©rieur, n’est pas reconnu comme partie du moi et va connaĂźtre le destin de ce qui est cause dedĂ©plaisir. C’est dire que cet objet haĂŻ est objet de jouissance. En effet, on peut avancer que le dĂ©plaisir, dont se soutient Freud tout au long de sa dĂ©couverte de la psychanalyse et dont il tire la pulsion de mort, correspond Ă  ce que Lacan a nommĂ© jouissance. Ainsi, ce qui est cause de dĂ©plaisir, haĂŻ est de ce fait objet de la jouissance. La jouissance est Ă  situer dans le rĂ©el. C’est-Ă -dire qu’elle n’est pas soumise Ă  la logique du signifiant et pas consciente. Dans ce registre du rĂ©el la haine est pure jouissance. Ce qui apparaĂźt alors est ceci la haine se forme dans l’imaginaire suivant la phase du miroir, largement Ă©voquĂ©e lors du dernier sĂ©minaire, Ă  partir de ce premier sentiment d’hainamoration. Ce qui lui donne une consistance imaginaire, ce qui est la forme sous laquelle elle apparaĂźt au sujet. Dans un mĂȘme temps, elle devient un rĂ©el, en tant que jouissance, de façon Ă  ce que le sujet ne puisse l’apprĂ©hender qu’en tant qu’élĂ©ment imaginaire. 13 J. Lacan. Sem XVIII. D’un discours qui ne serait pas du semblant. Version Valas. P4. 14 SĂ©minaire I. Le moi dans la thĂ©orie de Freud et dans la technique de la psychanalyse. Version Valas. P 742. Ainsi se crĂ©ent Ă  la jonction du symbolique et de l’imaginaire la passion ou la cassure, si vous voulez, ou la ligne d’arĂȘte qui s’appelle l’amour, Ă  la jonction de l’imaginaire et du rĂ©el, celle qui s’appelle la haine, et Ă  la jonction du rĂ©el et du symbolique, celle qui s’appelle l’ignorance ». Cela a pour consĂ©quence importante concernant la clinique de la haine que cet aspect imaginaire peut s’enflammer sans qu’une limite symbolique puisse agir. C’est exactement ce que l’on peut observer actuellement dans le discours public, oĂč domine cet aspect purement imaginaire, et oĂč la rĂ©alitĂ© se dissout dans l’imaginaire et permet toutes les exagĂ©rations tant dans le mensonge pudiquement nommĂ© fake-news que dans les thĂšses complotistes et les ambiances de lynchage que l’on trouve dans le discours public, autant dans les rĂ©seaux sociaux que dans les discours des hommes et femmes politiques, mĂȘme ceux qui soutiennent des positions modĂ©rĂ©es. Aujourd’hui plus personne ne peut tenir un discours politique qui ne fait pas d’une façon ou d’une autre allusion Ă  l’immigration, aux Ă©trangers, c’est-Ă -dire pour le moins rĂ©fĂ©rence Ă  la haine. Tous les meurtres de masses et gĂ©nocides ont Ă©tĂ© prĂ©parĂ©s par de tels discours. Ainsi, cet imaginaire de la haine vient masquer ce qu’il en est de la haine en tant que rĂ©el. Comme illustration, prenons l’exemple de ces discours ce qu’ils viennent dire, c’est que ces Ă©trangers, ces autres ne sont pas humains, ce sont des parasites, des cloportes, des choses, de façon Ă  les dĂ©sidentifier d’une figure Ă  laquelle on puisse s’identifier, un semblable. Il en va de mĂȘme pour ceux qui honnissent les migrants, oubliant qu’eux mĂȘmes sont des migrants ou enfants de migrants; il se produit pour eux une dĂ©sidentification. Rappelons que l’identification est un mĂ©canisme qui allie l’imaginaire au symbolique. Donc, la question se pose de comment introduire du symbolique dans la haine? Robert LĂ©vy, qui viendra ici en janvier prochain, nous parlera probablement de ce qu’il a appelĂ© l’identification idĂ©ale collective », comme une possibilitĂ© de mĂ©taphorisation, c’est-Ă -dire de symbolisation du rĂ©el. Ainsi, nous avons affaire Ă  ce qui concerne la nature rĂ©elle de la haine en tant que jouissance, c’est-Ă -dire la difficultĂ© Ă  la reconnaĂźtre, en particulier de la reconnaĂźtre comme partie intĂ©grante et constitutive de soi comme sujet. C’est une des plus grande difficultĂ© et rĂ©sistance lors des cures pour un sujet d’arriver Ă  se reconnaĂźtre dans sa jouissance. N’est-ce pas lĂ  le troisiĂšme pied de la passion, celle dont Lacan dit qu’elle est majeure, la passion de l’ignorance? Celle qui se caractĂ©rise par l’absence d’imaginaire. Celle qui permet de ne pas se connaĂźtre, Ă©quivalent Ă  ne pas se reconnaĂźtre dans l’Autre. Pour terminer, une courte remarque, faute de temps, pouvant ĂȘtre un prĂ©lude Ă  un autre travail. Nous nous demandons si ce qui dĂ©clenche la haine ne serait pas une perte de jouissance, un plus-de-jouir dans le sens de moins de jouir? Nous partons de cette phrase de Pontalis Contrairement Ă  ce que l’on croit, l’image du semblable, du double, est infiniment plus troublante que celle de l’Autre 15». La jouissance vise Ă  faire du UN, Ă  nier le symbolique et la division du sujet qui en est la consĂ©quence, la vision du double encore plus que celle de l’Autre, renvoie Ă  cette division subjective et ainsi entraĂźne une perte de jouissance. C’est cette vision du double, que Freud perçoit dans le miroir de son compartiment de train qui l’amĂšne Ă  Ă©crire son texte de l’inquiĂ©tante Ă©trangetĂ© ». Philippe Woloszko Metz, le 15 novembre 2018. 15 Pontalis, entretiens une tĂȘte qui ne me convient pas », Le genre humain, n°11, 1984-1985, P15. SHARE IT
\n\n \n \n\n c est quoi l amour en psychanalyse
ParChristelle Moreau, jeudi 7 novembre 2013 . Pour Freud dans "introduction Ă  la psychanalyse" (1), le symptĂŽme a un sens Ă  rechercher dans l'inconscient. Il fait un parallĂšle entre le symptĂŽme et la structure du rĂȘve, le symptĂŽme est un dĂ©sir rĂ©alisĂ©: "Le sympt reproduit d'une maniĂšre ou d'une autre cette satisfaction de la premiĂšre enfance, satisfaction dĂ©formĂ©e par la censure
L’amour est un concept que bien peu de gens, Ă  ma connaissance, maĂźtrisent ou du moins en maĂźtrisent le sens et l’essence. Le plus simple, pour rĂ©aliser cette vĂ©ritĂ©, c’est de lancer le sujet de l’amour en sociĂ©tĂ© » Ă  l’occasion d’un repas ou d’une rĂ©union, peu importe. Vous verrez que, dans plus de 90% des cas, quand vous lancez le sujet, les gens y rĂ©pondent par le cas particulier de la relation de les avoir Ă©coutĂ©s, il suffit de leur poser la question TrĂšs bien, vous venez de me parler du couple ; mais qu’en est-il de la relation parent-enfant, ou encore de la relation amicale ? N’est-ce pas de l’amour ? » Ce qui devrait dĂ©boussoler votre interlocuteur qui finira inĂ©luctablement par bredouiller que c’est pas pareil, etc. pour ne pas perdre la face. Et pourtant, la relation parent-enfant est basĂ©e sur un amour inconditionnel. La vĂ©ritable relation amicale cette introduction courte mais essentielle, nous pouvons rĂ©aliser qu’avant de parler d’amour, il convient de dĂ©finir le mot amour » ou aimer. L’amour est universel » nous dit-on dans le sillage d’un JĂ©sus Christ. D’accord, mais cela ne dĂ©finit pas le mot en question. Finalement, je pense que la bonne question Ă  se poser, c’est Quel est le point commun entre le couple, l’amitiĂ© et la filiation ? ». En clair, c’est en cherchant ce point commun que nous pourrons Ă©ventuellement approcher une dĂ©finition plus juste du verbe aimer qui s’applique Ă  ces trois relations. Car oui, il y a bel et bien un point commun Ă  ces trois cas particuliers. LĂ©o TolstoĂŻ il y a plus d’un siĂšcle a Ă©crit Aimer, c’est accepter l’autre tel qu’il est ». VoilĂ  le point commun. Et donc, j’ai tendance Ă  penser que cette citation de TolstoĂŻ est la meilleure dĂ©finition Ă  ce jour du verbe aimer ».Evidemment, toujours dans l’optique de ne pas perdre la face » j’y reviendrai plus tard, un certain nombre d’individus rejetteront cette dĂ©finition en s’embarquant dans des explications plus ou moins confuses, compliquĂ©es et superfĂ©tatoires. Puis ils dĂ©clareront que la discussion ne les intĂ©resse pas, tenant impĂ©rativement Ă  clore le sujet - mais en ayant le dernier mot, ça va de soi. Heureusement, d’autres interlocuteurs se montreront moins obtus et nous pourrons pousser la discussion avec eux dans une ambiance cordiale et de bon dĂ©finition tolstoĂŻenne, appliquĂ©e au couple montre qu’il convient ainsi de ne pas se mĂ©prendre sur les motivations des deux protagonistes et de ne pas mĂ©langer les choses. Car le couple, c’est compliquĂ©. Trois notions s’entrechoquent dans cette relation particuliĂšre et chacune de ces trois notions est indĂ©pendante de l’autre Le dĂ©sir, qui est Ă  la base de toute relation sexuelle et dont le but conscient ou pas est la vivre ensemble est encore autre chose et dĂ©passe le dĂ©sir dans la mesure oĂč le couple qui s’installe ne fait pas que tenter de se reproduire mais chacun des deux protagonistes apprend Ă  vivre 24/7 avec l’autre, ses tics et ses manies, mais aussi ouvre des sujets de discussion avec l’ enfin, tel que dĂ©fini dans le paragraphe prĂ©cĂ©dent. Sans respect ou tolĂ©rance, il ne peut y avoir d’ autant le dĂ©sir Ă©volue avec le temps, autant le vivre ensemble peut devenir compliquĂ© voire difficile, autant l’amour, lui, n’est pas Ă  gĂ©omĂ©trie variable et est le seul Ă©lĂ©ment constant de la relation, vĂ©ritable point d’ancrage. Evidemment, le dĂ©sir rend aveugle, des deux cĂŽtĂ©s. Et quand il s’émousse, beaucoup de couples rĂ©alisent que, dans les faits, ils ne s’aiment plus, certaines personnes, faisant l’amalgame entre amour et couple d’une part, entre amour, vivre ensemble et dĂ©sir d’autre part, ont bien du mal Ă  comprendre ce qui a bien pu se passer pour en arriver au divorce ou Ă  la la mĂ©connaissance de l’amour qui en est le principal responsable. Avoir peur de perdre la face » dans cette situation est un terrible aveu de faiblesse, une sorte d’armure de protection dans le but de se protĂ©ger et de se prĂ©server suite Ă  cet pour ce premier chapitre, j’espĂšre qu’il vous aura plu et Ă  bientĂŽt pour la suite dans le chapitre Psychanalyse ».Alain CrĂ©mades
Del’amour et de la psychanalyse lacanienne. C’est une longue histoire que celle qui lie la psychanalyse lacanienne et le catholicisme. On sait que Lacan disait de la religion catholique qu’elle Ă©tait la seule vĂ©ritable. Et il ne manquait pas dans l’entourage mĂȘme de Lacan de psychanalystes se rĂ©fĂ©rant ouvertement Ă  la religion catholique. Que l’on songe Ă  Françoise
Dans de nombreux magazines, vous pouvez retrouver trĂšs frĂ©quemment des articles sur la libido Huit solutions simples pour relancer sa libido », Baisse de libido, comment la retrouver ? », SexualitĂ©, envie de sexe oĂč en est votre libido ? » sont les titres que vous lisez trĂšs souvent. Vous remarquerez trĂšs vite que la libido est associĂ©e Ă  la sexualitĂ© jusqu’à ĂȘtre souvent confondue avec elle. Or, c’est un raccourci un peu trop hĂątif car la libido n’est pas la sexualitĂ©, mĂȘme si elle en fait partie. Qu’est-ce que la libido ? La libido est une Ă©nergie psychique, celle des pulsions sexuelles. En psychanalyse, les pulsions sexuelles ne se rĂ©duisent pas aux seules activitĂ©s sexuelles, pour lesquelles l’obtention de satisfactions et de plaisirs dĂ©pend de l’appareil gĂ©nital, mais sont considĂ©rĂ©es dans un sens plus large. L’obtention de satisfactions et de plaisirs peut se faire grĂące aux excitations et aux activitĂ©s qui procurent un plaisir dans l’assouvissement d’un besoin physiologique tels que la faim, la soif, la respiration ou psychologique l’affection, l’amour, la reconnaissance. C’est pourquoi la libido ne peut se rĂ©duire au seul dĂ©sir sexuel ni aux seuls coĂŻts. La libido du moi et la libido d’objet Freud distingue deux types de libido la libido du moi et la libido d’objet qui traduisent deux formes d’investissement de cette Ă©nergie, vers la personne elle-mĂȘme ou vers un objet extĂ©rieur. Il y a un effet de balancement entre ces deux libidos lorsque l’investissement dans l’une des deux augmente, l’investissement dans l’autre diminue. Si la libido d’objet permet d’accĂ©der Ă  la gĂ©nitalitĂ©, elle ne peut se faire sans la libido du moi qui fait du Moi un rĂ©servoir libidinal. Au tout dĂ©but de la vie psychique, les pulsions du moi – ou d’auto-conservation – prĂ©valent sur les pulsions sexuelles il s’agit alors de maintenir l’ĂȘtre dans la vie, l’investissement libidinal reste primaire, le Ça, rĂ©servoir pulsionnel, et le Moi, instance organisatrice entre les demandes du Ça et le monde extĂ©rieur, Ă©tant encore confondus. Il faut attendre l’émergence progressive du Moi, autrement dit, la distinction entre le Ça et le Moi. Tandis que ces deux motions le Ça et le Moi se diffĂ©rencient progressivement, les pulsions sexuelles et, avec elles, la libido, font alors leur apparition. Dans un premier temps, l’investissement de la libido se fait encore massivement sur la personne elle-mĂȘme, c’est ce que Freud appelle le narcissisme primaire. Le nourrisson ne distingue pas encore nettement ce qui vient de lui-mĂȘme des soins qui lui sont apportĂ©s. Il a l’illusion qu’il est auto-suffisant dans l’obtention de satisfactions et de plaisirs. Le Moi devient le rĂ©servoir de cette libido du moi. Dans un second temps, lorsque la distinction entre l’intĂ©rieur et l’extĂ©rieur est opĂ©rante, que la diffĂ©renciation inconsciente entre le Ça, le Moi et le monde extĂ©rieur est plus nette, l’investissement libidinal peut se faire dans un objet c’est la libido d’objet. Si l’investissement libidinal dans la gĂ©nitalitĂ© est l’investissement le plus abouti, il n’en reste pas moins qu’il peut se tourner vers d’autres objets tels que le sport, l’art, le travail
 Aussi, quand certaines personnes disent qu’elles manquent de libido, il ne s’agit pas plus de problĂšmes relatifs Ă  la frĂ©quences de leurs relations sexuelles, ou encore Ă  la qualitĂ© ou la forme de ces coĂŻts, que d’un investissement vers un autre objet qu’un partenaire sexuel, ou encore d’un investissement tournĂ© vers soi-mĂȘme. Vous avez aimĂ©, vous ĂȘtes libre de partager Enpsychanalyse, c'est toujours Ă  Freud qu'il revient d'ĂȘtre allĂ© le plus loin dans l'Ă©lucidation la plus large et la plus globale de ce problĂšme. Nous empruntons Ă  sa publication, « Pulsions et Destins des Pulsions », la conception qui veut que les relations du moi aux objets, sous-tendues par la libido prĂ©gĂ©nitale, soient tout au plus les Ă©tapes prĂ©cĂ©dant l'amour, mais en aucun Le rĂȘve est le gardien du sommeil. Le diable est encore le meilleur subterfuge pour disculper Dieu. La conscience est la consĂ©quence du renoncement aux pulsions. L'origine des nĂ©vroses est Ă  chercher dans des traumatismes apparus durant l'enfance. L'Ă©ducation doit chercher sa voie entre le Scylla du laissez-faire et le Charybde de l'interdiction. Il existe infiniment plus d'hommes qui acceptent la civilisation en hypocrites que d'hommes vraiment et rĂ©ellement civilisĂ©s. De quelque maniĂšre qu'on s'y prenne on s'y prend toujours mal. Le rĂȘve est la satisfaction d'un dĂ©sir. Les femmes, peu aptes Ă  la sublimation, souffrent d'un trop-plein de libido. Des pensĂ©es surgissent subitement dont on ne sait d'oĂč elles viennent on n'est pas capable non plus de les chasser. Une fĂȘte est un excĂšs permis, voire ordonnĂ©. L'inconscient s'exprime Ă  l'infinitif. On ne devient pas pervers, on le demeure. Faute de pouvoir voir clair, nous voulons, Ă  tout le moins, voir clairement les obscuritĂ©s. Les qualitĂ©s de l'objet sexuel, nous les nommerons excitantes. Les femmes, c'est le continent noir. Autrui joue toujours dans la vie de l'individu le rĂŽle d'un modĂšle, d'un objet, d'un associĂ© ou d'un adversaire. AprĂšs trente ans passĂ©s Ă  Ă©tudier la psychologie fĂ©minine, je n'ai toujours pas trouvĂ© de rĂ©ponse Ă  la grande question Que veulent-elles au juste ? L'activitĂ© sexuelle s'est d'abord Ă©tayĂ©e sur une fonction servant Ă  conserver la vie, dont elle s'est rendue indĂ©pendante. La libertĂ© individuelle n'est nullement un produit culturel. Le bonheur est un rĂȘve d'enfant rĂ©alisĂ© dans l'Ăąge adulte. Au fond, personne ne croit Ă  sa propre mort, et dans son inconscient, chacun est persuadĂ© de son immortalitĂ©. Ce qui caractĂ©rise toutes les perversions, c'est qu'elles mĂ©connaissent le but essentiel de la sexualitĂ©, c'est-Ă -dire la procrĂ©ation. La joie de satisfaire un instinct restĂ© sauvage est incomparablement plus intense que celle d'assouvir un instinct domptĂ©. Le diable n'est pas autre chose que l'incarnation des pulsions anales Ă©rotiques refoulĂ©es. L'humour ne se rĂ©signe pas, il dĂ©fie. Au commencement des temps, les mots et la magie Ă©taient une seule et mĂȘme chose. Quand on m'attaque, je peux me dĂ©fendre; mais devant les louanges, je suis sans dĂ©fense. L'accumulation met fin Ă  l'impression de hasard. Notre conscience, loin d'ĂȘtre le juge implacable dont parlent les moralistes, est, par ses origines, de l'angoisse sociale» et rien de plus. L'auto-analyse est rĂ©ellement impossible... S'il en Ă©tait autrement, il n'y aurait pas de maladie. Parfois, un cigare n'est rien d'autre qu'un cigare. La grande question ... Ă  laquelle je n'ai pas Ă©tĂ© capable de rĂ©pondre ... est - Que veut la femme?» Chaque rĂȘve qui rĂ©ussit est un accomplissement du dĂ©sir de dormir. L'homme Ă©nergique et qui rĂ©ussit, c'est celui qui parvient Ă  transformer en rĂ©alitĂ©s les fantaisies du dĂ©sir. Si tu veux pouvoir supporter la vie, sois prĂȘt Ă  accepter la mort ! Si l'humanitĂ© Ă©tait capable de s'instruire par l'observation directe des enfants, j'aurais pu m'Ă©pargner la peine d'Ă©crire ce livre. On a beau rĂȘver de boissons quand on a rĂ©ellement soif, il faut se rĂ©veiller pour boire. L'humour a non seulement quelque chose de libĂ©rateur, mais encore quelque chose de sublime et d'Ă©levĂ©. Quelquefois, un cigare est juste un cigare. Platon disait que les bons sont ceux qui se contentent de rĂȘver ce que les mĂ©chants font en rĂ©alitĂ©. Je ne m'intĂ©resse pas du tout Ă  la vie aprĂšs la mort ! Ne jamais ĂȘtre nĂ©s, voilĂ  l'idĂ©al pour les mortels ! Mais Ă  peine si cela arrive Ă  un sur cent mille ! Non, la science n'est pas une illusion. Mais ce serait une illusion de croire que nous puissions trouver ailleurs ce qu'elle ne peut pas nous donner. Le premier ĂȘtre humain Ă  jeter une insulte, plutĂŽt qu'une pierre est le fondateur de la civilisation. Nous ne sommes jamais aussi mal protĂ©gĂ©s contre la souffrance que lorsque nous aimons. Nous ne savons renoncer Ă  rien. Nous ne savons qu'Ă©changer une chose contre une autre. Les souvenirs oubliĂ©s ne sont pas perdus. Les grandes choses peuvent se manifester par de petits signes. Lacan Si vous avez compris, vous avez sĂ»rement tort. Mais est-ce qu'il ne se pourrait pas que le langage ait d'autres effets que de mener les gens par le bout du nez Ă  se reproduire encore, en corps Ă  corps ... La vie ne songe qu'Ă  se reposer le plus possible en attendant la mort. La vie ne songe qu'Ă  mourir. La psychanalyse est un remĂšde contre l'ignorance. Elle est sans effet sur la connerie. L'inconscient est le discours de l'autre. L'amour consiste Ă  offrir quelque chose qu'on n'a pas Ă  quelqu'un qui n'en veut pas. L'amour c'est donner ce qu'on n'a pas. Je dis toujours la vĂ©ritĂ© pas toute, parce que toute la dire, on n'y arrive pas... Les mots y manquent... C'est mĂȘme par cet impossible que la vĂ©ritĂ© ... Est-ce que vous vous ĂȘtes aperçu Ă  quel point il est rare qu'un amour Ă©choue sur les qualitĂ©s ou les dĂ©fauts rĂ©els de la personne aimĂ©e ? Aimer, c'est essentiellement vouloir ĂȘtre aimĂ©. L'instinct, c'est la façon dont un organisme a Ă  se dĂ©pĂȘtrer aux meilleures fins avec un organe. La rĂ©alitĂ© de l'Inconscient, c'est - vĂ©ritĂ© insoutenable - la rĂ©alitĂ© sexuelle. La dĂ©couverte de l'inconscient ... c'est que la portĂ©e du sens dĂ©borde infiniment les signes manipulĂ©s par l'individu. L'inconscient est ce chapitre de mon histoire qui est marquĂ© par un blanc ou occupĂ© par un mensonge c'est le chapitre censurĂ©. L'objet du dĂ©sir, au sens commun, est, ou un fantasme qui est en rĂ©alitĂ© le soutien du dĂ©sir, ou un leurre. C'est l'accusĂ© de rĂ©ception qui est l'essentiel de la communication en tant qu'elle est, non pas significative, mais signifiante. Ce qu'il faut faire comme homme ou comme femme, l'ĂȘtre humain a toujours Ă  l'apprendre de toutes piĂšces de l'autre. ... L'angoisse est ce qui ne trompe pas. C'est le regard de l'autre qui me constitue. Le savoir est un fantasme qui n'est fait que pour la jouissance. Le second acte philosophique est de savoir rester Ă  sa place. Le premier est de dĂ©finir oĂč elle se trouve. L'imaginaire et le rĂ©el sont deux lieux de la vie. Tout acte manquĂ© est un discours rĂ©ussi. La fonction du langage n'est pas d'informer, mais d'Ă©voquer. La loi et le dĂ©sir refoulĂ© sont une seule et mĂȘme chose. C'est lĂ  l'effet pacifiant, apollinien, de la peinture. Quelque chose est donnĂ© non point tant au regard qu'Ă  l'oeil, quelque chose qui comporte abandon, ... Tout est dit, et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes, et qui pensent. L'amour, c'est offrir Ă  quelqu'un qui n'en veut pas quelque chose que l'on n'a pas. VoilĂ  la grande erreur de toujours s'imaginer que les ĂȘtres pensent ce qu'ils disent. Un sujet normal est essentiellement quelqu'un qui se met dans la position de ne pas prendre au sĂ©rieux la plus grande part de son discours intĂ©rieur. 6y0e.
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