La vie Marc Chagall Qui sauve une seule vie, sauve le monde entier » TraitĂ© Sanhedrin, chapitre 5, Mishna 5 ⊠Câest pour cela que lâhomme a Ă©tĂ© créé seul, pour tâapprendre que celui qui ĂŽte la vie Ă un fils dâIsraĂ«l, dĂ©truit un monde entier; et celui qui sauve la vie dâun fils dâIsraĂ«l, sauve un monde entier. ⊠Talmud Bavli, traitĂ© Baba Batra, page11A On enseigne dans une beraĂŻta on raconte sur Benjamin le juste qui Ă©tait prĂ©posĂ© Ă la caisse de la charitĂ©. Une femme se prĂ©senta un jour devant lui et lui dit Mon maĂźtre, nourris-moi ! Il lui rĂ©pondit Il nây a rien dans la caisse. Rabbi, lui dit-elle, si tu ne me donnes rien, sept enfants et moi-mĂȘme allons mourir de faim ». Il lui donna alors de son propre argent. Plus tard, il tomba malade et Ă©tait Ă lâagonie. Les archanges dirent devant le Saint bĂ©ni doit-Il MaĂźtre du monde. Tu as dit que celui qui sauve la vie dâun fils dâIsraĂ«l, sauve un monde entier » et Benjamin le juste qui a nourrit une femme et ses enfants va mourir dans un temps de vie si courtâŠde suite son dĂ©cret fut dĂ©chirĂ©. Du point de vue du judaĂŻsme, que chaque vie humaine soit dotĂ©e dâune valeur suprĂȘme a de nombreuses sociales, politiques quâĂ©conomiques. A la lumiĂšre de cette affirmation, nous devons faire notre possible pour bĂątir un monde dans lequel chacun sera traitĂ© comme sâil Ă©tait une valeur infinie », a dit le rabbin Irwin Kula. Selon le Talmud, la preuve de la valeur infinie de la vie humaine est que Dieu, Ă lâorigine, nâa créé quâun seul ĂȘtre humain, Adam. Si Adam avait Ă©tĂ© tuĂ©, toute lâhumanitĂ© aurait donc Ă©tĂ© dĂ©truite A lâinverse, sâil Ă©tait sauvĂ©, câest lâhumanitĂ© entiĂšre qui Ă©tait sauvĂ©e. Du point de vue du judaĂŻsme, que chaque vie humaine soit dotĂ©e dâune valeur suprĂȘme a de nombreuses implications. Mais cela signifie dâabord que celui qui tue un innocent commet le plus grave des crimes tuer dix personnes de plus augmente la dimension du crime, mais pas sa gravitĂ©. Cet enseignement a aussi des implications sociales, politiques et Ă©conomiques. Comme lâa dit le rabbin Irwin Kula Ă la lumiĂšre de cette affirmation, nous devons faire notre possible pour bĂątir un monde dans lequel chacun sera traitĂ© comme sâil Ă©tait dâune valeur infinie. En vĂ©ritĂ©, que signifie affirmer que chaque ĂȘtre humain a une valeur infinie lorsque des gens meurent faute de lâĂ©quivalent dâun dollar de nourriture par jour ? » La Mishna tire dâautres leçons morales et thĂ©ologiques de la crĂ©ation dâAdam Un seul ĂȘtre fut créé Ă lâorigine pour le bien de la paix entre les hommes, de telle façon que nul ne puisse dire Ă son prochain Mon pĂšre est plus grand que ton pĂšre ! Et aussi pour proclamer la grandeur du Saint, bĂ©ni soit-il. Lâhomme peut tirer plusieurs piĂšces de monnaie de la mĂȘme matrice, et elles se ressembleront toutes. Mais le Roi des Rois a fait chaque ĂȘtre humain avec la matrice du premier dâentre eux ; et pourtant, aucun nâest identique Ă lâautre. En consĂ©quence, chaque individu doit dire Câest pour moi que le monde fut créé ! » Mishna, Sanhedrin 45. Les multiples facettes de chaque individu Câest triste Ă constater, mais de nos jours, les diffĂ©rences entre individus sont principalement utilisĂ©es en matiĂšre criminelle. En effet, on sait que les empreintes digitales et gĂ©nĂ©tiques de chaque ĂȘtre humain sont absolument uniques. Celui qui voit six cent mille Juifs rĂ©unis doit rĂ©citer la bĂ©nĂ©diction suivante BĂ©nis sois-Tu, Seigneur notre Dieu, MaĂźtre de lâunivers qui connais nos pensĂ©es les plus intimes [Ă savoir qui apprĂ©cie le caractĂšre unique de chaque ĂȘtre humain] » Shoulhan Aroukh, Orah Hayim 22 45. Lâesprit de chacun est diffĂ©rent de celui de lâautre, comme le visage de chacun est diffĂ©rent de celui de lâautre » Talmud de Babylone, Berakhot 38a. Chacun devrait avoir deux poches, quâil pourrait utiliser selon ses besoins. Dans la poche droite, on lirait Câest pour moi que le monde fut créé » ; et dans lâautre Je suis cendre et poussiĂšre » Dicton hassidique. Si jâessaie dâĂȘtre comme lui, qui sera comme moi ? » Proverbe yiddish. Le rabbin hassidique Zusha mort en 1800 avait lâhabitude de dire Lorsque je mourrai et que je me prĂ©senterai devant la Cour cĂ©leste, si lâon me demande Zusha, pourquoi nâas-tu pas Ă©tĂ© aussi grand quâAbraham ?ââ, je nâaurai pas peur. Je dirai que je ne suis pas nĂ© avec les capacitĂ©s intellectuelles dâAbraham. Et si lâon me demande Zusha, pourquoi nâas-tu pas Ă©tĂ© MoĂŻse ?ââ, je rĂ©pondrai que je nâavais pas son charisme. Mais quand on me demandera Zusha, pourquoi nâas-tu pas Ă©tĂ© Zusha ?ââ, Ă cette question, je nâaurai pas de rĂ©ponse. Si je suis moi parce que je suis moi, donc je suis moi et toi tu es toi. Mais si je suis moi parce que tu es toi, et que tu es toi parce que je suis moi, alors je ne suis pas moi, et tu nâes pas toi » Menaham Mendel de Kotzk, 1787-1859. Un seul ĂȘtre fut créé Ă lâorigine pour le bien de la paix entre les hommes, de telle façon que nul ne puisse dire Ă son prochain Mon pĂšre est plus grand que ton pĂšre » extrait de la Mishna. tribunejuive Les Justes "Celui qui sauve une seule Ăąme est comme celui qui a sauvĂ© le monde entier" Le Talmud Le 19 aoĂ»t 1953, une loi votĂ©e par la Knesset accorde au mĂ©morial de Yad Vashem mot Ă mot, un monument, un nom, situĂ© sur le mont Herzl, face au dĂ©sert de JudĂ©e,la fonction de rĂ©unir, rechercher et publier l'ensemble des faits relatifs Ă la Shoah littĂ©ralement catastrophe et la Guevoura hĂ©roĂŻsme. Yad Vashem, depuis 1962, a mis en oeuvre une loi votĂ©e par le parlement israĂ©lien neuf ans auparavant, crĂ©ant le titre de "Juste des Nations". Il est du devoir des Juifs, dit cette loi, d'honorer ceux qui les ont aidĂ©s. Est dĂ©clarĂ© "Juste", toute personne ayant risquĂ© sa vie pour sauver un Juif en Europe occupĂ©e. Une commission composĂ©e de juristes et d'historiens attribue une "MĂ©daille des Justes des Nations" Ă ceux qui le mĂ©ritent. Pour retrouver ces hommes et ces femmes, dans tous les pays autrefois occupĂ©s par les Allemands, un rĂ©seau de correspondants, collecte et centralise documents tĂ©moignages et informations, qu'ils envoient Ă JĂ©rusalem. Un "Juste" a droit Ă un arbre, au pied duquel est gravĂ© son nom, cyprĂšs, pin ou acacia, qui entoure le site du mĂ©morial. L'arbre est un jaillissement de vie, il se dĂ©veloppe, matĂ©rialise la durĂ©e et possĂšde le pouvoir de se reproduire. "En honorant ceux qui ont refusĂ© de se plier Ă la fatalitĂ© de la volontĂ© exterminatrice de lÂŽidĂ©ologie nazie, la mĂ©daille des Justes contribue Ă rĂ©tablir lÂŽHistoire dans sa vĂ©ritĂ©." Simone Veil
SociĂ©té« Le nuclĂ©aire a sauvĂ© deux millions de personnes ! » ENTRETIEN. Ăcologiste pragmatique, l'AmĂ©ricain Michael Shellenberger est un fervent dĂ©fenseur du nuclĂ©aire comme solution au
Au musĂ©e des Carrefours des Civilisations Crossroads of Civilizations Museum Ă DubaĂŻ, "We Remember" est la premiĂšre exposition permanente de ce type Ă commĂ©morer la Shoah dans le monde arabe. Elle prĂ©sente des tĂ©moignages de rescapĂ©s."Consolider nos racines""La communautĂ© juive s'est considĂ©rablement dĂ©veloppĂ©e aux Ămirats arabes unis avec des juifs qui viennent d'IsraĂ«l, des Ătats-Unis, d'Europe," indique Levi Duchman, rabbin aux Ămirats arabes unis. "Alors que notre communautĂ© continue de croĂźtre, c'est trĂšs important pour nous de bĂątir les fondations de la communautĂ©," poursuit-il."Le fait que ce musĂ©e commĂ©more la mĂ©moire de la Shoah, c'est quelque chose d'important c'est un endroit oĂč l'on peut venir avec nos enfants, on peut faire venir les Ă©coles ou des communautĂ©s diffĂ©rentes pour qu'elles voient l'histoire des Juifs et de ce qu'ils ont endurĂ© en Europe," de six millions de Juifs ont Ă©tĂ© exterminĂ©s par les nazis entre 1941 et 1945. Cette exposition a pour objectif de transmettre le souvenir de la Shoah et de susciter une prise de conscience parmi les ressortissants de plus de 200 nationalitĂ©s qui vivent Ă DubaĂŻ."Nous voulions montrer l'espoir"L'exposition intĂšgre aussi une section dĂ©diĂ©e aux Arabes et musulmans qui ont aidĂ© Ă sauver des juifs. "C'est l'un des plus grands crimes contre l'humanitĂ© et c'est vraiment important pour nous d'Ă©voquer cela en parallĂšle de nos autres galeries oĂč il est question de la tolĂ©rance et des trois religions monothĂ©istes," prĂ©cise Yael Grafy, conservatrice au musĂ©e des Carrefours des Civilisations. "Nous voulions montrer l'espoir et prĂ©senter les personnes, les musulmans et les gens de la rĂ©gion qui ont aidĂ© Ă sauver des juifs," rabbin Levi Duchman renchĂ©rit "Quand on regarde l'histoire de la rĂ©gion, les juifs et les Arabes ont toujours vĂ©cu ensemble. Au Maroc, en Tunisie, en Libye, en Syrie ou au Liban, pour ne citer que quelques pays, il y avait de fortes communautĂ©s juives," fait-il aux personnes de la rĂ©gion qui ont sauvĂ© des juifsParmi les personnalitĂ©s prĂ©sentĂ©es au sein de la galerie, Selahattin ĂlkĂŒmen, le diplomate turc qui a sauvĂ© des juifs de Rhodes de la dĂ©portation et le docteur Mohamed Helmy, mĂ©decin Ă©gyptien qui a Ă©vitĂ© Ă plusieurs juifs d'ĂȘtre persĂ©cutĂ©s par les nazis Ă Berlin."Il a fait des Ă©tudes Ă Berlin et il y est restĂ© par la suite, pendant la Seconde Guerre mondiale," raconte la conservatrice Yael Grafy. "Il a vu ce qui arrivait aux gens autour de lui et Ă lui-mĂȘme en tant que musulman parce que le rĂ©gime nazi ne visait pas uniquement les Juifs ; il a dĂ©cidĂ© de sauver plusieurs familles et grĂące Ă lui, elles ont Ă©chappĂ© Ă la Shoah," explique-t-elle."Ăvidemment, c'est trĂšs Ă©mouvant quand on parcourt l'exposition, quand on voit toutes les photos et que l'on lit les histoires de ces personnes, mais cela renforce aussi ce souvenir," estime le rabbin Levi Duchman. "Ce qui est utile pour consolider nos racines pour nos enfants, pour les gĂ©nĂ©rations futures car on comprend l'importance du travail en commun et de la coexistence pour construire des communautĂ©s unies aux Ămirats, dans la rĂ©gion et le monde entier nous avons besoin d'adhĂ©rer Ă ces valeurs," insiste-t-il."Celui qui sauve une vie sauve le monde entier"Ă l'heure oĂč le Moyen-Orient s'ouvre et normalise peu Ă peu ses relations, le fondateur du musĂ©e estime que cette exposition tombe Ă point nommĂ©. "Il y a eu ces derniers temps, de trĂšs nombreux incidents, de nombreux signes d'une montĂ©e de l'antisĂ©mitisme et du racisme dans le monde, donc je crois que c'Ă©tait le moment pour nous de prĂ©senter cette exposition," juge Ahmed Obaid Almansoori."Aux Ămirats, nous avons un systĂšme en place, la culture de l'unitĂ©, de la solidaritĂ© et c'est pour cela que les gens viennent ici, ils ne viennent pas pour le pĂ©trole ou pour l'argent, mais parce qu'ils se sentent chez eux," assure-t-il. "C'est un pays oĂč les meilleurs profils du monde entier s'installent - et il y a de la beautĂ© dans la diffĂ©rence - et oĂč les gens peuvent apprendre de notre expĂ©rience en matiĂšre d'unitĂ© et nous pouvons transmettre cela Ă l'extĂ©rieur," son nom l'indique, le musĂ©e des Carrefours des Civilisations a Ă©tĂ© créé pour mettre en avant les valeurs d'ouverture et de multiculturalisme. Cette exposition vise Ă montrer les leçons que l'on peut tirer de l'une des pĂ©riodes les plus sombres de notre histoire."Il y a des choses qui se passent dans l'histoire et nous devons les Ă©tudier, nous concentrer sur les aspects positifs, apprendre des erreurs et s'assurer que cela ne puisse pas se produire de nouveau," insiste Ahmed Obaid Grafy conclut "Vous pouvez lire la phrase que nous avons affichĂ©e Ă la fin de l'exposition Celui qui sauve une vie sauve le monde entier. Quel que soit l'endroit d'oĂč vous venez, quelle que soit votre religion, en sauvant une personne, c'est le monde entier que vous changez."
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Retrouvezles citations et proverbes les plus cĂ©lĂšbres de entier vie. Les phrases cĂ©lĂšbres de citation entier vie qui est le but suprĂȘme de sa vie terrestre. â Ma note : Note moyenne : 1/5 â A quoi sert Ă l'homme de gagner le monde entier s'il perd sa vie? â [ Saint Marc] Ma note : Pas de note â Quiconque sauve une vie sauve le monde entier. â [ Steven Spielberg] Ma note
Texte paru dans le n° 6 de la revue papier Ballast printemps 2017 Un beau matin, la police française est arrivĂ©e, on a ramassĂ© tout le monde, moi compris, et Drancy Ă nouveau. Mais eux ont tout de suite Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s, et ensuite ça a Ă©tĂ© le four », nous raconte Adolfo Kaminsky aprĂšs nous avoir ouvert les portes de son appartement. Le jeune homme, enfant de parents exilĂ©s, travaillait alors pour la RĂ©sistance comme faussaire. La guerre achevĂ©e, le photographe prolongea cet engagement jusquâau dĂ©but des annĂ©es 1970 aux cĂŽtĂ©s dâindĂ©pendantistes algĂ©riens, de dissidents antifascistes et dâactivistes sud-africains. Cela, personne ne lâaurait probablement jamais su si sa fille nâavait pas insistĂ© pour recueillir sa parole et la rendre publique, en 2009, dans un ouvrage biographique. Câest ce dernier qui nous a conduits jusquâĂ lui. â° Par Hassina MechaĂŻ Quand on lui demande de ses nouvelles, Adolfo Kaminsky rĂ©pond avec un sourire Oh, on ne rajeunit pas. » LâĆil gauche est vif, le droit Ă©teint. Lâhomme a les yeux noirs â la faute aux produits chimiques utilisĂ©s pour ses travaux de faussaire. Ils Ă©taient verts, avant. Ceux que jâutilisais pour sauver les gens les ont assombris », prĂ©cise-t-il. CâĂ©tait Paris, en 1943. Rester Ă©veillĂ©. Ne pas cĂ©der au sommeil. Surtout pas. Les vapeurs des produits engourdissent. La cadence est infernale dans le petit laboratoire clandestin du mouvement de rĂ©sistance de la 6e EIF, au 17 de la rue des Saints-PĂšres. Adolfo Kaminsky a tout juste 18 ans. LâĂąge de lâintranquillitĂ© mais non de lâinsouciance dans ce Paris occupĂ©. Marc Hamon â nom de code Pingouin » â vient de lui passer commande de faux papiers pour plus de 300 enfants français de confession juive. Ce membre de lâEIF a recrutĂ© Adolfo Kaminsky pour ses talents de chimiste dans ce laboratoire clandestin. Une rafle visant 10 maisons dans la rĂ©gion parisienne est prĂ©vue par la police de PĂ©tain. Il faut de tout cartes dâalimentation, certificats de baptĂȘme, actes de naissance et laissez-passer collectifs. Le dĂ©lai est court, trois jours seulement. Tout le laboratoire sâattelle Ă ce travail, le souffle coupĂ© Ă lâidĂ©e de ne pas y arriver. Une rafle visant 10 maisons dans la rĂ©gion parisienne est prĂ©vue par la police de PĂ©tain. » Les papiers sâenchaĂźnent dans cet atelier dont la jeunesse des membres Ă©tonne encore aujourdâhui. Adolfo se souvient des camarades avec qui il travaillait Le plus ĂągĂ© avait 24 ans. Moi, 18. Leur travail Ă©tait de convoyer les enfants vers les caches, Ă travers les frontiĂšres aussi, vers lâEspagne, vers la Suisse. Ils ont fait du trĂšs bon travail. CâĂ©tait une mission pour laquelle il fallait dâabord des papiers. Ces papiers servaient ensuite Ă sauver des milliers dâenfants. » Il faut ĂȘtre dĂ©licat il ne sâagit pas seulement de tout fournir en temps et en heure ; les papiers doivent ĂȘtre parfaits. Un dĂ©faut, et câest la mort assurĂ©e pour ceux Ă qui ils sont destinĂ©s. Adolfo contrĂŽle sans cesse, au bord de lâĂ©puisement, de la syncope. Il lâa rĂ©sumĂ© ainsi sâil sâendort une heure, câest 30 vies de perdues. Alors, quand la fatigue le prend, Adolfo marche et se gifle pour se rĂ©veiller⊠Qui sauve une vie sauve le monde entier », jurent Ă la fois le Talmud et le Coran. Enfants juifs, rĂ©sistants, mais aussi survivants des camps, fellaghas algĂ©riens, militants antifranquistes, anti-Salazar ou anti-apartheid leur survie est suspendue aux faux papiers quâAdolfo Kaminsky a confectionnĂ©s dans ses ateliers clandestins. Aujourdâhui, Ă 91 ans, il a derriĂšre lui une vie presquâentiĂšrement consacrĂ©e Ă sauver les autres. En plein hiver, nous rendons visite Ă son Ă©pouse et Ă sa fille. Un petit appartement lumineux et moderne, trĂšs humble dans le Paris chic. Le vieil appareil photo en bois avec soufflet Je lâai achetĂ© dans les annĂ©es 1940, et il marche encore ! » trĂŽne dans le salon. Sur les murs, des clichĂ©s dâun Paris dâun autre temps un libraire et ses chats, un couple sous la pluie, une ruelle vide, la nuit. Quelque 50 000 autres dorment dans ses archives. Adolfo nous entraĂźne dans son atelier une piĂšce de cinq ou six mĂštres carrĂ©s â une seule personne peut sây tenir â qui sert de chambre de dĂ©veloppement. Ce jour-lĂ , nous avons rencontrĂ© un mensch. StĂ©phane Burlot Ballast Un homme Son Ă©tat civil tient en peu de mots, qui ne disent rien du moudjahid quâil fut plus tard, ni du pĂšre, grand-pĂšre, et mari de la lumineuse LeĂŻla quâil est dĂ©sormais NĂ© en Argentine le 1er octobre 1925 de parents juifs russes. » Ils ne disent pas non plus quâAdolfo Kaminsky Ă©tait rĂ©sistant, spĂ©cialisĂ© dans la fabrication de faux papiers pour laquelle il refusa toujours dâĂȘtre payĂ©. Jâaimerais ĂȘtre reconnu en tant que photographe et artiste. Ainsi, jâaurais quelque chose Ă laisser Ă mes enfants, car nous vivons sur la retraite de mon Ă©pouse. » Lâhomme parle doucement, lentement. Il donne ainsi corps et mots Ă sa vie tumultueuse. Il pose sa voix, mĂ©ticuleusement, sans jamais hĂ©siter sur ses souvenirs. Ils sont lĂ , prĂ©sents de façon Ă©vidente. Sur le visage trĂšs mobile passent les ombres dâune mĂ©moire souvent douloureuse. Lâamusement, aussi, une lĂ©gĂšre distance ironique avec les Ă©vĂšnements. Et puis lâĂ©tonnement et lâindignation quand il Ă©voque certains Ă©pisodes de sa vie Drancy, AloĂŻs Brunner, le fascisme et le colonialisme. Sur le visage trĂšs mobile passent les ombres dâune mĂ©moire souvent douloureuse. Lâamusement, aussi, une lĂ©gĂšre distance ironique avec les Ă©vĂšnements. » Parfois, il arrive quâAdolfo Kaminsky sâillumine lorsquâil parle de sa famille et de son travail de photographe. Les yeux de ses enfants portent la trace, intense, du vert de son regard de jeune homme Sarah, comĂ©dienne, JosĂ© â plus connu sous son nom de rappeur, RocĂ© » â et Atahualpa â prĂ©nommĂ© ainsi en hommage au poĂšte et chanteur argentin Atahualpa Yupanqui. Trois enfants quâil a eus avec LeĂŻla, son Ă©pouse algĂ©rienne, Ă©galement photographe Ă ses heures, rencontrĂ©e dans le dĂ©sert du Grand Sud alors quâelle Ă©tait Ă©tudiante en droit dans les annĂ©es 1970. Je suis trĂšs fier de mes trois petits », glisse-t-il soudain sur le ton de la confidence, inclinant sa longue silhouette vers les photos des petits-enfants Kaminsky que commente Sarah. Des sourires percent dans la conversation Adolfo Kaminsky a, sans conteste, un humour trĂšs fin. Le feu du photographe couve encore dans sa voix. Si ce mĂ©tier a constituĂ© une couverture commode pour son activitĂ© de faussaire, ainsi quâun rĂ©el gagne-pain, il fut avant tout une sincĂšre passion. StĂ©phane Burlot, photographe prĂ©sent le jour de lâentretien, sâagite autour de lui en un ballet discret Adolfo Kaminsky observe, sans jamais prendre la pose, plus professionnel que modĂšle Attendez, voulez-vous que jâouvre les rideaux, je suis Ă contre-jour ? » Puis, interrompant soudain ses souvenirs Ă©grenĂ©s et se tournant vers lâappareil de StĂ©phane Câest un Leica ? Câest du numĂ©rique, oui ? Câest beau, mais câest lourd. » Le geste est prĂ©venant et doux. Quand le photographe dĂ©cide dâutiliser un flash, le modĂšle sâagite Il fallait me le dire, jâaurais sorti un pied. » Un livre rĂ©unissant les trĂšs nombreux clichĂ©s de son pĂšre ainsi quâune exposition sont prĂ©vus en 2017, nous informe Sarah. StĂ©phane Burlot Ballast Aux origines dâun engagement InterrogĂ© sur ce qui a forgĂ© son parcours, Adolfo Kaminsky rĂ©flĂ©chit dâabord longuement avant de nous livrer deux faits fondateurs. En premier lieu, lâexil forcĂ© en Argentine que subirent ses parents. Fuyant les pogroms tsaristes, ils sâinstallĂšrent dâabord en France, pays des droits de lâHomme », dâoĂč ils furent expulsĂ©s aprĂšs la RĂ©volution russe de 1917, dĂ©signĂ©s comme rouges ». Quand ils essaieront dây revenir, un autre pĂ©riple sans fin mĂšnera les Kaminsky de Buenos Aires Ă Marseille, avant quâils ne soient expulsĂ©s vers la Turquie. Un nouvel exil sur les bords du Bosphore, dans une extrĂȘme misĂšre, laissera des traces indĂ©lĂ©biles. LĂ , câest un enfant sidĂ©rĂ© qui apprend la valeur des papiers dâ identitĂ© », prĂ©cieux sĂ©same â seul viatique possible pour se doter dâune existence juridique, donc plus stable. Il intĂšgre rapidement que celui qui nâa pas de papiers est condamnĂ© Ă une existence fantomatique. Le sans-papier est un paria », au sens dĂ©fini par Hannah Arendt â celui qui est condamnĂ© Ă ĂȘtre en-dehors de la sociĂ©tĂ©. Les papiers dâidentitĂ©, il le comprend, donnent le droit dâavoir des droits », et notamment celui de bĂ©nĂ©ficier de la protection dâun Ătat. Ils lui avaient racontĂ© ce qui sây passait, câest-Ă -dire les chambres Ă gaz et les expĂ©riences mĂ©dicales sur les internĂ©s. » Tout juste adolescent, Adolfo perd sa mĂšre dans des circonstances troubles. Cette derniĂšre est retrouvĂ©e morte sur une voie ferrĂ©e, Ă Paris. On annonce Ă la famille quâelle serait tombĂ©e dâun train en marche. Pourtant, des annĂ©es aprĂšs, Adolfo sâinterroge encore sur cette mort. Sa mĂšre sâĂ©tait en effet rendue dans la capitale afin dâavertir son frĂšre, LĂ©on, quâil Ă©tait recherchĂ© par la Gestapo⊠Autre Ă©vĂšnement pilier pour Adolfo son internement Ă Drancy. Au cours de lâĂ©tĂ© 1943, toute la famille, qui vit alors en Normandie, est arrĂȘtĂ©e. Dans le train en route vers le camp, le frĂšre aĂźnĂ© dâAdolfo, Paul, a la prĂ©sence dâesprit dâĂ©crire plusieurs lettres Ă lâintention du consul dâArgentine en prĂ©cisant les noms de chacun dâentre eux, rĂ©clamant la protection du pays au nom de leur citoyennetĂ©. Il sĂšme ces courriers tout au long du voyage, dans lâespoir que quelquâun les trouve et les poste â espoir dâun geste de solidaritĂ© anonyme qui se produira effectivement. Ă Drancy, on sĂ©lectionne les gens pour aller travailler » en Allemagne â câest du moins ce quâon leur dit Jâai Ă©tĂ© trĂšs marquĂ© par mon internement. On nous disait que des enfants, des bĂ©bĂ©s, partaient en Allemagne pour y ĂȘtre employĂ©s. Jâai mĂȘme vu une femme de 104 ans sur un brancard, dont on disait quâelle allait travailler lĂ -bas. On prenait les gens pour des imbĂ©ciles. Depuis 1942, on savait. Mon pĂšre avait reçu des anciens du Bund, des Allemands qui fuyaient le nazisme. Ils lui avaient racontĂ© ce qui sây passait, câest-Ă -dire les chambres Ă gaz et les expĂ©riences mĂ©dicales sur les internĂ©s. Radio Londres, dĂšs 1942, avait diffusĂ© des messages Ă ce sujet. Et ensuite on nâen a plus parlĂ©. Mais câĂ©tait connu et reconnu. » Le directeur du camp est AloĂŻs Brunner. Lâun des maĂźtres dâĆuvre les plus acharnĂ©s de lâextermination des Juifs dâEurope, notamment en France. Ce responsable nazi, qui aimait Ă inspecter les prisonniers sur lesquels il avait droit dâenfer ou de mort, sâarrĂȘte devant le jeune Adolfo. Ce dernier soutient son regard sans ciller. Il avait lâhabitude que les gens plient devant lui, mais pour moi ce nâĂ©tait pas possible. Et il nây avait aucune raison. Je nâavais pas Ă baisser la tĂȘte et je le regardais droit dans les yeux », dit-il avec une indignation intacte plus de 70 ans plus tard. StĂ©phane Burlot Ballast Câest alors que lâune des lettres de Paul arrive Ă destination ; le consulat dâArgentine intervient et les Kaminsky sont libĂ©rĂ©s au bout de trois mois. Ils sont Ă Paris, sans le sou, soumis aux lois antijuives qui plombent le quotidien dĂ©jĂ gris. Puis, un beau matin, la police française est arrivĂ©e et a ramassĂ© tout le monde â moi avec â, et câĂ©tait Drancy Ă nouveau. Pour mon cas, on a dit que câĂ©tait une erreur, et on mâa relĂąchĂ©. Mais les ressortissants argentins Ă©taient arrĂȘtĂ©s Ă ce mĂȘme moment car les relations diplomatiques avec lâArgentine Ă©taient rompues, et jâai eu de la chance, Ă quelques heures prĂšs, dâavoir Ă©tĂ© libĂ©rĂ© pour la seconde fois ». Suite Ă un cafouillage administratif, les Kaminsky sont Ă nouveau relĂąchĂ©s. Jâai survĂ©cu au camp de Drancy. Jây ai passĂ© trois mois et jâai vu dĂ©porter des milliers de personnes. Et câest assez culpabilisant, quand tout le monde a disparu, dâĂȘtre celui qui reste. » Tout lâengagement dâAdolfo tient dans ce assez culpabilisant », sur lequel il ne sâattarde pas. Une fois Ă Paris, la famille se disperse. Un authentique faussaire Tu sais retirer les taches dâencre ?, me demanda-t-il. Oui. Et les encres indĂ©lĂ©biles ? Je lui ai rĂ©pondu quâil nâexistait pas dâencre indĂ©lĂ©bile. » Adolfo est libre mais il doit se cacher, et travailler. Pas simple Ă concilier. Il fallait des faux papiers et il fallait disparaĂźtre. Câest lĂ que mon pĂšre mâa trouvĂ© un contact. Jâavais rendez-vous avec un jeune des EIF, mais cela, je ne le savais pas du tout. Il mâa dit On se voit en face de la facultĂ© de mĂ©decine, Ă telle heure, juste en-dessous de la statue. Il mâa dit quâil aurait un journal Ă la main. On sâest trouvĂ©s. Il mâa demandĂ© alors quel nom je voulais prendre, je lâignorais. Il mâa dit Keller car il fallait garder les mĂȘmes initiales, Adolphe Julien Keller, cela fait alsacien. » Adolfo dĂ©taille le souvenir de cette rencontre fondamentale. Il me dit Jâindique que tu es Ă©tudiant. Jâai rĂ©pondu Non, je dois travailler, je nâai pas un sou. Jâai prĂ©cisĂ© Je suis teinturier. Mon contact sâest rendu compte, et moi aussi du coup, que jâavais des connaissances utiles. Tu sais retirer les taches dâencre ?, me demanda-t-il. Oui. Et les encres indĂ©lĂ©biles ? Je lui ai rĂ©pondu quâil nâexistait pas dâencre indĂ©lĂ©bile. » Enfant sans diplĂŽme attirĂ© par la peinture Mes parents ont dĂ©truit toutes mes toiles pour ne pas que jâenvisage dâen faire un mĂ©tier ! », la chimie, et plus tard la photographie, ce sincĂšre passionnĂ© dâencre et de papier fut trĂšs vite intĂ©grĂ© comme apprenti dans une teinturerie oĂč il acquit les techniques nĂ©cessaires pour effacer les taches, mĂȘme les plus redoutables, et blanchir comme noircir les tissus. Je suis alors arrivĂ© dans le laboratoire de la 6e. Ils Ă©taient tous Ă©tonnĂ©s de toutes les trouvailles techniques que jâapportais, qui ont Ă©tĂ© ensuite partagĂ©es avec tous les autres laboratoires de France. Nous sommes devenus un laboratoire clandestin trĂšs actif », raconte-t-il. Une heure de sommeil, 30 vies. Le syndrome de madame Drawda Et puis il y a madame Drawda, rue Oberkampf. Une Française juive persuadĂ©e que jamais la France ne les livrera, elle et ses quatre enfants, Ă lâoccupant nazi. Quand Adolfo Kaminsky, ombre qui se glisse dans la nuit, vient lâavertir dâune rafle prochaine par la police française et lui proposer des faux papiers, madame Drawda sâen irrite presque. Nâest-elle pas française depuis plusieurs gĂ©nĂ©rations ? Nâest-elle pas une personne honnĂȘte ? Son refus de fuir avec les faux papiers est net. Adolfo Kaminsky en parle encore avec douleur Sous lâOccupation, il y a avait la police de PĂ©tain. Cette femme ne se rendait pas compte quâil sâagissait de collaboration. PĂ©tain a fait tout ce que les Allemands ont voulu. Elle considĂ©rait quâelle Ă©tait une citoyenne du pays, quâelle nâavait rien fait de mal. » Adolfo se raidit un peu plus, hoche la tĂȘte et murmure Elle ne se rendait pas compte⊠» Cette mĂšre et ses quatre enfants, morts dâavoir cru en la France de PĂ©tain, ceux-lĂ ont hantĂ© sa mĂ©moire. Il nâen dit pas plus, laissant planer un long silence. StĂ©phane Burlot Ballast Le Juif athĂ©e quâil est accorde une place Ă lâinjonction biblique du Zakhor, Souviens-toi » ; il conclut simplement, aprĂšs avoir relatĂ© ce drame Je leur ai fait une place dans mes souvenirs. Les Juifs français Ă©taient dans le piĂšge du marĂ©chal PĂ©tain. Ils Ă©taient français, ils Ă©taient en rĂšgle, ils avaient fait la guerre ou leur service militaire, ils ne se rendaient pas compte. Jusquâau bout. Ils pensaient y Ă©chapper. » Il se souvient particuliĂšrement dâanciens officiers de la PremiĂšre Guerre mondiale, internĂ©s comme lui dans le camp de Drancy. BardĂ©s de mĂ©dailles obtenues pour la France, ces militaires Ă©taient tous juifs ; tous croyaient que le hĂ©ros de Verdun », leur hĂ©ros, le marĂ©chal PĂ©tain, leur serait loyal. Le vieil homme se souvient, lĂ aussi Jâai Ă©tĂ© internĂ© dans un camp avec des officiers de la guerre de 1914 hautement gradĂ©s, des grands blessĂ©s⊠tous ces officiers disaient du marĂ©chal PĂ©tain que câĂ©tait leur MarĂ©chal, quâil ne leur ferait jamais de mal. Mais un beau matin, la police française est arrivĂ©e, on a ramassĂ© tout le monde, moi compris, et Drancy Ă nouveau. Mais eux ont tout de suite Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s, et ensuite ça a Ă©tĂ© le four. » Court silence, puis PĂ©tain a fait tout ce que les Allemands ont voulu. » Silence Ă nouveau. TrĂšs long, cette fois. Du bon sens Mais un beau matin, la police française est arrivĂ©e, on a ramassĂ© tout le monde, moi compris, et Drancy Ă nouveau. Mais eux ont tout de suite Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s, et ensuite ça a Ă©tĂ© le four. » Quels sont donc les ressorts â politiques, philosophiques ou Ă©thiques â de cet homme qui a risquĂ© sa vie, sans rien attendre en retour, pour sauver celle des autres ? Dans quelles forces a-t-il puisĂ© pour accepter de se ruiner les yeux, la santĂ©, devoir longtemps mettre de cĂŽtĂ© sa vie sentimentale comme ses aspirations artistiques ? Dans les idĂ©es marxistes de son pĂšre, peut-ĂȘtre ? Ce Juif russe exilĂ© en Argentine, pigiste pour le journal du Bund. Ce pĂšre trop juif pour les Russes, trop rouge » pour la France, qui aura connu une vie dâexpulsions. Tous les enfants Kaminsky naĂźtront Ă Buenos Aires, acquĂ©rant ainsi la nationalitĂ© argentine, qui les sauvera un temps sous lâOccupation. Quand on interroge Adolfo sur les conceptions politiques qui auraient pu ĂȘtre Ă lâorigine de son abnĂ©gation, il nâĂ©voque aucune grande thĂ©orie. Seulement du bon sens. Je connaissais les idĂ©es de mon pĂšre, mais elles ne mâont pas particuliĂšrement influencĂ©. » La religion aurait-elle jouĂ© un rĂŽle ? CâĂ©tait une Ă©ducation totalement laĂŻque. Nous nâavions pas de religion. » Ni Ă©ducation scolaire, ni lectures On a eu une Ă©ducation normale, lâĂ©cole primaire, câest tout. Dâailleurs, quand je suis entrĂ© dans le monde du travail, jâavais 13 ans. » Alors quoi, monsieur Kaminsky ? Mes parents mâont appris quâun ĂȘtre humain Ă©gale un autre ĂȘtre humain. Quâil soit blanc, noir, quelle que soit sa religion, sa croyance. Câest un ĂȘtre humain, et tous sont Ă©gaux. CâĂ©tait cela, ma bataille. Il nây a pas de religion supĂ©rieure, il nây a pas de race supĂ©rieure, il nây a pas de nationalitĂ© supĂ©rieure. La race humaine est seule et unique. Les gens utilisaient le racisme, câest complĂštement imbĂ©cile, car les races nâexistent pas », rĂ©pondra-t-il simplement. Mais encore ? Rien du cĂŽtĂ© du Parti communiste, des lendemains qui chantent, de la lutte des classes ? Aucune influence, vraiment ? Tout juste admettra-il Philosophiquement, je me sentais pacifiste. » Puis il murmure, comme pour lui-mĂȘme JâĂ©tais contre la violence et mĂȘme contre la mort de lâennemi. Ce nâest pas comme cela quâon rĂ©sout les problĂšmes, en sâentretuant. » StĂ©phane Burlot Ballast DĂšs le dĂ©but de son activitĂ© de faussaire, Adolfo Kaminsky Ă©vita lâengagement partisan et refusa toujours dâĂȘtre payĂ© pour ses activitĂ©s. Ne pas ĂȘtre payĂ© signifiait pour lui nâavoir Ă obĂ©ir Ă aucun ordre et, plus important encore, ne pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un mercenaire Ătre payĂ©, câest ĂȘtre dĂ©pendant. Quand quelque chose ne me plaisait pas, je le disais et je ne le faisais pas. Car dans tous les mouvements, quels quâils soient, il y a toujours des extrĂ©mistes, des gens violents, mĂȘme pour la bonne cause. Je disais alors, Oui, lĂ je fais et LĂ , non, je ne suis pas dâaccord. Jâai Ă©vitĂ© ainsi pas mal de morts, de tous cĂŽtĂ©s. Si jâavais Ă©tĂ© payĂ©, je serais devenu un employĂ© qui aurait dĂ» obĂ©ir et exĂ©cuter. JâĂ©tais donc indĂ©pendant ; quelle que soit la force du parti politique, je pouvais dire des choses comme LĂ je ne suis pas dâaccord. Je pense que jâai Ă©vitĂ© ainsi pas mal de dĂ©sastres », ajoute-t-il en souriant. Lâencartage dans un groupe politique ne lui semblait pas non plus compatible avec ses activitĂ©s Je nâĂ©tais pas engagĂ© dans un parti, car ĂȘtre engagĂ© signifie ĂȘtre connu. On ne peut pas mener une action clandestine en Ă©tant dans un parti officiel. » Il ajoute Je ne suis jamais dâaccord Ă 100 %. Donc je fais ce pour quoi je suis dâaccord, et pas les choses quâun parti veut imposer, mĂȘme si câest la bonne cause. Il y a plusieurs façons de se battre. » Si jâavais Ă©tĂ© payĂ©, je serais devenu un employĂ© qui aurait dĂ» obĂ©ir et exĂ©cuter. » Deux Ă©pisodes de ses activitĂ©s de faussaire illustrent ce refus dâobĂ©issance. Le premier se passe sous lâOccupation, quand lâun de ses amis lui demande de lâaide, sous couvert de rĂ©unir tous les courants de rĂ©sistance juifs les EIF et la 6e, le Mouvement de la jeunesse sioniste et lâArmĂ©e juive sous lâappellation dâune hypothĂ©tique LĂ©gion juive ». Il le lui assure, la volontĂ© de rĂ©aliser cette union a directement pour origine des directives de Londres, dâailleurs des armes sont prĂȘtes Ă ĂȘtre livrĂ©es â câest du moins ce quâil affirme au jeune Adolfo. Pour cela, il lui faut tous les noms et adresses des membres du laboratoire de la rue des Saints-PĂšres et des autres rĂ©seaux. Refus catĂ©gorique du jeune faussaire. Kaminsky ne donnera aucun nom, mĂȘme Ă son cher ami Ernest. Il nâen livrera aucun, au risque de perdre lâamitiĂ© de cette figure tutĂ©laire, rencontrĂ©e Ă Drancy. Leurs liens se dĂ©noueront alors ; le temps donnera raison Ă Adolfo, qui aura sauvĂ© son atelier. Lâagent de Londres mentionnĂ© par Ernest, qui avait fait la demande de liste, se rĂ©vĂ©la ĂȘtre un membre de la Gestapo. Dans cette opĂ©ration, tous les principaux responsables des MJS et de lâAJ furent arrĂȘtĂ©s. Et liquidĂ©s. Lâaliyah des rescapĂ©s des camps AprĂšs la guerre, le jeune homme refuse de reprendre ses activitĂ©s. TerminĂ© les bains de chimie, les nuits complĂštes Ă veiller. Lâheure est Ă parcourir Paris, sa chambre de bois sous le bras, Ă prendre les clichĂ©s dâune ville, certes libre, mais encore endolorie et vide. Câest Ă cette pĂ©riode quâil est approchĂ© par un ancien membre de lâArmĂ©e juive qui lui demande, de nouveau, de produire de faux papiers pour les rescapĂ©s juifs laissĂ©s Ă lâabandon, et pour ceux, citoyens vendus par les pays europĂ©ens qui les ont livrĂ©s sans Ă©tats dâĂąme aux nazis. Se posait dĂ©sormais pour eux cette question oĂč aller ? Adolfo Kaminsky reprend ses activitĂ©s de faussaire afin dâaider les rescapĂ©s des camps Ă Ă©migrer vers la Palestine. Dâabord rĂ©ticent, il finit par accepter aprĂšs sâĂȘtre rendu briĂšvement en Allemagne pour constater par lui-mĂȘme le sort de ces rescapĂ©s. LĂ , aux abords dâun camp, il voit des hordes dâenfants, totalement laissĂ©s Ă lâabandon, errant dans les bois avoisinants. StĂ©phane Burlot Ballast Aujourdâhui, il se souvient encore de ces gens qui y vivaient, prĂ©sences fantomatiques aux vĂȘtements rayĂ©s, attendant un visa pour la Palestine. Adolfo nous raconte cette visite dans ce camp libĂ©rĂ©, qui lâa tant marquĂ© Ils nâavaient nulle part oĂč aller. Ils ne voulaient plus retourner en Pologne, ni en Allemagne, car ils avaient Ă©tĂ© trahis. La Palestine Ă©tait sous protectorat britannique et seul un trĂšs petit nombre avait le droit dây aller par annĂ©e. Ces gens-lĂ Ă©taient restĂ©s dans les camps, ils nâĂ©taient plus maltraitĂ©s, ils Ă©taient mieux nourris, mais ils mouraient quand mĂȘme dans la misĂšre. CâĂ©taient des Polonais, des Français⊠Tous ces gens ne voulaient plus ĂȘtre Ă©trangers dans leur pays. En Palestine, les deux communautĂ©s vivaient encore en paix, les Juifs et les Arabes, ils cohabitaient. Cela aurait pu continuer ainsi, câĂ©tait trĂšs bien. Jâavais moi-mĂȘme lâintention dây aller mais quand il y a eu la crĂ©ation de lâĂtat dâIsraĂ«l avec une religion dâĂtat, pour moi câĂ©tait inadmissible, câĂ©tait recommencer les injustices et le racisme. » Adolfo Kaminsky ne se considĂšre pas comme sioniste. Simplement, lâidĂ©e que chaque individu, surtout sâil est en danger, doit pouvoir circuler librement reste fondamentale. En Palestine, les deux communautĂ©s vivaient encore en paix, les Juifs et les Arabes, ils cohabitaient. Cela aurait pu continuer ainsi, câĂ©tait trĂšs bien. » Câest ainsi quâil sâengage un temps au service de lâAliyah Beth, un rĂ©seau clandestin dâimmigration des rescapĂ©s des camps, jusquâĂ ce que le groupe Stern, trĂšs actif, lui commande un jour un systĂšme dâhorlogerie Ă retardement, visiblement destinĂ© Ă une action terroriste â chose Ă laquelle Adolfo, pacifiste convaincu, sâest toujours opposĂ©. Lâattentat vise Ernest Bevin, ministre des Affaires Ă©trangĂšres de Grande-Bretagne, grand opposant Ă lâimmigration juive et antisĂ©mite notoire. Mais Adolfo refuse de participer Ă la mort de quelquâun, mĂȘme en sachant quâun autre se chargera de le faire. Il fera le choix de fabriquer la montre qui devait enclencher le dĂ©tonateur de la bombe⊠tout en sâassurant quâelle ne puisse jamais exploser. De lâantifascisme Ă lâanticolonialisme Sans son engagement pour les AlgĂ©riens, le rĂ©cit de la vie dâAdolfo Kaminsky serait incomplet. Le faussaire a en effet Ă©tĂ© membre des rĂ©seaux Curiel et Jeanson qui aidĂšrent Ă la lutte pour lâindĂ©pendance de lâAlgĂ©rie. LĂ encore, il se rĂ©volte contre le racisme et lâinjustice. Le sort des AlgĂ©riens de mĂ©tropole, victimes de discrimination et humiliations publiques », lui est insupportable Toutes ces guerres, y compris la guerre dâAlgĂ©rie, câĂ©taient des guerres inutiles. Pour lâAlgĂ©rie, la dĂ©colonisation Ă©tait irrĂ©versible. Donc il fallait quâil y ait le moins de morts des deux cĂŽtĂ©s. Je ne me suis pas battu pour les AlgĂ©riens contre les Français. CâĂ©tait pour quâils ne sâentretuent pas et vivent en paix. CâĂ©tait cela ma bataille. » Il se met, Ă nouveau, Ă fabriquer des faux papiers et participe Ă un projet rocambolesque dâinonder la France de fausse monnaie si le pays devait refuser dâouvrir les nĂ©gociations. Mais les accords dâĂvian sont signĂ©s, et lâĂ©norme quantitĂ© de fausse monnaie brĂ»le en un grand feu de joie. StĂ©phane Burlot Ballast Si la suite le dĂ©senchante â rĂ©voltĂ© quâil est par les luttes fratricides entre les AlgĂ©riens, devenus souverains â, il demeure fier dâavoir contribuĂ© Ă ce combat Je suis un ancien moudjahid pour lâAlgĂ©rie », glisse-t-il en se redressant lĂ©gĂšrement. On mâinvite souvent lĂ -bas ». LĂ -bas », câest ce pays oĂč il vivra une dizaine dâannĂ©es, dans la dĂ©cennie 1970, pour y fonder une famille. Et lĂ encore, ses connaissances en chimie se rĂ©vĂšlent prĂ©cieuses Jâai créé en AlgĂ©rie un laboratoire spĂ©cialisĂ© pour aider les ouvriers Ă dĂ©terminer les travaux dangereux et leur apprendre Ă se protĂ©ger. On mâa bombardĂ© ingĂ©nieur en hygiĂšne et sĂ©curitĂ©. CâĂ©tait mon titre. » QuâIsraĂ«l ne soit pas devenu un pays mixte et quâune religion dâĂtat y soit la rĂšgle lui cause alors une autre grande dĂ©sillusion. En tant quâathĂ©e convaincu, Adolfo Kaminsky nâentend plus faire son aliyah ce qui lâintĂ©resse, câest la perspective dâun pays solidaire, collectiviste et surtout laĂŻc. Utopiste ? Oui, en un sens je suis et reste utopiste. Pour moi, lâĂ©galitĂ© absolue doit ĂȘtre la seule base », reconnaĂźt-il. LĂ -bas, câest ce pays oĂč il vivra une dizaine dâannĂ©es, dans la dĂ©cennie 1970, pour y fonder une famille. » Dâautres causes suivront des luttes de libĂ©ration sud-amĂ©ricaines Ă celles menĂ©es contre le Portugal de Salazar, lâEspagne de Franco, la GrĂšce des colonels, contre lâapartheid et en soutien Ă lâANC â mission qui sera pour lui la derniĂšre, sa clandestinitĂ© lui Ă©tant moins Ă©vidente Ă garantir. De faux papiers encore, toujours, des causes Ă soutenir, Ă aider, avec la paix en ligne de mire. Et aujourdâhui, pour quelle cause sâengagerait-il ?, lui demandons-nous. Adolfo rĂ©flĂ©chit Des causes, il y en a des milliers. Il y a aujourdâhui tous ces gens qui fuient leur pays en guerre, mais ce nâest pas possible, cela a pris des proportions qui ne devraient pas exister. » Et puis le monde actuel, oĂč tout devient immatĂ©riel, papiers dâidentitĂ© comme argent, lâindiffĂšre On peut toujours falsifier des papiers. Mais câest un autre monde ; il y a les gens qui traquent les cartes bancaires, qui arrivent Ă sortir de lâargent dâautres personnes par Internet. Je ne connais pas ce monde et il ne mâintĂ©resse pas. » Quand on Ă©voque avec lui les bases de donnĂ©es qui recensent les noms de tant de personnes sous prĂ©texte de sĂ©curitĂ© », il hausse lĂ©gĂšrement les Ă©paules et rĂ©pond De toute façon le monde ne change pas. Malheureusement. Ce qui diffĂšre, ce sont les appellations, câest tout. » Adolfo Kaminsky en convient il est difficile de dĂ©terminer contre quoi lutter, dĂ©sormais, dans une sociĂ©tĂ© oĂč tout semble diluĂ© et sans Ă©lan. Aujourdâhui, on est dans une guerre de lâargent. Les travailleurs sont pressĂ©s au maximum, on ne parle que dâemplois supprimĂ©s. Câest lâargent avant tout, lâargent pour enrichir les riches. Câest cela, la France dâaujourdâhui. Lâargent et les intĂ©rĂȘts de quelques-uns. » Mais, Ă©ternel optimiste, Adolfo tempĂšre Il y a lâespoir du rĂ©veil de la conscience des gens. Moi, je ne peux plus rien faire. Sâils ne se rĂ©veillent pas, ils le regretteront... » StĂ©phane Burlot Ballast Un faussaire sans papiers Quel paradoxe pour ce faussaire que de sâĂȘtre retrouvĂ© si souvent sans papiers ! On pourrait y voir un clin dâĆil facĂ©tieux de la vie. Au lendemain de la guerre, Adolfo Kaminsky est menacĂ© dâune mesure dâĂ©loignement, faute de pouvoir prouver sa nationalitĂ©. Il sâen indigne. Et quand il rejoint le rĂ©seau de lâAliyah Beth, les premiers papiers quâil fabrique sont⊠pour lui, lui qui a combattu pour la libĂ©ration dâun pays dans lequel il estime alors dĂ©sormais avoir toute sa place. Des annĂ©es plus tard, lâhistoire se rĂ©pĂšte en AlgĂ©rie, quand il souhaite Ă©pouser LeĂŻla Adolfo nâĂ©tant pas musulman, le mariage doit ĂȘtre contractĂ© Ă GenĂšve. Et comme ce mariage nâa pas Ă©tĂ© enregistrĂ© en AlgĂ©rie, son fils aĂźnĂ©, Atahualpa, sera dĂ©clarĂ© au consulat⊠argentin Ce nâĂ©tait pas simple », admet-il, constamment Ă©tonnĂ© de ces mĂ©andres administratifs qui enferment lâĂȘtre humain dans des rets absurdes. Lorsquâil dĂ©cide de rentrer en France Ă la fin des annĂ©es 1980 en raison de la montĂ©e de lâislamisme en AlgĂ©rie, il se heurtera au mĂȘme Ă©cueil. Par ailleurs, la reconnaissance de son passĂ© a pris du temps, par lâĂtat français ». Nulle amertume dans sa voix un simple constat. Adolfo Kaminsky a toujours interrogĂ© son action. Avec intransigeance. Sâil fallait transgresser la loi pour sauver des gens, il lâa fait sans atermoiements ni Ă©tats dâĂąme. Mais il aura toujours Ă©tĂ© attentif Ă ce que ses connaissances et son savoir-faire ne servent que des causes qui lui paraissent lĂ©gitimes. Pour lui, toutes ses actions nâont Ă©tĂ© que la suite logique de son engagement dans la RĂ©sistance. Ses enfants eux-mĂȘmes apprendront sur le tard, et presque par hasard, le passĂ© de leur pĂšre. Sa fille, Sarah, lui consacrera un livre, basĂ© sur leurs entretiens, Adolfo Kaminsky, une vie de faussaire En 1944, jâai compris que la libertĂ© pouvait se gagner par la dĂ©termination et la bravoure dâune poignĂ©e dâhommes. LâillĂ©galitĂ©, tant quâelle ne bafouait ni lâhonneur ni les valeurs humanistes, Ă©tait un moyen sĂ©rieux et efficace Ă envisager. Ă ma façon, et avec les seules armes Ă ma disposition â celles des connaissances techniques, de lâingĂ©niositĂ© et des utopies inĂ©branlables â, jâai pendant presque trente ans combattu une rĂ©alitĂ© trop pĂ©nible Ă observer ou Ă subir sans rien faire, grĂące Ă la conviction de dĂ©tenir le pouvoir de modifier le cours des choses, quâun monde meilleur restait Ă inventer et que je pouvais y apporter mon concours. Un monde oĂč plus personne nâaurait besoin dâun faussaire. Jâen rĂȘve encore. » Au cours de la conversation, nous lui parlons dâune petite fille de notre connaissance, ĂągĂ©e de 8 ans, inconsolable depuis quâelle a appris lâexistence de ces camps oĂč des enfants de son Ăąge ont perdu la vie. Cette petite fille nâa pu ĂȘtre calmĂ©e quâen apprenant que des hommes comme lui existaient ; Adolfo, attentif, se tait, sourit de nouveau et dit, lĂ©gĂšrement Je sers au moins Ă quelque chose. » REBONDS â° Lire notre entretien avec Dominique Vidal La lutte contre lâantisĂ©mitisme doit se mener en Occident comme dans le monde arabo-musulman », juin 2018 â° Lire notre entretien avec Michel Warschawski Il y a une civilisation judĂ©o-musulmane », mars 2017 â° Lire notre entretien avec Edgar Morin Il y a toujours eu deux France », fĂ©vrier 2017 â° Lire notre entretien avec Alain Gresh On peut ĂȘtre croyant et rĂ©volutionnaire », novembre 2016 â° Lire notre entretien avec Ivan SegrĂ© Ătre Ă lâaffut de toutes les convergences progressistes », septembre 2016 â° Lire notre article Marek Edelman rĂ©sister », Ămile Carme, novembre 2015
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